Intervention des forces de la CEDEAO Pourquoi Cheick Modibo va finalement en faire la demande

Même s’il veut donner l’impression d’agir sans pression quand il a déclaré dimanche à la presse « quand j’aurai fini de parler avec mes frères mauritaniens et nigériens, moi-même je vais saisir le conseil de sécurité de l’ONU », Cheick Modibo Diarra a compris que l’avenir du Mali est en train de se dessiner sans lui.  Cette prise de conscience est consécutive aux discours de ses interlocuteurs lors de la tournée qui l’a conduit la semaine dernière à Alger, Paris et Nouakchott. Lors de son entretien vendredi avec le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius lui a rappelé que « la France est attachée à une consolidation rapide du pouvoir civil au Mali ». Un discours qui tranche avec les propos du gouvernement qui veut faire croire que tout est rentré dans l’ordre à Bamako.

La presse française  a même s’est fait échos de ce désaccord car selon elle, « si la France pousse à l’envoi d’une force militaire sous mandat des Nations unies, les autorités de Bamako veulent privilégier l’option du dialogue ». Malheureusement, pour notre pauvre PM, les présidents de la sous-région ne veulent pas non plus recevoir sa demande. Et depuis la semaine dernière, la Cédéao a  décidé d’aller vite. Ses experts assistés de ceux de l’UA et de l’ONU  ont fini le weekend dernier avec le plan de déploiement de  ses troupes et viendront à partir du jeudi prochain à Bamako pour peaufiner leur stratégie avant la réunion des chefs d’Etat annoncée pour ce weekend. Tout cela conforte les avertissements de Blaise Compaoré qui a dit lors de la rencontre avec les forces vives de la nation malienne le 15 avril dernier à Ouagadougou que « si  la Cédéao jugera nécessaire d’intervenir, elle n’aura pas besoin de l’autorisation du Mali ».

C’est donc pour ne pas donner l’impression d’être un simple figurant que Cheick Modibo Diarra multiplie les déclarations et les initiatives qui vont le conduire certainement jusqu’à l’ONU. Et il ne semble plus avoir le choix car au niveau national, ses hésitations sont critiquées autant par la classe politique que par les ressortissants du nord. Il est condamné à aller vite s’il ne veut pas sortir définitivement de tous les jeux.

Abdoulaye Diakité

Le républicain Mali 19/06/2012