L’armée allemande retire ses formateurs du Mali

L’Allemagne confirme mettre un terme à son engagement au sein de l’EUTM. En revanche, Berlin souhaite rester impliqué dans la Minusma à certaines conditions.

Lors d’une conférence de presse ce mercredi 4 mai, la ministre allemande de la Défense a été claire : l’implication des forces russes pour le compte de la junte au pouvoir a rendu impossible la poursuite de la participation de l’armée allemande à l’EUTM au Mali.

L’Union européenne avait déjà annoncé fin avril, par la voix de Joseph Borell, le chef de la diplomatie européenne, la fin de l’EUTM, qui vient appuyer l’armée malienne dans sa lutte contre le terrorisme par des formations et des entraînements. L’armée allemande participait avec quelque 300 soldats cette mission. Le mandat aurait dû être soumis au Parlement pour être renouvelé au mois de mai mais pour le gouvernement, la messe est dite.

Forces russes
Pour Christine Lambrecht, la ministre allemande de la Défense, « nous soutenons actuellement le gouvernement du Mali en formant des soldats à un haut niveau. Et nous nous sommes à juste titre posé la question de savoir si nous voulons continuer à le faire. Parce que cela signifie que des soldats maliens bien formés iront ensuite au combat avec les forces russes et pourraient commettre des violations cruelles des droits de l’homme. Nous ne pouvons plus soutenir un tel système par le biais d’une mission de formation. »

La ministre a également critiqué l’impossibilité pour les Nations unies d’aller enquêter sur le massacre de Moura, où l’armée malienne et les forces russes sont accusées d’avoir tué des centaines de civils. En revanche, Christine Lambrecht a voulu rassurer sur l’avenir de la mission « Gazelle » au Niger, où l’armée allemande forme des soldats des forces spéciales. Celle-ci qui doit se prolonger au moins jusqu’à la fin de l’année. Au Niger, « la situation est toute autre » selon la ministre.

La Minusma, mais à certaines conditions
Au-delà de l’EUTM, l’armée allemande participe avec un millier de soldats à la mission de l’Onu au Mali, la Minusma. Cette participation est également en danger. Selon Annalena Baerbock, la cheffe de la diplomatie allemande, « les projets de la société civile, importants notamment pour la sécurité alimentaire au Mali et aussi dans les pays voisins, comme au Niger – ne peuvent pas vraiment exister s’il n’y a pas un minimum de sécurité. Et c’est à cela que sert la Minusma. Mais là aussi, nous devons toujours trouver un équilibre entre la protection que nous pouvons apporter aux civils, notamment par la voie militaire, et la sécurité de nos soldats. »Berlin veut que l’Onu compense le départ des troupes françaises du Mali pour assurer la sécurité de la Minusma. L’armée allemande pourrait augmenter sa contribution dans le domaine médical mais c’est aux Nations unies de trouver une solution pour remplacer les hélicoptères et avions de combats de la France, un équipement que Berlin n’est pas en mesure de fournir.

Marco Wolter

Source:dww.com