SADDAM HUSSEIN (1ère partie) :Le pouvoir par le sang


En 1959, un attentat dirigé par Saddam Hussein est perpétré à  la rue « El Rachid », à Bagdad (capitale de l’Irak). Mais le coup de force tourne à l’échec, sinon au vinaigre pour son auteur. Blessé et traqué par la Police, Saddam Hussein s’exile à Damas (en Syrie) et y reste planqué durant trois mois. Il retourne alors en Irak, mais en catimini, et se réfugie sous l’aile de son cousin, le Général Ahmed Assan El Bakr, considéré comme le numéro deux du régime. Aussi, Saddam entrevoit tout l’intérêt, pour lui, de se rapprocher de ce tout puissant parent et parrain.

Une soif précoce de gouverner

Le 8 février 1963, un coup d’Etat pro bassiste (attribué au parti « Bass ») réussit ; et la tête de proue du régime au pouvoir (un certain Khassem), est assassinée. Mais dix mois plus tard, Saddam Hussein se retrouve en prison. Le 17 juillet 1968, un autre coup d’Etat survient.

Libéré  entre temps, Saddam rejoint le nouvel homme fort du pays et instigateur du coup de force, qui n’est autre que le Général El Bakr, son cousin et ancien protecteur. Saddam est alors âgé de 31 ans ; mais c’est lui qui dirige les affaires, bien qu’étant le second du Général. Du coup, il « ne fait plus dans la dentelle », comme on dit : il découvre son vrai visage en éliminant 11 personnes accusées d’être…des anti-Irakiens. Depuis 1969, les Kurdes se montrent rebelles et hostiles à l’autorité irakienne. Le 11 mars 1970, Saddam, devenu désormais Vice-président, promet la création d’un Etat kurde autonome, mais dans quatre ans, c’est-à-dire en 1974 : c’est, pour lui, une manière d’endormir cette révolte kurde qui pourrait entraîner celle des Shiites et des Sunnites hostiles au parti « Bass ». En fait, cet Etat kurde ne verra jamais le jour…

L’arme de la peur

Le pétrole irakien était géré par un seul consortium : « Irak Petroleum Company » (Compagnie irakienne de pétrole) où 47% des parts étaient détenues par les Anglais, 27% par les Français, 17% par les Américains et seulement 9% par l’Irak. Se voyant trop minoritaire dans cette répartition, ou sentant la menace d’une absorption de ses maigres actions pétrolières, Saddam choisit alors de « courtiser » l’Union soviétique.

Il s’y rend le 9 avril 1972 et signe, avec les Russes, un traité d’amitié et de coopération. Mais entre lui et ses « nouveaux amis », la confiance est loin de régner. Et pour cause : non seulement chacun se méfie de l’autre comme de la peste, mais les Soviétiques, et même certains Irakiens, prenaient Saddam pour un dictateur : ce qu’il ne tardera à prouver d’ailleurs…

Un certain Kirienko, dirigeant soviétique de l’époque, décrit Saddam comme « une figure forte, mais un personnage cruel ». Mais Saddam se moque des critiques formulées à son endroit. Pour empêcher l’accaparement des capitaux pétroliers irakiens, Il convainc le Général El Bakr de nationaliser la compagnie pétrolière irakienne : ce qui est fait le 12 juin 1972. Alors, Saddam en profite pour multiplier les recherches pétrolières et moderniser le pays. Du coup, les domaines de la Santé, de l’Education et de l’Economie en prennent du galon.  

Le 17 juillet 1979, Saddam, à 42 ans, accède au pouvoir suprême en écartant son cousin, bienfaiteur et protecteur, le Général  Ahmed Assan El Bakr. Ensuite, il invente un coup d’Etat visant sa personne : 21 hautes personnalités taxées de « conjurés »  sont  ainsi condamnées et exécutées publiquement. Parmi elles figurent les amis et compagnons de première heure de Saddam.

Dès lors, toute opposition au sein du désormais tout puissant parti « Bass » est étouffée dans l’œuf. Désormais, c’est Saddam qui dirige tout : le parti, l’Etat, l’Armée, la Police, la Gendarmerie, les Syndicats, la Presse…En même temps, il est le Président de la République,  le Chef du gouvernement, le Raïs…Bref, il « bassise » l’Irak, enrôlant par force tout le pays dans le parti et le soumettant sous son seul joug. La boucle est ainsi bouclée.

Etre bassiste…ou mourir

Désormais, tout citoyen irakien ne dispose que de deux alternatives : être membre du parti « Bass »…ou mourir. Mais Saddam redoute une éventuelle hégémonie du voisin d’à côté (l’Iran) sur les pays de la sous région. Soutenu par les pays arabes habités par la même crainte, il décide alors d’attaquer l’Iran de l’Imam Khomeiny. C’est, en somme, la tactique du peureux téméraire : attaquer avant d’être attaqué.

En septembre 1981, l’armée irakienne effectue une percée de 10 km dans le territoire iranien. C’est alors que les deux grands (les Etats-Unis et l’URSS), sentant qu’une victoire de l’Irak pourrait leur être fatale, s’arrangent pour qu’il n’y ait ni vainqueur ni vaincu (Oh, les hypocrites !)…

Le 18 juillet  1988, le cessez-le-feu est signé entre les deux belligérants ennemis (l’Irak et l’Iran). Mais cette guerre aura duré deux ans. Ecoeuré d’avoir été « déconseillé » par les Etats-Unis et l’URSS, et dépité face à son impuissance, Saddam se défoule alors sur ses propres compatriotes. Le 19 mars 1988 déjà, il a fait exécuter des centaines de « traîtres » et de « comploteurs » irakiens. Mais on dit que « l’appétit ne vient qu’en mangeant ».

Le 9 août 1988, le Koweït décide d’augmenter sa production pétrolière, en violation des lois de l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole). Les Emirats arabes sont mécontents. Alors, Saddam, qui guettait ce moment,  en profite pour attaquer le Koweït le 2 août 1990. En quelques heures, il accapare plus du cinquième de tout le pétrole produit dans le monde ! Mais c’est l’erreur qu’il ne devait pas commettre. Et pour cause : presque toutes les grandes puissances possèdent des intérêts, notamment pétroliers, au Koweït : les Etats-Unis, l’Angleterre, les Emirats arabes, d’autres pays occidentaux…

Aussitôt une coalition de…trente nations, pilotée par les Etats-Unis et l’Angleterre, ouvre un feu nourri sur les armées de Saddam : autant dire que c’était « Haro sur l’impénitent et téméraire baudet ! » (Saddam). Le 17 janvier 1991, l’opération « Tempête du désert » est déclenchée contre l’Irak. Saddam est alors bouté hors du Koweït. Plus de 100 000 Irakiens perdront la vie dans cette guerre, et moins de 50 000, côté coalition.

Mais dans cette affaire, l’ambition première du Président américain, Georges Bush père, c’est d’abattre physiquement le gênant et encombrant Saddam pour de bon, afin d’imposer Israël dans la sous région. Le 27 février 1991, l’armée irakienne est défaite. Saddam retourne alors sa hargne et sa rancœur contre les Kurdes (les pauvres !) qui s’enfuient en masses, protégés par la coalition américano occidentale.

Dès lors, le sort de l’Irak et le destin de son dictateur sont scellés. La traque contre Saddam et l’invasion de son pays ne sont alors plus qu’une question de temps et d’opportunité. Et la fameuse tragédie du 11 septembre 2001 à New York surviendra pour les mettre à exécution (A suivre).

Par Oumar Diawara « Le Viator »

 

Le Coq 25/11/2010