Route Bamako-Didiéni : En très mauvais état

Côté malien, les accompagnaient les responsables des structures et services centraux : Issa Assimy Diallo, le directeur national des routes ; Djibril Tall, le directeur des transports maritimes, terrestres et fluviaux ; Mory Kanté, le directeur général de l’Autorité routière (AR) ; Abdoulaye Seck, le directeur de l’Agence de gestion et d’entretien routier (AGEROUTE).

Étaient également du déplacement, l’ensemble des diplomates européens accrédités dans notre pays, des responsables du Conseil malien des chargeurs (CMC) et des transporteurs et opérateurs économiques œuvrant dans le secteur des transports. On y notait aussi la présence de Bernard Soret et Marc Stalmans, respectivement premier conseiller politique et chef section infrastructures à la Commission de l’Union européenne.
Le corridor Bamako-Kayes-Dakar est un projet de développement soutenu par Bruxelles. L’axe Bamako-Kati-Kolokani-Didiéni, d’une longueur de 165 km, constitue l’une des composantes de ce projet. Sa réalisation va coûter un peu plus de 13 milliards de Fcfa. La construction de l’ouvrage est assurée par l’entreprise Colas, tandis que la surveillance des travaux est à la charge du consortium C. LOTTI et Associati S.PA pour une enveloppe financière d’environ 950 millions de Fcfa.

La réalisation de cette route a fait pousser un ouf de soulagement aux professionnels du transport, mais aussi et surtout à une économie nationale, fortement tributaire des importations via les pays littoraux du sud où transitent plus de 70 % des marchandises à destination de notre pays.
La bretelle Bamako-Kati-Kolokani-Didiéni a été financée sur le huitième FED. Elle se composait de trois lots : Bamako-Kati, long de 22 km dont 3 km de contournement de Kati, a coûté plus de 3 milliards de Fcfa ; Kati-Tioribougou, long de 78 km pour une enveloppe financière de 5,3 milliards de Fcfa et enfin Tioribougou-Didiéni qui s’étend sur 63 km pour 5,4 milliards de Fcfa environ. Les travaux de construction ont nécessité 18 mois pour le premier lot. Les deux autres lots avaient un délai d’exécution de 24 mois chacun. Les travaux ont été achevés au mois de juin 2003, soit 2 mois avant la fin du délai contractuel.

Aujourd’hui, la route est dégradée en plusieurs endroits. Le constat a été établi par le ministre et les ambassadeurs qui, de concert, ont tiré la sonnette d’alarme. Pour le représentant de l’Union européenne dans notre pays, Giacomo Durazzo, il est nécessaire d’adopter une véritable stratégie si l’on ne veut pas annihiler tous les efforts jusqu’ici consentis pour la réalisation de la route. Du poste de péage de Kati à Soninkégni, une localité située à une vingtaine de kilomètre de là, l’asphalte est, par endroits, gondolée et la route est jonchée de crevasses. Mais qu’est-ce qui a pu mettre une route aussi récente dans cet état, quand on sait que la durée de vie normale d’une telle infrastructure est de 15 ans minimum ?

Selon Giacomo Durazzo, plusieurs facteurs sont en cause dans la dégradation de la route, notamment la vétusté du parc de véhicules, l’insuffisance d’équipements. Ces deux facteurs engendrent le problème de surcharge. Cet avis est partagé par le ministre de l’Équipement et des Transports, Hamed Diane Séméga, pour qui la route est un patrimoine national. Les contributions de l’UE impulsent le développement économique à travers ces infrastructures. Selon lui ce n’est pas la qualité de la route qui est en cause mais plutôt les problèmes liés à la surcharge. Une route est faite selon des normes qui tiennent compte de la vitesse et du poids. Lorsque ces normes ne sont pas respectées, il y a forcément un impact sur la durée de la vie de la route », a jugé le ministre.

Alors qui est responsable ? Tout le monde, répond le ministre qui a rappelé à ce propos qu’en 2004, l’Etat a encouragé les transporteurs à s’investir pleinement pour l’approvisionnement du marché national. Ce qui a amené les transporteurs à faire de la surcharge qui a fini par endommager la route.
Sadio Coulibaly et Mamaye Kassogué, du Conseil malien des transporteurs et du Conseil malien des chargeurs, en appellent à l’État en vue limiter les tracasseries policières et douanières sur les routes. « S’il faut à tout prix payer à chaque poste de police ou de douane de l’argent, nous ne voyons pas comment nous en sortir sans les surcharges », soutiennent-ils.

Mais le ministre ne désespère pas pour autant. Le projet du transport fluvial entre Saint-Louis et Kayes ainsi que l’achat des bateaux à faible tirant sont des initiatives qui limiteront la pression sur nos routes, a dit le ministre avant de remercier l’Union européenne pour son soutien constant aux projets de développement, dont la réalisation des infrastructures routières.

L. DIARRA
Journal l’Essor du jeudi 16 décembre 2010