Mise en place de la CENI : Le carton « jaune » de l’opposition au Général Kafougouna Koné


« Non à l’exclusion de l’opposition de la CENI », « Non, sans opposition pas de démocratie », « L’opposition exige les 5 places qui lui sont dues à la CENI », « L’opposition exige une élection libre et transparente en 2012 », « Cette reforme constitutionnelle est un coup d’Etat contre la démocratie au Mali », « l’Opposition dénonce la prise en otage de la CENI », ce sont-là autant de slogans que l’on pouvait lire sur les pancartes des militants de l’opposition  qui ont pris d’assaut dès les premières heures de la matinée la cour du Carrefour des jeunes pour un meeting qui devait démarrer à 10 heures.

Sereins et très déterminés, les militants des partis politiques de l’opposition, dans une discipline exceptionnelle, malgré le soleil qui n’était pas du tout clément, ont écouté religieusement les tirades de leurs leaders, essentiellement destinées à dénoncer les autorités du pays, notamment le Général Kafougouna Koné. De Pérignanman Sylla du parti BARA à Dr Oumar Mariko, secrétaire général du parti SADI, en passant par Modibo Sangaré de l’UNPR, Aguissa Maïga du parti CNU-FASO JO TON, M Haïdara de l’Association des partants volontaires à la retraite, Mohamed Tabouré de SANFI et de Issoufi Touré de Alternative 2012, tous, à leur manière, ont dénoncé la manière avec laquelle le ministre Kafougouna Koné a mis en place la CENI chargée de superviser les élections de 2012.

Pour sa part Aguissa Maïga du CNU-FASO JO TON n’est pas passé par quatre chemins pour attirer l’attention des autorités sur le fait que leur façon de gérer la chose publique a de fortes chances de mettre le peuple malien dans la rue pour des protestations. Selon lui, à la date d’aujourd’hui « personne n’a la certitude de dire qu’on aura des élections en 2012, parce que rien n’est entrepris pour doter le pays d’un fichier crédible ». Il a même estimé que « le gouvernement est en train de préparer les conditions d’une fraude massive ». Avec un tel constat, il n’a pas hésité à inviter le peuple malien à réclamer l’exercice de son droit de vote dans les meilleures conditions pour le choix de ses dirigeants.

« Si on accepte cette CENI en l’état, c’en est fini pour la démocratie malienne acquise au prix d’un lourd sacrifice en mars 1991. Ils réunissent les conditions de la tricherie généralisée en 2012 », a-t-il conclu. En attendant que le prochain intervenant ne prenne le micro, les militants de l’opposition ont scandé des « Abas la CENI de Kafougouna » et ont brandi des cartons jaunes en guise d’avertissement, comme si on était dans un match de football. Pour sa part, Mohamed Tabouré de SANFI a accusé le Président ATT d’être le responsable de toute une série d’actes qui sont de nature à amener la démocratie malienne à sa plus simple expression. Il a même estimé qu’ATT a initié toutes ces actions pour favoriser son dauphin qu’il a qualifié de « favori caché ».

« Il faut que le Peuple se lève pour déjouer les différents pièges qu’ATT est en train de mettre en place pour son favori caché qui ne tardera pas à se dévoiler », a-t-il conclu. Issoufi Touré, d’Alternative 2012  a rappelé que depuis l’introduction du mot « équité » dans la loi électorale, en ce qui concerne la répartition des sièges de CENI, il avait la conviction que la majorité au pouvoir préparait un forcing et se donnait les moyens de tricherie à grande échelle.

Il a invité la population à se mobiliser pour prendre la rue car c’est le seul message que les autorités comprennent. Après avoir relaté toutes les péripéties des négociations dans la mise en place de la CENI, Dr Oumar Mariko a indiqué que le meeting a été organisé pour dire au Gouvernement malien que l’opposition n’est pas d’accord avec cette CENI qui a été mise en place sans l’opposition. « Nous n’allons jamais accepter cette CENI », a-t-il déclaré. Avant de conclure : « Ou les conditions d’élections transparentes sont réunies ou nous serons dans la rue. Cela est aussi une expression démocratique ».            

Assane Koné

Le Républicain 10/10/2011