L’UA accuse Khartoum d’empêcher ses émissaires de se rendre à Abyei

Le Conseil considère qu’il s’agit là d’une obstruction à l’accomplissement de ses responsabilités, poursuit le texte, avant d’exiger du Soudan qu’il s’abstienne de faire obstacle au travail du Conseil et apporte sa pleine coopération en appui aux efforts de l’UA visant à gérer et à régler la situation à Abyei.

Le statut d’Abyei, région grande comme le Liban prise en étau entre le Soudan et le Soudan du Sud, est l’un des principaux litiges non résolus par l’accord de paix qui a mis fin en 2005 à la guerre civile soudanaise et débouché sur l’indépendance du Soudan du Sud en 2011.

Un référendum d’autodétermination à Abyei prévu par cet accord ne cesse d’être repoussé, notamment en raison d’un désaccord entre Khartoum et Juba sur le corps électoral.

Cité par l’agence officielle soudanaise Suna, le ministre soudanais des Affaires étrangères, Ali Karti, a justifié la position de Khartoum en expliquant que le moment d’une visite était mal choisi, compte tenu de la décision d’une communauté autochtone — les Ngok Dinka, une population sédentaire de la région issue de l’ethnie Dinka majoritaire au Soudan du Sud — d’organiser son propre référendum.

Nous soutenons toujours les décisions du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, mais nous avons demandé un report parce que, sur le terrain, une communauté locale effectue des enregistrements en vue d’un référendum, a-t-il expliqué.

La décision des Ngok Dinka, qui inquiète l’UA mais aussi l’ONU, est susceptible d’attiser les tensions sur place avec la communauté arabophone et semi-nomade Misseriya, qui va et vient entre le Soudan et Abyei avec ses troupeaux et se montre favorable à un rattachement de la région à Khartoum.

L’UA, qui joue un rôle de médiateur entre Juba et Khartoum au sujet d’Abyei, rappelle que ses experts auraient déjà dû se rendre dans la région les 22 et 23 octobre, mais que le déplacement avait été repoussé parce que les présidents soudanais Omar el-Béchir et sud-soudanais Salva Kiir devaient se rencontrer au même moment pour évoquer le sujet.

Dans son communiqué, l’UA rappelle sa profonde préoccupation concernant Abyei, et souligne la nécessité d’une implication africaine active et continue sur le sujet.

Le sommet entre MM. Kiir et Béchir s’est tenu comme prévu à Juba mardi, mais n’a permis aucune avancée concrète sur les dossiers qui divisent les deux pays.

Outre le problème d’Abyei, les dirigeants ont discuté de l’ouverture des postes-frontières aux habitants et commerçants des deux pays, du transport du pétrole sud-soudanais dans les oléoducs du nord indispensables à son exportation, des échanges économiques et commerciaux entre les deux voisins et de questions de sécurité.

burs-aud/aub

(©AFP / 27 octobre 2013 14h52)