Secret de femme La solitude des femmes célibataires à Bamako

 

« J’ai 37 ans et je suis seule depuis la naissance de mon fils, c’est à dire 11 ans. Onze années au cours desquelles je n’ai fait aucune rencontre. Mais il est vrai que d’un point vue social, je suis un peu comme une marginale, je me rends compte que les années passent très vite et que je n’ai pas réussi à faire ma vie comme tout le monde. Ah oui c’est sûr, cela a des avantages d’être seule mais bon j’ai l’impression d’être transparente et de n’avoir aucune utilité pour un homme. J’ai essayé les sites de rencontres et je me suis vite rendu compte que cela n’était pas fait pour moi. J’aimerais rompre ma solitude car mon fils grandi et j’aimerais faire l’expérience de l’amour au moins une fois dans ma vie mais je ne sais pas comment m’y prendre», a martelé Astou, cadre d’une entreprise de la place.

Comme on le voit, chaque jour que Dieu fait, il y a des hommes qui font des propositions de mariage, à ces femmes mais une fois qu’ils gagnent leur confiance, ils disparaissent dans la nature. Maintenant, les hommes les prennent comme des objets. Une autre femme du nom de Safiatou révèle : « Depuis le décès de mon mari, après le veuvage, je ne cesse d’enregistrer des propositions de mariage de la part des hommes. La plupart d’entre eux viennent uniquement pour me découvrir », lâche-t-elle. Avant d’ajouter : « Je vis avec mes enfants et j’ai les moyens de subvenir à leur besoin car mon travail me le permet. Certes, il y a des hommes qui sont sérieux, ils viennent vers toi pour des choses concrètes. D’autres par contre ne sont qu’à la quête d’un plaisir charnel » A la question de savoir si elle résiste aux tentations qui l’assaillent, cette veuve reste évasive : «Vraiment, les femmes célibataires rencontrent toutes sortes de difficultés, allant même jusqu’au harcèlement sexuel. Certaines femmes sont obligées de céder aux tentations de ces hommes qui ne cherchent que leur plaisir.

Je les comprends, toutes, elles le font, pas parce qu’elles sont mauvaises mais parce qu’elles sont dans le besoin ». Ces femmes seules constituent les cibles privilégiées des chercheurs d’aventure. Elles reçoivent en longueur de temps des avances de cette caste d’épicuriens dont l’unique préoccupation est de satisfaire leur libido. « Les femmes qui vivent seules avec leurs enfants sont faciles à gérer. Il suffit simplement de les aider à subvenir aux besoins de leur progéniture pour ensuite avoir tout ce que tu veux.

Comme elles n’ont plus rien à préserver, on peut vivre de beaux moments inoubliables avec elles. Beaucoup d’entre elles se livrent aux hommes par manque de moyens. En tout cas, je ne peux pas entretenir une femme avec ses enfants sans en retour avoir quelque chose », souligne le vieux Konta, un amateur de ces conquêtes. Dans tous les cas, les femmes célibataires continuent à naviguer quotidiennement dans une mare de difficultés, avec l’espoir de trouver un jour un mari providentiel.

Khadydiatou Sanogo

Le Républicain 08/11/2010