Le Parena en conférence à Kita / « L’Education en République du Mali : défis, enjeux et perspectives


Selon la présidente des femmes du Parena, Mme Tounkara Tenin Soucko, cette conférence est la suite donnée par la Direction du Parena à un souci exprimé  par la jeunesse du parti à Kita. Me Amidou Diabaté, Vice président du Parena, a présenté le conférencier Drissa Diakité, fils de Kita et membre de l’Association pour le Développement du Bilico, comme étant un des plus grands intellectuels d’Afrique, de la trame des Djibril Tamsir Niane, Joseph Ki Zerbo et Cheick Anta Diop. Militant de lutte pour la démocratie, il est l’auteur de l’hymne du Parena. Chercheur émérite, il a signé une avancée significative dans la connaissance du Mandé en publiant  « Kuyaté La force du Serment aux Origines du Griot Mandingue »   de la même trempe que « Soundjata ou l’épopée mandingue ».   

Pour Djigui Niakaté, représentant du maire, cette conférence revêt une importance capitale, il s’agit pour le système éducatif malien d’embrasser les normes internationales, car le niveau des élèves et étudiants est en train de baisser, tout comme celui des enseignants. « Le choix du thème n’est pas fortuit car il est d’actualité. Le système éducatif malien mis en place depuis 1962 par une reforme hardie a connu des hauts et des bas au cours de son évolution », a rappelé Moustapha Sidibé, Vice président du Conseil de cercle de Kita. Les représentants des chefs de quartiers ont salué la prise en compte par le Parena de cette préoccupation nationale.

Le conférencier Drissa Diakité a campé le sujet en ces termes : « l’Education est sans nul doute le levier le plus puissant capable de faire franchir les multiples obstacles qui jalonnent la route des peuples dans leur marche vers le développement. Elle est une fonction de reproduction et de dépassement social indispensable au progrès de tout pays. Quand cette fonction est abolie, il se produit un dépérissement profond dans le métabolisme de base de la société ». Cette description correspond à la situation qui prévaut au Mali, où le système éducatif, en crise  depuis plus de vingt ans n’a pas permis de former des ressources humaines de qualité, selon le conférencier.  

Parlant des défis et enjeux de l’Education au Mali, il a indiqué que « la vitrine politique d’une Démocratie stable  contraste en effet avec l’image que renvoie le Mali au plan économique et social : celle d’un pays pauvre très endetté où sévissent les pandémies, la faim et la malnutrition, ainsi que l’analphabétisme et l’ignorance ». Ainsi, le conférencier situe l’Education aux premières loges de tous les défis majeurs que le Mali doit relever, à savoir : la lutte contre la corruption, le renforcement des capacités des ressources humaines, l’instauration d’une gouvernance stable sur des valeurs démocratiques et respectueuse des critères d’équité. Parmi les défis, il y aussi la professionnalisation des formations et de l’employabilité des jeunes diplômés. Pour le conférencier Drissa Diakité, les principaux enjeux liés à ces défis portent sur : la capacité à former une jeunesse consciente de ses droits et de ses devoirs, une jeunesse citoyenne apte à prendre sa part de responsabilité dans le processus de construction nationale, la capacité à faire face à la mondialisation qui expose à une égale compétition les pays les moins avancés aux principaux pôles de développement capitalistes du Nord et aux nouveaux pays industrialisés d’Asie et d’Amérique latine, la capacité de faire de notre pays une entité viable ancrée dans des valeurs compatibles avec des réalités du temps présent et susceptible de prendre une part active dans les interactions économiques, politiques et sociales à l’échelle planétaire.  

Le conférencier a affirmé  que de la base au sommet de la pyramide éducative, dans les structures pédagogiques aussi bien que dans les structures administratives, les manifestations de la corruption sont multiples. « La corruption est en porte-à-faux avec la démocratie, un système économique cohérent et efficace, avec un système éducatif performant, ainsi qu’avec tout système de protection de la population et de la société. Elle est la mère de toutes les insécurités, la source de toutes les incertitudes sur l’avenir ». Selon le conférencier, la lutte contre la corruption est le premier défi à relever si l’on veut atteindre des résultats probants dans quelque domaine qui aura été identifié comme priorité de développement. Comme armes de lutte, il propose « l’information et l’éducation, y compris par la valeur de l’exemple, la sanction pénale et la sanction administrative en cas de délit avéré ».

A la fin de la conférence, la présidente du groupe parlementaire du Parena, Mme Mariko Minata Sidibé, élue de Dioïla a avoué toute son admiration pour les populations de Kita, eu égard à leur engagement, la grande mobilisation et à l’intérêt accordé à cette conférence qui traduit une préoccupation locale et nationale.                   

B. Daou

Le Républicain 10/10/2011