Cour d’assises

De l’examen de leur dossier, il résulte que le 24 mai 2007, Abdias Dembélé, de retour du travail, constata une absence inhabituelle et prolongée de sa fille Naomi, âgée de trois ans. Suite à des recherches, il fut informé que  sa fillette était accompagnée par un garçon de 5 ans environ,  répondant au nom de Mohamed, fils de Sidy Coulibaly. Tous les deux enfants demeuraient introuvables.

Cinq jours plus tard, le garçon, Mohamed, fut ramené par un chauffeur de minicar qui déclara l’avoir trouvé à la place « Rail Da ». Mais le jeune garçon, interrogé, précisa qu’il a été enlevé, en même temps que la petite Naomi, par Drissa Dicko qui l’a ensuite relâché pour continuer sa route avec la fillette. Alors, le père de Naomi, Abdias Dembélé, porta plainte, au Commissariat de police du 6è Arrondissement de Bamako, contre Sidy Coulibaly et Drissa Dicko pour l’enlèvement de personne. Plus tard, Drissa Dicko, en compagnie de la petite Naomi, fut intercepté et arrêté à Léré, plus précisément à Tokéré (cercle de Niafounké) par des agents de la Brigade territoriale de gendarmerie de Niafounké, sur dénonciation d’un douanier.

Interpellé, Drissa déclara être parti de Bamako avec la fillette sur instruction de son oncle Sidy Coulibaly qui, en outre, l’avait chargé de la remettre à son frère Abdou résidant à Tonka (cercle de Niafounké). Sidy Coulibaly passa tout de suite aux aveux devant le magistrat instructeur. Mais son coaccusé se réfugia dans la dénégation des faits. Pourtant, il est établi que Drissa Dicko, sur ordre et instruction de Sidy Coulibaly,  a enlevé Naomi, et que tous deux ont usé de fraude pour parvenir à l’enlèvement des victimes, pour finir par relâcher Mohamed Coulibaly en vue de brouiller les pistes. Ces faits peuvent bel et bien donner lieu à l’application de la peine criminelle, conformément aux dispositions des articles 240 et 241, alinéa 2, et 24 du Code pénal.

Dans cette affaire, les deux inculpés ont soutenu des propos diamétralement opposés. En effet, Sidy a attribué la responsabilité de ce crime à Drissa, tandis que ce dernier a été formel dans son témoignage  à la barre : « Je reconnais avoir amené Naomi avec moi, mais uniquement parce que Sidy me l’a demandé, d’autant plus qu’il m’a raconté que Naomi est la fille de son grand frère Aboudou qui réside à Tonka et à qui je devais remettre Naomi ». Mais suite à ce témoignage, Sidy souligna n’avoir jamais connu son neveu, à plus forte raison lui confier un enfant. Par ailleurs, au cours des débats, il a été signalé que par le passé, Sidy Coulibaly avait été l’instigateur d’un cambriolage contre un de ses collègues boutiquiers, dans le but de bénéficier, à lui seul, de la clientèle dans leurs parages.

« Ce fait passé ne plaidait pas en sa faveur », a souligné le représentant de la partie civile. Et le Ministère public, d’affirmer : « Je suis un partisan de la lutte contre la pédophilie et de tout ce qui  porte atteinte à l’enfant, car nous sommes tous des chefs de famille ». Poursuivant son réquisitoire, Moussa Fadama Bakayoko demanda l’acquittement de Drissa Dicko et la condamnation de son oncle pour enlèvement de mineur. Maître Kalifa Yaro, qui assurait la défense de Drissa Dicko, alla dans le même sens que le Ministère public. Aussi sollicita-t-il, de la Cour, la relaxe pure et simple de son client. Dans une brillante plaidoirie, Maître Alassane Diakité, qui défendait Sidy Coulibaly, sollicita également la clémence de la Cour pour son client.

A l’issue d’une audience quelque peu « théâtrale », marquée par des rires et des applaudissements, suite aux différentes interventions de part et d’autre, les deux accusés ont été condamnés, chacun, à 4 ans d’emprisonnement ferme.

Par Mahamane Abdoulaye Touré «Hamane »

Inculpés pour enlèvement de mineur, Souleymane Diarra et Boubacar Traoré ont écopé, chacun, de 5 ans de prison avec sursis

Ce mercredi 22 décembre, le guérisseur traditionnel, Souleymane Diarra et Boubacar Traoré, ont comparu devant le président de la Cour, Moussa Sara Diallo, assisté de Moussa Oudé Diallo. Le Ministère public était représenté par Alfousseyni Diop, tandis que Maître Patrice Vincent Diarra assurait la défense des accusés.

De l’information, il ressort qu’en 2009, Souleymane Diarra profita d’un voyage de son voisin Abdou Koné pour envoyer (de force) le fils de ce dernier (le petit Youssouf Koné) aller travailler dans le champ de son ami Boubacar Traoré, sis à Laminibougou. Après les récoltes, Boubacar envoya une fois de plus le petit Youssouf chez un de ses amis de Zianso qui l’employa également dans son champ, sans la moindre rémunération. Souleymane Diarra resta insensible aux supplications de la mère du Youssouf qui n’était âgé que de 14 ans.

Ce qu’il faut savoir dans cette affaire, c’est qu’en 2009, Abdou Koné avait abandonné ses 8 enfants et leur mère, Awa Déra, pour aller à l’aventure, en quête d’argent. N’ayant pas suffisamment de moyens, un problème de 2000 FCFA poussa le petit Youssouf à abandonner ses études, surtout que son père, Abdou Koné, était absent. Aussi, Youssouf et sa mère s’en allèrent voir Souleymane pour que ce dernier lui cherche un petit boulot pouvant leur servir à prendre leurs petites dépenses en charge. Alors, Souleymane en profita pour envoyer le petit Youssouf chez son ami Boubacar Traoré.

Après  avoir soumis Youssouf à trois mois de travail, plutôt à « un esclavage sans rémunération », Boubacar l’envoya chez un autre ami, à   Zianso où le pauvre petit sua encore durant cinq mois de travail, toujours sans salaire. En dépit des supplications de la mère de Youssouf, Souleymane Diarra et Boubacar Traoré ont toujours refusé de lui dire où se trouve son enfant. Ce n’est qu’en mars 2010 que le petit Youssouf sera finalement retrouvé, et cela, suite à une plainte de son père revenu de son voyage.

Dans son réquisitoire, Maître Patrice Vincent Diarra a estimé qu’aucune preuve formelle n’a été apportée à la barre, concernant la culpabilité de ses clients, et que sans une telle preuve, il y a lieu de les acquitter. Maître Patrice a souligné que la mère de l’enfant et l’un des inculpés vivaient côte à côte dans le même quartier, que si l’enfant réellement été enlevé sans son consentement et celui de sa mère, cette dernière  n’allait pas attendre le retour de son mari pour porter plainte.

Après l’analyse du dossier, la Coura malgré tout reconnu les deux accusés coupables des faits qui leurs sont reprochés, mais leur a accordé cependant le bénéfice des circonstances atténuantes. Souleymane Diarra et Boubacar Traoré seront ainsi condamnés, chacun,  à 5 ans de prison avec sursis.

Par   Kassoum   Mariko

Coupables de vols qualifiés, d’association de malfaiteurs, de détention illégale d’arme à feu et de munitions, Mady Diarra, Bakary Diarra, Zoumana Dagnon et Abdoul Karim Diarra  sont condamnés à la peine de mort et au paiement de 20 millions de FCFA

La Cour du lundi 20 décembre était encore présidée par Abdoulaye Issoufi Touré. Le Ministère public était représenté  par Ibrim Berthé de la commune VI. La défense des accusés  était assurée par Maîtres Chaka Balla Traoré et Abdourhamane Maïga.

De l’information, il ressort que le vendredi 7 novembre 2008, le jeune étudiant Djakaridia Sidibé,  en compagnie des quatre accusés cités, quittèrent leurs domiciles respectifs pour une destination inconnue. En chemin, les cinq jeunes, dont deux montés sur une moto Yamaha 100 appartenant à Abdoul Karim, et deux sur la Djakarta appartenant à la victime Djakaridia, prirent la route de Sirakoro Méguétana. Arrivés à un certain niveau, Mady Diarra demanda aux autres de s’arrêter.

Une fois arrêtés près d’une maison non achevée, il demanda à Zoumana Dagnon de se retirer, et qu’ils ont une affaire à régler dans ladite maison : ce à quoi Zoumana obéit sans problème. Quelques instants plus tard, Mady demanda à Zoumana de venir pour qu’ils rentrent en famille. En cours de route, Zoumana demanda à Mady où se trouve Djakaridia. Mady lui expliqua que ce dernier est allé régler une affaire, et que lui-même viendra le chercher plus tard.

Le même jour (7 novembre 2008), aux environs de 20 heures, les membres de la famille de Djakaridia  constatèrent son absence. Trois jours plus tard, la famille fut informée par la gendarmerie que le corps de Djakaridia a été retrouvé à Sirakoro Méguétana. Zoumana Dagnon, qui fut alors appréhendé en possession du portable de la victime, déclara qu’il l’avait acheté avec Mady Diarra. Des renseignements donnés par la société Orange Mali permirent à la Police de localiser Bakary Diarra et l’arrêter. L’arrestation de ce dernier permit d’arrêter aussi Abdoul Karim. La perquisition chez Abdoul Karim et Mady permit d’y découvrir un pistolet de fabrication artisanale et un autre automatique.

Les inculpés ont tous nié les faits en vrac ; mais cela n’a pas empêché les expérimentés de la Cour d’Appel de parvenir à leur « faire cracher le morceau » C’est ainsi que les quatre inculpés furent reconnus coupables, sans circonstances atténuantes en leur faveur. Aussi ont-ils tous été condamnés à la peine capitale et au paiement de 20 millions de FCFA d’amende au profit de la famille de la victime, selon les dispositions des articles 199 du Code pénal, et 346, 363 et 631 du Code de Procédure pénale.

Par  Kassoum  Mariko

Les cambrioleurs de la boutique dite « ADEMA Boutique » ont tous été acquittés, sauf Ibrahim Touré qui a écopé de 5 ans de prison avec sursis

Ce vendredi 24 décembre 2010 représentait la dernière journée des audiences de la deuxième session de la Cour d’Assises de Bamako. La Cour était présidée par Alou Badra Nanacassé, assisté des conseillers Kamafily Dembélé et Sidy Keïta. Le Ministère public était représenté par Mme Mariam Macinanké, Substitut du Procureur près le Tribunal de première instance de la commune II. Les quatre inculpés étaient défendus par Maîtres Sylla, Bourama Kanté et Issiaka Diakité, tous avocats à la Cour.

De cette affaire, il ressort que dans la nuit du 17 au 18 avril 2009, la boutique dénommée  « ADEMA Boutique », sise à Ouolofobougou et  appartenant à Ladji Touré, fit  l’objet d’un cambriolage par effraction entre 3 et 4 heures du matin par un groupe d’individus composés d’un employé de la boutique, Boubacar Traoré (26 ans), de deux anciens employés de la boutique, Nabilaï Issa Diallo (25 ans) et Ibrahim Touré (20 ans), et de la dame Niama Siby. Les cambrioleurs avaient emporté une somme de 5 700 000 FCFA.

La victime porta plainte et une enquête fut ouverte et permit d’interpeller les quatre cambrioleurs qui furent par la suite inculpés pour vol qualifié et complicité. A l’enquête préliminaire et à l’information, les inculpés ont reconnu les faits à eux reprochés, sauf Nabilaï Issa Diallo et dame Niama Siby qui ont clamé leur innocence en déclarant n’avoir ni participé, ni assisté à ce vol, encore moins bénéficié du produit dudit vol. Ils ont ajouté qu’ils ont été arrêtés tout simplement parce qu’ils entretiennent des relations avec les inculpés Ibrahim Touré et Boubacar Traoré.

A la barre, seul le neveu du propriétaire de la boutique, en  l’occurrence Ibrahim Touré, a reconnu les faits en déclarant : « C’est notre boutique ;  et j’ai décidé de nuire à mon oncle parce qu’il m’a fait sortir de l’école pour travailler dans sa boutique, avant de me chasser de là-bas aussi ». Et Ibrahim Touré, d’expliquer en détails comment il est parvenu à monter sur le toit de la boutique et le déchirer à l’aide d’un ciseau pour s’y introduire en utilisant, en guise d’escalier, des cartons de marchandises superposés par endroits.

Il a également ajouté que contrairement aux 5 700 000 FCFA dont se plaint Ladji  Touré (le propriétaire), lui, il n’a seulement pris que moins d’un million de FCFA dans le but d’ouvrir son propre commerce à Kalabancoro Golf. Enfin, il a souligné qu’il est le seul coupable de ce cambriolage. Le bénéfice du doute ayant donc prévalu en faveur des trois autres inculpés la Cour les a purement et simplement acquittés. Quant au neveu du boutiquier, Ibrahim Touré, il a été condamné à 5 ans de prison avec sursis.

Par Mahamane Abdoulaye Touré « Hamane »

Le Coq Cocorico 10/01/2011