‘’Trans-saharian Election Project’’ (TSEP) Un long voyage d’études au pays de l’oncle Sam

Ce projet met l’accent sur un examen comparatif de l’organisation, l’administration et la surveillance des élections aux États-Unis et dans six pays francophones d’Afrique sub-saharienne. L’objectif majeur vise à améliorer le niveau de compréhension des participants sur les questions électorales de manière à produire un impact durable et significatif sur les processus électoraux en Afrique. Le programme fournit également aux participants Américains une perspective comparative sur les élections aux Etats-Unis et une compréhension plus nuancée des réalités africaines.

Le Programme Transsaharien, qui réunit des participants africains des six pays cibles cités plus haut, est un large éventail de professionnels américains impliqués dans les élections. Le but était de les amener à examiner de manière comparative les défis et les enjeux électoraux de façon à garantir des élections libres, équitables et transparentes.

Dès l’entame du  voyage à Floride, le programme TSEP aux Etats-Unis qui est piloté par le Centre d’Etudes Africain de l’Université de Floride, s’est appuyé sur un vaste réseau d’acteurs et des parties prenantes aux élections aux Etats-Unis afin de nous faire comprendre une perspective sur les élections américaines à l’échelle locale, étatique, et fédérale. De Gainesville à Tallahassee (en Floride) jusqu’à Washington District, les participants africains ont rencontré des élus municipaux américains, des spécialistes des campagnes électorales, des superviseurs électoraux, des ONG intervenant dans le processus électoral, les sénateurs et Magistrats de Floride, l’association des médias, le Sénateur de Delaware, les proches conseillers du Secrétaire d’Etat américain, Hilary Clinton. Ce qui nous a permis de se frotter à la réalité de la démocratie américaine dans toute sa complexité. On a relevé que c’est un pays très décentralisé même si les élections locales de la Fédération américaine ne sont pas très médiatisées à l’étranger contrairement à la présidentielle et aux élections législatives des deux chambres (le Sénat et la chambre des Représentants).  
Le voyage a suscité entre Africains et Américains un partage d’expériences à travers des discussions sur des processus électoraux dans les pays Subsahariens francophones d’Afrique et aux Etats Unis d’Amérique. Les questions électorales ont permis aux uns et aux autres d’avoir une compréhension plus nuancée des défis et perspectives de la démocratie électorale en Afrique. Les six pays cibles sont des cas très intéressants de ce point de vue. Tous sont des pays relativement pauvres, et principalement musulmans, mais avec une large expérience sur les élections et la démocratie: le Sénégal et le Mali jusqu’à la date du 22 mars 2012 étaient souvent décrits comme des démocraties, le Niger a une expérience plutôt tumultueuse dans l’établissement de la démocratie, le Burkina Faso a connu une ouverture politique très prudente, sans transition démocratique, la Mauritanie et le Tchad ont chacun relevé des défis historiques et des expériences limitées en matière d’élections.

Cependant, force est de reconnaître que la situation au Mali a attiré l’attention de tous les participants africains et américains du programme. Tous voulaient savoir les motivations du putsch intervenu au Mali le 22 mars et qui a propulsé le pays au bas de l’échelle de la démocratie. Toutes choses qui ont mis les trois participants maliens (le Magistrat Bourema Kansaye, la Secrétaire exécutive du Réseau APEM Koné Djènèba Diarra et le Journaliste Ibrahima Labass Keïta) au devant de la scène tant au capitole qu’au département d’Etat pour expliquer de fond en comble la présente crise née de l’occupation du nord Mali par des groupes rebelles touarègues.  Non seulement nous avons eu une oreille attentive du côté des Américains, mieux, on a constaté que ces derniers se soucient beaucoup du Mali. Ils ont laissé entendre que leur coopération était suspendue et qu’elle allait reprendre dès-lors qu’ils constateront des progrès dans le cadre du retour à l’ordre constitutionnel. Les participants des autres pays (Burkina Faso, Tchad, Mauritanie, Niger et Sénégal) n’ont cessé, tout le long du voyage, d’exprimer leur solidarité au Mali.  C’est là qu’on a compris que le Mali n’est pas seul face à la crise du nord.

Ibrahima Labass Keïta

Le Scorpion  06/06/2012