
Après une semaine de tensions militaires inédites entre l’Inde et le Pakistan, ce dernier a affirmé mardi rester pleinement engagé envers le cessez-le-feu conclu samedi, tout en promettant de réagir avec « détermination » à toute nouvelle agression venant de New Delhi.
Cette déclaration du ministère pakistanais des Affaires étrangères intervient en réponse à l’allocution du Premier ministre indien Narendra Modi, qui a averti la veille que l’Inde n’hésiterait pas à frapper à nouveau les « repaires de terroristes » au Pakistan en cas d’attaques contre son territoire, dénonçant un « chantage nucléaire » supposé de la part d’Islamabad.
Des frappes meurtrières et des accusations croisées
La confrontation de la semaine dernière, marquée par des échanges de tirs de missiles et de drones, est la plus grave entre les deux puissances nucléaires d’Asie du Sud depuis près de trois décennies. Elle a été déclenchée par une attaque ayant coûté la vie à 26 pèlerins hindous au Cachemire indien, que New Delhi impute à des groupes basés au Pakistan. En représailles, l’Inde a déclaré avoir ciblé des « infrastructures terroristes » situées au Pakistan et au Cachemire pakistanais.
Islamabad conteste cette version et affirme que les frappes indiennes ont visé des zones civiles, causant la mort de 40 civils et 11 soldats. L’Inde de son côté évoque au moins 5 militaires et 16 civils tués.
Ce regain de tensions a été partiellement apaisé samedi, à la faveur d’une médiation diplomatique internationale, notamment sous l’impulsion des États-Unis, qui ont salué la conclusion d’un cessez-le-feu.
Une trêve fragile sur fond de rhétorique guerrière
Alors que les appels à la désescalade se multiplient, le discours musclé de Narendra Modi a ravivé les inquiétudes. Lors d’une visite à la base aérienne d’Adampur, près de la frontière, le Premier ministre indien a déclaré :
«Nous pénétrerons dans leurs repaires et les frapperons sans leur laisser la moindre chance de survivre. »
En réaction, le ministère pakistanais des Affaires étrangères a dénoncé des propos « provocateurs et incendiaires », avertissant que de telles déclarations risquaient de compromettre les efforts internationaux en faveur de la paix régionale.
« Le Pakistan reste attaché à l’accord de cessez-le-feu et prendra les mesures nécessaires pour la désescalade », peut-on lire dans le communiqué. « Mais toute agression future sera affrontée avec la plus grande fermeté. »
Le Cachemire, un foyer de conflit ancien et constant
Depuis leur indépendance en 1947, l’Inde et le Pakistan se disputent la région himalayenne du Cachemire, qu’ils administrent partiellement tout en la revendiquant en totalité. Cette querelle territoriale est à l’origine de deux des trois guerres entre les deux pays et de nombreux affrontements, dont les plus récents en 1999 et 2019.
Les États-Unis en médiateurs discrets
Le président américain Donald Trump a affirmé lundi que Washington avait « beaucoup aidé » à obtenir la cessation des hostilités. Il a salué la position « inébranlable » des dirigeants des deux pays et a évoqué le commerce comme l’une des raisons du retour au calme. Cependant, le ministère indien des Affaires étrangères a précisé que la question commerciale n’avait pas été abordée dans les récents échanges avec les États-Unis.
Par ailleurs, les chefs d’état-major des armées indienne et pakistanaise se sont entretenus par téléphone, réaffirmant leur volonté de respecter le cessez-le-feu et d’étudier des mesures de désescalade, comme une réduction des effectifs à la frontière.
Un avenir incertain
Malgré cette reprise du dialogue, la situation reste volatile. Le manque de confiance entre les deux voisins, l’absence d’enquête conjointe sur l’attentat déclencheur, et les discours belliqueux alimentent une inquiétude généralisée quant à la stabilité dans cette région nucléaire sensible.
La rédaction
Diasporaction.