Soi-disant tentative de putsch: Le grand bluff

Joint par téléphone, le porte-parole du gouvernement, Mahamane Baby, nous a clairement dit ceci: «je suis en mission à Paris (ndlr: le samedi 7 juin) et je n’ai aucun élément d’appréciation pour vous dire s’il y a eu tentative de putsch ou pas».

Ensuite, nous avons joint par téléphone le ministre de l’Economie Numérique, de la Communication et de l’Information, Mahamadou Camara, qui a été catégorique: «il n’y a pas eu de tentative de putsch ou de renversement des institutions de la République, mais plutôt un acte isolé».

Depuis l’arrestation de cet officier et de ces sous-officiers, le gouvernement n’avait pas communiqué sur le mobile de leur incarcération. C’était donc la première fois que le ministre Camara en parlait avec la presse privée, sans donner de détails. Il s’est contenté seulement de dire que ce n’était pas un putsch.

Le contraire aurait pu étonner, même si le lieutenant Ouattara n’est pas loin d’être un forcené, lui qui avait été arrêté récemment dans l’affaire des bérets rouges contre les bérets verts. Certains le dépeignent comme un cleptomane, voire un voleur. Qu’un individu de cette moralité s’écarte du bon sens et des règles établies peut se comprendre, même si cela n’est ni acceptable ni tolérable au sein de l’armée.

Le comportement d’un tel individu, qui parle également beaucoup, qui se confie à n’importe qui, ne peut pas être assimilable à une tentative de déstabilisation des institutions de la République, ou a fortiori  à un soi-disant coup d’Etat.

Le fait de considérer ces actes et agissements comme une tentative de putsch relève d’un grand bluff, pour détourner l’attention des Maliens sur la réalité de notre pays, afin de les distraire par des questions subsidiaires, voire anecdotiques. Sinon, aujourd’hui, qui oserait tenter un coup d’Etat pour le réussir politiquement ? Impossible.

Toute tentative de renversement des institutions de la République plongerait notre pays dans une crise extraordinaire, qui pourrait conduire, pour du bon cette fois-ci, à la création de la fantomatique République de l’Azawad. Laquelle s’arrêterait à Douentza et n’oserait pas pousser ses tentacules jusqu’aux environs de Konna. Sauf si François Hollande lui en donne l’autorisation, parce que non content des gesticulations de Bamako.

En vérité, il n’y a pas eu de tentative de putsch, parce que les hommes arrêtés n’ont aucun bataillon, aucune troupe sous leur autorité, aucune colonne pour tenter, et encore moins réussir, un soi-disant coup d’Etat. Les écarts de conduite dans le domaine militaire se règlent de façon disciplinaire, sans tintamarre. De là à penser à un putsch, certains ont allègrement affranchi le Rubicon.
Arrêtons donc d’utiliser abusivement des mots et expressions qui ne correspondent pas aux faits.
Chahana Takiou

Source: 22 Septembre 2014-06-09 14:09:12