Scandale des 33 enfants morts :L’ancien ministre Sina Damba a voulu étouffer l’affaire


L’affaire des 33 bébés morts à la Pouponnière I de Bamako n’aurait jamais éclaté au grand jour n’eut été l’éviction du gouvernement de l’ancienne ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, Mme Maïga Sina Damba qui a essayé de protéger la directrice dudit centre, Mme Diallo Aminata Kéita, qui fut arrêtée la semaine dernière. Aujourd’hui, ses anciens collaborateurs lui reprochent d’avoir imposé la dame au centre de la controverse en violation flagrante des règles en vigueur. D’habitude, la nomination de la directrice la Pouponnière I de Bamako relevait du  directeur national de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, mais c’est le ministre qui s’est arrogé cette prérogative la dernière fois. C’est pourquoi, par l’entremise d’un de ses cadres, elle a tenté d’étouffer l’affaire par la tentative d’achat de journalistes au courant des enquêtes ouvertes depuis la fin de l’année dernière.

En effet, suite aux multiples cas de décès d’enfants constatés au niveau de la pouponnière I, le Commandant de la brigade chargée de la protection des mœurs et de l’enfance, le contrôleur général de police, Ami Kane en compagnie de l’inspecteur de police Aïssata Cissé et de l’adjudant Lamine Traoré, y a effectué une première visite le 31 décembre 2010. L’équipe a aussi constaté que tous les enfants souffrent de malnutrition, en ce sens que ceux âgés de moins d’un an ne mangent que du riz. Ils ne portent ni couche, ni habit adapté à la saison pour leur protection contre les intempéries. Ceux âgés de deux ans et plus, après le petit déjeuner n’ont plus droit à un goûter et sont obligés d’attendre 13 heures pour prendre les repas de la mi-journée. Il ressort toujours du rapport de la Brigade des mœurs que le docteur Kalilou Traoré, interrogé sur l’état de santé des enfants, a indiqué que leur état est dû à la mauvaise qualité du lait qu’ils consomment et cela malgré tous les conseils qu’il a prodigués à la directrice sur l’alimentation des enfants. Trois enfants de moins d’un an présentait, à l’époque, une fracture aux jambes en raison de l’utilisation des berceaux en bois non adaptés. Le rapport ajoute que le manque d’hygiène et de personnel d’encadrement constitue un sévère handicap à la bonne marche de la structure et tiennent leur part dans les maladies dont souffrent et meurent les enfants.

Au lieu de tirer les leçons des résultats des enquêtes en prenant  des mesures qui s’imposent, l’ancienne ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, Mme Maïga Sina Damba aurait plutôt cherché à étouffer l’affaire. S’appuyant sur l’un des cadres de son département, elle aurait tenté d’obtenir le silence de tous les journalistes au parfum de cette scandaleuse et sombre affaire qui cache très mal la gestion qu’on fait de cette structure dont certains se servent pour s’enrichir. A défaut donc d’être coupable, l’ancienne ministre porte tout au moins une responsabilité morale dans la mort de 33 pauvres enfants.

Abdoul Karim Maïga

L’ Indicateur Renouveau 31/05/2011