Présidentielle 2012 : ATT et le mythe du dauphin

En effet, le chef de l’Etat avait expliqué son exaspération, au cours des dernières heures de son mandat de président de la transition. Certains, pour leurs intérêts, voulaient qu’il reste au pouvoir. Aujourd’hui, après avoir maintes fois expliqué qu’il tenait à partir en 2012, son ultime combat reste la sortie honorable, sans l’ombre d’un homme encombrant, qui s’identifierait comme son dauphin. Il a pourtant donné sa bénédiction au Parti pour le développement économique et la solidarité. Aujourd’hui, les casseroles traînées par des leaders de ce parti se révèlent sûrement embarrassantes. D’autant plus qu’une pléthore d’opérateurs économiques, pour le moins véreux, sont recensés parmi ses partisans.

La sortie médiatique du gouvernement contre le Vérificateur général demeure un signal qui risque de ternir les mandats du président ATT, car une certaine opinion est persuadée que c’est dans l’entourage du chef de l’Etat que les corrompus sont les plus influents.

Comment détruire ce préjugé si ce n’est en prenant, tous azimuts, une vague de mesures qui tendent  à justifier son intégrité et sa foi dans la lutte contre la corruption et la délinquance financière ? Le président ATT a-t-il, pour autant, réussi à se défaire de la convoitise des opportunistes de tous bords ? Rien n’est moins sûr. Il était, en effet, inscrit dans le chronogramme de certains hommes politiques, l’obtention de la bénédiction du président de la République afin de battre campagne en son nom.

De toutes façons, le PDES le fait déjà. Malgré tout, cela n’inquiète personne, puisqu’ aucune personnalité vraiment charismatique n’incarne encore ce parti. Ce ne sont ni Jeamille Bittar, dont la transparence est sujette à caution, ni Hamed Sow, éclaboussé par l’affaire de l’Olaf, encore moins Ahmed Diané Séméga rattrapé par la mauvaise gestion d’une des anciennes structures qu’il dirigeait (affaire des 11 millions dépensés pour le thé) qui donneraient des inquiétudes à leurs concurrents politiques. Modibo Sidibé aurait des difficultés à s’identifier maintenant au dauphin du président de la République, après que plusieurs de ses proches aient été touchés par la vague de limogeage. Selon nos sources, l’ancien Premier ministre Soumana Sacko ne tient pas à battre campagne au nom d’ATT, mais plutôt avec le slogan du changement.

Même si la rupture avec ATT n’est pas consommée, elle semble inscrire, prudemment, dans son programme, car la lutte contre la corruption et la délinquance financière est son cheval de bataille. On ne saurait donc inscrire Soumana Sacko parmi les prétendants au poste de dauphin. L’Adéma-Pasj jongle, pour l’instant, en prenant à contre-pied la classe politique afin de rejoindre l’Etat dans sa volonté de garder l’actuel fichier électoral. Ce parti a-t-il, pour autant, l’homme qui peut s’identifier au dauphin d’ATT ? Les partisans de Modibo Sidibé, au sein des Abeilles, sont certainement désabusés, car, pris de court par les évènements qui ont pratiquement mis l’ancien Premier ministre hors jeu. Il faut dire que tout concourt, aujourd’hui, à faire croire qu’ATT a réagi pour détruire le mythe de son dauphin, car c’est son propre charisme qui en souffrirait.

Baba Dembélé

Le Républicain  Mali 19/05/2011