Crise sociopolitique Le délit de faciès des contestataires Même si IBK pourrait avoir des choses à sa reprocher dans sa gouvernance du pays, il semble que ses contempteurs manquent de la virginité et de la crédibilité sur lesquelles les Maliens pourraient prêter allégeance…

La plupart des leaders contestataires contre le président IBK ont été des collaborateurs ou des soutiens du chef de l’Etat d’il y a quelques années. S’ils estiment s’être trompés à travers ce récent ralliement, pourquoi ne seraient-ils pas en train de se fourvoyer à nouveau ?

« Qui a bu boira ». L’adage est bien connu et s’utilise dans des hypothèses où un individu, qui s’était déjà trompé, et qui rassure sur ses nouvelles certitudes apparaît peu crédible.

En effet, l’imam Mahmoud Dicko, le parrain du M5-RFP, a été l’un des fervents soutiens d’IBK en 2013 pour son élection à la magistrature suprême du Mali. Même si en 2018, l’on n’a plus vu l’imam battant campagne pour son « ami » président-candidat, il est clair que l’imam n’a rien fait pour empêcher la réélection du locataire du palais de Koulouba. Comment alors comprendre que par une brusque montée d’adrénaline, l’ancien président du Haut conseil islamique du Mali monte au créneau et mobilise des foules pour exiger la démission du chef de l’Etat. Et ceci moins de deux ans après l’élection présidentielle de 2018.C’est en cela que les « excuses » présentées par l’imam au peuple malien pour s’être trompé à aidant IBK à arriver au pouvoir en 2013 suscitent bien d’intrigues… « S’il s’était trompé en 2013, pourquoi n’a-t-il pas tenté de réparer son erreur à la présidentielle de 2018 ? Pourquoi devrait-il attendre 2020 pour venir demander pardon au peuple malien », murmurent certains de ses compatriotes.

Et d’autres de questionner ; « Dicko n’a-t-il pas joué le rôle de chef de la mission de bons offices gouvernementale pour discuter avec des chefs terroristes maliens ? N’a-t-il pas alors eu l’occasion et la stature de conseiller occulte ou officiel du Premier ministre Abdoulaye Idrissa Maïga ? ». Et d’autres voix de confier qu’entre 2013 et 2016, l’imam Dicko avait des entrées plutôt régulières dans les cercles du pouvoir. Est-il aujourd’hui bien placé pour dénoncer des cas de mauvaise gouvernance, sur lesquels il a pu fermer les yeux ?

Par ailleurs, le porte-parole du comité stratégique du M5-RFP n’est personne d’autre que le président du MPR, président par intérim du FSD, Dr Choguel Kokalla Maïga, qui a été dans un passé récent, ministre porte-parole d’un des gouvernements durant le premier quinquennat d’Ibrahim Boubacar Kéita. Idem pour Me Mountaga Tall, qui a été ministre et autant porte-parole du gouvernement.

C’est quasiment la même équation pour Cheick Oumar Sissoko du mouvement Espoir Mali kura, qui, lui-même est issu des rangs du parti SADI, qui a été membre de la majorité présidentielle des premières années de la gouvernance IBK.

Ces analyses peuvent être faites pour d’autres acteurs majeurs du M5-RFP, qui ont, à divers niveaux, de près ou de loin, collaboré ou bénéficié des privilèges des gouvernements d’IBK. Quand ces acteurs se retrouvent pour s’inscrire dans la diabolisation du régime auquel ils avaient, peu ou prou, apporté leurs« expertises », il faut avouer qu’il y a simplement des…abcès à crever. Kassoum TOGO