Mariam Ibrahim Maïga, «J’ai décidé d’être artiste plasticienne pour défendre des causes nobles»


Reporter Mag : Pouvez- vous nous présenter votre parcours ?

Mariam Ibrahim Maïga : Je me nomme Mariam Ibrahim Maïga, native de Gao.  Je suis artiste plasticienne. Après mon baccalauréat obtenu en 2006 au lycée Yana Maïga de Gao, j’ai fait le concours d’entrée au  Conservatoire des Arts et Métiers Multimédia Balla Basseké Kouyaté, en 2007. D’où j’ai obtenu mon diplôme de DESS en arts plastiques. Durant ma formation au Conservatoire, j’ai appris à réveiller le génie qui dormait en moi en participant à des ateliers de formation artistiques, comme la peinture, la vidéo, la photo, l’illustration, la sculpture. Après ma soutenance en Illustration de livre pour enfant en juin 2012, j’ai fait quelques stages de part et d’autre, notamment dans une agence de communication, la Maison de la photographie à EDIS, une Maison d’éditons. Mais je n’ai pas pu rester dans ces endroits, parce que j’avais besoin de ma liberté,  car l’inspiration de l’artiste dépend de sa situation. J’aimerais qu’un jour qu’on parle de moi en mon absence. J’aimerais que mes œuvres portent mon nom.

J’ai décidé d’être artiste plasticienne pour défendre des causes nobles. Le pinceau m’aide à dire ce que je vois en tenant compte du respect d’autrui. Car, selon Nelson Mandela, «La liberté n’est pas seulement de se débarrasser de ses chaînes, c’est-à-dire de vivre de façon à respecter et à renforcer la liberté des autres». J’ai participé à beaucoup d’expositions comme «Peindre la paix» du Centre Anw Ko Art en peinture, à la résidence Regard de femme au Burkina Faso, organisée par l’Aipass (association des femmes plasticiennes de l’Afrique sub-saharienne) dont je suis membre et représentante au Mali, l’Uemoa Mali Musow en photo le 8 mars 2014 et tant d’autres. Après l’ouverture de mon atelier qui s’appelle Tim ‘Arts, sis à Baco-Djicoroni en face du Lycée Soundjata Keïta, j’ai eu à faire ma première exposition personnelle «One Love» en la mémoire de Robert Nesta Marley.

Pourquoi avez-vous choisi ce métier ?

Choisir le métier d’arts plastiques ? Je n’ai pas choisi ce métier, il fait partie de moi. Il me fait vivre et il est comme mon souffle. Sans ce métier, j’aurais sûrement des problèmes de respiration. Il est important pour moi d’apporter un peu de bonheur à tous ces malheurs simplement avec mon art. Sachant que je suis impuissante face à ces fléaux. Dieu m’a donné l’art pour défendre les opprimés, pour parler de réconciliation, de joie, de paix. J’ai un pinceau engagé, vous savez.

Quels ont été les plus grands obstacles que vous avez rencontrés dans votre métier ?

Dans l’art, c’est l’amour du métier et la patience qui nous maintiennent en vie. Les obstacles font partie de notre quotidien. L’obstacle que j’ai eu, c’est d’être artiste. Le gouvernement ne prête pas trop attention à ce que font les artistes. Il ne nous soutient pas, jette nos projets dans l’oubli profond. Je parle en connaissance de cause. L’art malien est négligé par le Mali, presque tous les financements viennent d’ailleurs. L’Art d’un pays parle de son développement en tenant compte de son originalité. L’artiste a le pouvoir de réveiller la force qui sommeille en les autres.

Comment voyez-vous l’avenir de l’art plastique au Mali ?

L’avenir de l’art au Mali est entre les mains des artistes. L’art est un nouveau-né qui ne grandit pas et ne vieillit pas. Il pleure pour les autres.

Quels conseils pouvez-vous donner aux futures artistes plasticiennes ?

Je leur demande de ne pas compter sur leur physique pour grandir. Seul le travail paye ! Dans ce métier, la patience est d’or.

Vous avez organisé une exposition d’arts sur Bob Marley, pourquoi ?

J’ai voulu démontrer au monde entier qui est vraiment tonton Bob Marley en illustrant ses paroles et sa vie. C’est un homme positif qui prend toujours la vie du bon côté. Bob Marley était un messager, un défenseur de la race noire, un intermédiaire entre noir et blanc. Il a une foi indépendante de son apparence. Il est sage et sa sagesse est sincère ; sa vie a été basée sur la sincérité. Il dit les choses qu’il pense sans crainte. C’est un révolutionnaire engagé. Quand tu écoutes bien Bob Marley, tu ne pourrais pas faire de mal à ton semblable. Bob Marley est mon idole. «Le One Love», qui signifie un seul amour, manque au Mali, sinon pourquoi cette guerre entre nous ? Tonton Bob Marley disait que  «Dieu a créé les gens en technicolor et n’a jamais fait de différence entre un noir et un blanc, jaune, bleu, vert ou un rose».

Vous êtes à vos débuts, comment arrivez-vous à vous en sortir ?

Dieu merci, j’ai le soutien de ma famille, de certains amoureux de l’art, de l’amour de mon art, de la patience et du courage. Je crois en Dieu. C’est fait, j’arrive à m’en sortir.

Votre projet futur ?

Mon projet futur est prévu pour le 22 septembre prochain, si Dieu le veut.

Vous travaillez avec d’autres personnes ?

Oui. Je travaille avec quelques frères et sœurs du Conservatoire des Arts et Métiers Multimédia Balla Basseké Kouyaté dans mon atelier. On est au nombre de 6 personnes et on est vraiment une équipe. La solidarité est nécessaire dans notre métier.

Un dernier mot…
Selon un savant, «tous les arts sont comme des miroirs dans lesquels l’homme connaît et reconnaît quelque chose de lui-même qu’il ignorait».
Diango COULIBALY

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Salim Diouara

Le Repoter Mag 2014-06-01 00:36:10