ACCES DES PERSONNES INDIGENTES AUX SOINS DE SANTE : Un système de contributions très précaire

Ce régime fait appel à nos valeurs sociétales, mais aussi comportementales, car nous devons ensemble, mettre en place un système, où chacun reçoit à la mesure de ses besoins, pas à celle de ses moyens, car il ne peut, ni ne doit y avoir de santé à plusieurs vitesses et en fonction des revenus.

D’importantes améliorations sont observées dans l’extension des systèmes d’assurance maladie de type social et solidaire et dans la prise en charge des personnes démunies. On note 3,3 % des maliens qui sont couverts par une mutuelle en 2010 contre 2,8 % en 2009. Cela marque une accélération par rapport aux années précédentes (2,4% en 2007 et 26% en 2008).

Pour  consolider et renforcer ces avancées, certaines actions  ont été entreprises. Sur le plan de la protection sociale, il y a l’institution des régimes d’Assurance Maladie Obligatoire (AMO) et d’Assurance Médicale (RAMED). S’y ajoute la création de la Caisse Nationale d’Assurance Maladie (CANAM) et de l’Agence Nationale d’Assurance Médicale (ANAM).

 

Renforcer l’équité sociale

Le RAMED est un  régime fondé sur les principes de la solidarité nationale et du tiers payant au profit des indigents.  » Par ce qu’il n’ya pas d’égalité face à la maladie, notre pays a fait le choix de la cohésion nationale. Nous devons tous avoir les mêmes chances d’accéder aux soins de santé ».

Pour rappel,  le Gouvernement de la République du Mali, en adoptant en 2002, la déclaration de politique de protection sociale et son plan d’action d’extension de la protection sociale, voulait concrétiser la volonté politique, d’assurer une couverture sociale à chaque malienne et malien, conformément à notre constitution.

Ce dispositif public non contributif,  assure la couverture du risque maladie des personnes indigentes à travers l’instauration d’un système de tiers payant. En effet, l’objectif visé par ce régime est d’assurer la prise en charge médicale des personnes indigentes sans aucune contribution de celles-ci, le budget étant reparti, entre l’État pour 65 % et les collectivités territoriales pour 35 %.

Dans la pratique,  la mise en œuvre du RAMED reste confrontée à des contraintes financières et techniques. La Direction de l’Agence Nationale d’Assistance Médicale (ANAM)  a du mal à mobiliser les ressources financières. Ce qui constitue un véritable handicap pour la couverture sociale des couches vulnérables. En plus, le système de contributions demeure très précaire. Selon la Direction de l’ANAM, les Collectivités Territoriales tardent à débloquer leur part de contributions financières.

Exprimant  la même préoccupation,  Ankoundio Luc Togo, Directeur national de la Protection Sociale et de l’Economie Solidaire,  souligne la limitation des ressources de l’Etat.  Il faut noter que les besoins  restent nettement au-delà des ressources disponibles malgré un effort réel de l’Etat dans l’amélioration du volume de sa subvention au profit de l’aide et l’action sociales. Face à ce constat, il a invité les responsables des pouvoirs locaux à faire preuve de bonne foi pour participer au financement du RAMED au bénef des indulgents qui sont estimés environ à 500 000 personnes.

A ce sujet, Issa Sidibé, 5e adjoint au maire de la Commune IV du District de Bamako, rétorque :  » En réalité, nous sommes prêts à jouer notre partition. Mais comment ? Par quel mécanisme ? Nous  devrons payer combien ? « . Pour lui, le blocage se situe au niveau même de l’ANAM qui n’arrive pas à fixer un montant pour les mairies. Avant l’arrivée de cette Agence, il rappelle que sa marie dépense entre 1 et 5 Millions de francs CFA pour la prise en charge médicale  des  personnes détentrices de certificats d’indigence.  Afin de faciliter le travail, il suggère à l’ANAM  de fixer un montant pour chaque Commune, indiquant ainsi 5 Millions de francs CFA par an.

Instaurer un cadre de bonne collaboration

En plus, Issa Sidibé déplore le manque de cadre de collaboration entre l’ANAM et la mairie de la Commune IV.  » Depuis le 4juillet 2012, nous avons des problèmes  de documents liés à la constitution des certificats d’indigence. En fait, l’ANAM a décidé à ce que les bordereaux  établis par la mairie soient remis aux personnes indigentes  ou autres pour les acheminer à leur niveau. Nous avons observé une procédure, mais l’Agence les renvoie pour complément de dossiers « .

Par ailleurs, la prise en charge des personnes indigentes se passe normalement au niveau du service  social du Centre de Santé de Référence de la Commune IV.   » Quand un indigent se présente à notre bureau avec une maladie d’extrême urgence, nous le prenons en charge à 100% sans le faire passer à travers les enquêtes sociales « , explique Mahamadou Koné, surveillant général et chargé de l’action sociale au CSREF à Lafiabougou. Il ajoute :  » Concernant les indigents malades ne présentant pas des cas d’urgence, ceux-ci seront consultés gratuitement. Mais, les frais d’ordonnance ou d’analyses médicales doivent être provenir de la mairie ou des ONG de bienfaisance »

Pour assurer un meilleur accès aux soins de santé, on doit s’attaquer à certains obstacles à savoir : la faible implication des Collectivités territoriales dans la gestion des Centres de  Santé de Référence (CSREF), voire des Centres de Santé communautaire (CSCOM) ; l’insuffisance du personnel qualifié surtout au niveau périphérique. S’y ajoute  le non respect des certains engagements pris par l’Etat et ses Partenaires Techniques et Financiers, ce qui entraine des retards dans la mobilisation des ressources financières ; la faiblesse du pouvoir d’achat des populations. Dans 20,5% des cas, les médicaments prescrits en consultation ne sont pas achetés ou seulement partiellement.

Mahamane Maïga

Scorpion