Affaire ACI 2000:Petite conspiration de petits peulhs


Monsieur le Directeur de publication,

J’ai lu avec attention votre article intitulé « Affaire ACI : Lynchage médiatique et démolition politique » paru dans votre édition n° 52 du 27 décembre 2010.  A priori, j’ai aimé que vous ayez bien volé au secours de votre frère Yacouba Diallo, Pdg de l’Aci 2000. Mais, à l’analyse, votre élucubration ne tient pas la route. Elle procède tout simplement d’une conspiration de petits peulhs Diallo contre les intérêts de l’entreprise et de ceux du Mali.

Vous tentez, très maladroitement d’ailleurs, de réduire une affaire portant sur 26 milliards de nos francs à une regrettable querelle entre un coq et une poule dans une basse cour politique à un moment où celle-ci doit envoyer ses meilleures volailles à la foire de Koulouba. Le chemin que vous empruntez est non seulement trop court, mais en plus il est trop réducteur. Non, ne vous amusez pas à une telle banalisation. Votre façon de faire semble dire que vous n’hésiterez pas, dans l’affaire, à vendre votre plume au plus offrant. Cela jurerait avec une certaine noblesse de peulh, Dieu vous en garde !

Que Monsieur Yacouba Diallo et Madame Oumou Traoré aient des bisbilles politiques dans leur Ruche de la Commune VI est fort compréhensible. Mais qu’un journaliste aussi tranchant comme vous tombe dans la légèreté, voilà qui est inadmissible et impardonnable ! Au moins vous auriez pu approcher les membres du conseil d’administration de l’Aci 2000 pour savoir pourquoi ils ont demandé au Pdg d’attribuer le marché de la réalisation des ouvrages de voirie dans la nouvelle zone industrielle de Dialakorobougou à l’entreprise malienne. C’est en tout cas ce que vous avez affirmé dans votre papier. Ensuite, c’était aussi votre devoir de recueillir les griefs de Madame Oumou Traoré auprès d’elle-même ; mais je constate qu’elle n’a pas la chance de faire partie de la famille Diallo, d’où votre conspiration, encore une fois.

Pour ma part, j’avoue que je ne connais pas bien l’affaire du marché des 26 milliards. Mais, en tant que professionnel du secteur, je peux me permettre une certaine comparaison. Je sais que-Yacouba Diallo pourrait me contredire-le projet de l’Aci 2000 a coûté 28 milliards sur dix ans pour des travaux de réalisation qui ont concerné 530 ha. Or, à ce que je sache, tout le projet de Dialakorobougou tient sur 260 ha, soit dans presque un rapport de1,5 comparativement à celui de l’Aci 2000.Comment, alors, les travaux peuvent atteindre 26 milliards avec des niveaux d’aménagement plus faibles et une superficie nettement moindre ? Je veux bien que tous les peulhs du monde s’unissent pour éclairer ma lanterne.

Monsieur le Directeur de publication,

L’affaire me paraît très grave. Pour vous parler clairement, le montant annoncé pour les travaux de réalisation des ouvrages de voirie de Dialakorobougou est surdimensionné : surfacturé, si c’est ce que vous comprenez. Au cas où je me trompe-et je veux bien être dans l’erreur pour sauver l’honneur des peulhs-, je demande à l’administration de l’Aci 2000 de publier les quantités des travaux, notamment le linéaire des voiries revêtues et non revêtues (volume des terrassements, longueurs des goudrons et des caniveaux), le coût de l’électrification et de l’adduction d’eau potable. Peut-être les Maliens se rendront-ils comptent que pas dix milliards ne rentreront dans la réalisation des ouvrages projetés. Et peut-être aussi l’on découvrira la parenté de saison entre Peulhs et Chinois en cette période de froid !

Moussa Fané, ingénieur de génie civil

Le National 10/01/2011