Le Centre Amadou Hampâté Bâ de Missira a abrité (le samedi 31 mai
2025) une conférence organisée par le ministère de l’Artisanat, de la
Culture, de l’Industrie hôtelière et du Tourisme en partenariat avec celui
de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique. Présidé par
le ministre Mamou Daffé, l’événement a réuni des universitaires, des
étudiants, des artistes et des acteurs communautaires autour de Dr
Aminata Dramane Traoré, marraine du mois de mai dans le cadre de
l’Année de la Culture.
«Demain le Mali : culture, éthique, esthétique, paix et réconciliation à l’échelle
locale» ! Tel était le thème central de la conférence-débat livrée par Dr
Aminata Dramane Traoré. Un thème riche de sens qui traduit la profonde
ambition de replacer la culture, les valeurs éthiques et esthétiques au cœur
des dynamiques de paix et de réconciliation dans un Mali en mutation. À
travers cette orientation, la marraine du mois de mai (Année de la Culture) a
invité à un changement de paradigme pour refonder le pays à partir de ses
quartiers, de ses citoyens, de ses traditions vivantes.
Selon cette brillante intellectuelle, cette approche locale, ancrée dans le réel,
est la seule capable de retisser les liens sociaux, de redonner de la dignité aux
populations et de bâtir une nation réellement enracinée dans son histoire et
son identité. «Il ne peut y avoir de Mali Kura sans un enracinement profond
dans notre culture», a-t-elle déclaré avec une ferme conviction. Elle estime
que les efforts méthodologiques actuellement déployés à l’échelle de la
commune II du district de Bamako (qu’elle administre à travers la Délégation
spéciale) peuvent servir de modèle pour d’autres territoires du Mali. Elle a
notamment insisté sur l’importance de l’appropriation de cette dynamique par
les populations elles-mêmes, dans un esprit de continuité, d’innovation et de
responsabilité partagée.
La conférence a également été l’occasion d’un retour critique sur la gestion
urbaine, avec un regard nostalgique sur Bamako autrefois propre, ordonnée…
Pour Dr Traoré, cette mémoire collective doit servir de tremplin pour réinventer
une ville citoyenne, à l’approche de la saison des pluies notamment. «La
culture peut et doit nous y aider en mobilisant les artistes, les jeunes, les
femmes et les acteurs communautaires autour d’actions concrètes», a-t-elle
souligné. Elle a exhorté les jeunes à s’emparer de l’Année de la Culture pour
en faire un espace de création, de mobilisation et de dialogue. Et surtout, elle
a replacé cette réflexion dans le contexte de l’Alliance des États du Sahel
(AES), qu’elle considère comme un moment historique de réaffirmation
identitaire et culturelle.
Dans son discours d’ouverture, le ministre de l’Artisanat, de la Culture, de
l’Industrie hôtelière et du Tourisme a exprimé toute sa reconnaissance à Dr
Aminata Dramane Traoré, qu’il a qualifiée de «bibliothèque vivante» et de
«combattante infatigable». Pour le ministre Mamou Daffé, «il ne s’agit pas de
distribuer de la grande culture, mais de conforter les efforts déjà en cours,
portés par des femmes et des hommes engagés pour leurs territoires». Pour
lui, cette initiative ne doit pas se limiter à une série de festivités. Elle doit être
le levier d’une transformation sociale durable, d’un renforcement du vivre-
ensemble et d’un repositionnement stratégique du Mali autour de ses valeurs
propres.
Cette rencontre du 31 mai restera comme l’un des moments forts de l’Année
de la Culture. Et cela d’autant plus que, par la clarté de ses analyses, la
profondeur de sa vision et la sincérité de son engagement, Dr Aminata
Dramane Traoré a su éveiller les consciences. Elle a rappelé que le Mali de
demain se construira non pas à partir de discours lointains, mais au sein des
quartiers, des rues, des familles et des communautés, par celles et ceux qui
vivent, créent et rêvent !
Sory Diakité
diasporaction.fr