Affaire des bergers et des cultivateurs du cercle de Yanfolila

A l’issue des débats, la Cour a condamné à 5 ans de réclusions les accusés Lassina Snagaré dit Oudy, Karim Sangaré, Missa Sangaré et Sayon Sangaré. Elle a acquitté Madou Sidibé, qui avait déjà bénéficié d’un non lieu et s’était retrouvé par erreur à la barre, et condamné à 5 ans de prison avec sursis, Sékou Sangaré, Maliba Sangaré, Flabou Sangaré et Issa Sangaré. Les autres accusés ont été condamnés à la peine de mort par contumace.

Cette affaire, qui remonte à courant février 2011, a défrayé la chronique à l’époque. Elle a même entraîné le déplacement de 4 ministres dans la zone pour aplanir les différends. Il ressort de  l’arrêt de  renvoi qu’un groupe de bergers conduisant 250 bovidés et 200 ovins se rendait en transhumance vers la Côte d’Ivoire. Arrivés au village de Tola, ils se firent intercepter par des jeunes gens qui s’emparèrent de leurs troupeaux et ligotèrent Soulé Hamady Bolly et Youssouf Bolly, qu’ils délestèrent également des sommes respectives de 102 000 F CFA et 78 500 F CFA, d’une moto de marque Honda et de divers effets mobiliers leur appartenant.

Plus de 100 animaux furent conduits au bord du fleuve et abattus à l’aide de fusils, sur instruction du chef de village de Kamissala et au préjudice des sieurs Hamady Bolly, Bocar Diallo, Modibo Bolly et Oumar Bah. Interpellés dans un premier temps par les gendarmes de la Brigade territoriale de Yanfolila, les habitants des villages de Tola et Kamissala empêchèrent les agents enquêteurs de procéder aux différentes investigations sur place, protégeant ainsi les meneurs de troubles notamment Lassina Sangaré, Bakary Sangaré et Mamadou Moro Sangaré.

Dans un second temps, des gendarmes des compagnies territoriales de Bougouni et de Yanfolila, sur instruction du Procureur de la République de Sikasso, interpellèrent 49 individus, dont 6 mineurs, impliqués dans l’affaire. A l’enquête préliminaire, ils ont reconnu les faits, avant de se rétracter dans une dénégation collective et systématique. Ce qu’ils ont d’ailleurs refait à la barre, déclarant collectivement n’être pas au courant de ce massacre de troupeaux.

Il ressort également des faits et des témoignages reçus que les populations de tout le Wassoulou, sur ordre de leur patriarche, Allamery Diakité, avaient  décidé au cours d’une réunion d’interdire la transhumance des animaux sur leur territoire.  Suite à cette réunion, elles avaient décidé de s’en prendre aux troupeaux des Peulhs. Poursuivant leur dessein machiavélique, elles ont délibérément abattu plus d’une centaine d’animaux et vendu leur viande sur les marchés de différents villages et à Bougouni.

La cour a conclu que cela constituait un vol qualifié en bande et qu’il y avait eu opposition à l’autorité légitime, celle de l’Etat et rébellion, disposition de biens d’autrui et dommages aux animaux.

Youssouf Diallo

Le 22 Septembre 03/12/2012