Réactions lors du lancement des activités de la Coalition pour le Mali (suite)

* Christian Rouyer Ambassadeur de France au Mali : « Nous n’avons pas soutenu le MNLA »

Je voulais simplement dire que si je suis ici, et je pense que c’est le sens de la présence de mes collègues du corps diplomatique. Nous étions venus pour soutenir l’idée d’une Coalition pour le Mali.

Et c’est surtout le sens de ma présence, aujourd’hui, pourquoi ? Parce que ce dont on a besoin aujourd’hui, c’est de définir ce  qui rassemble et non pas de s’attarder  sur ce qui divise. Je suis particulièrement heureux de saluer, on l’a dit, la présence des représentants des personnalités qui dans la vie politique, ne sont pas toujours du même avis comme ceux de la Copam et du FDR, par exemple. Mais ici quand on parle du Mali, c’est qu’on cherche une solution concrète pour préserver son unité et restaurer l’intégrité du territoire du Mali. C’est ça le sens de ma présence, c’est le sens du soutien que je souhaite apporter. Ensuite, deuxième point, ce que je peux dire, mais alors sans l’ombre d’un doute, je pourrais signer ce qu’a dit Tiébilé Dramé  dans son exposé introductif.

Rien de ce qu’il a dit ne m’a choqué au contraire tout ce qu’il a dit, malheureusement et que j’avais commencé à dire dans des colloques à la fin de l’année dernière,  je souscris entièrement à ses préoccupations. Maintenant sur le fond du problème du nord, je pense qu’à l’état actuel des choses, il faut essayer toutes les voies de dialogue avec les gens avec lesquelles c’est possible. Si on peut faire l’économie de certains affrontements, et recoller les morceaux, on n’a pas le droit d’écarter la carte. C’est facile de dire, il faut aller faire la guerre, mais c’est généralement, ce qui disent cela qui ne vont pas, et envoient d’autres le faire.

Et on sait qu’il y a des problèmes que nous ne règlerons pas en dehors de la force. Nous ne règlerons pas le problème d’Aqmi, des narcotrafiquants,   nous ne règlerons pas certains problèmes sans user de la force, sans prendre des responsabilités. Et là, on aura besoin de fédérer toutes nos énergies, les forces maliennes, les forces des pays voisins, et l’appui de la communauté internationale. Il faut d’abord, commencer à s’organiser. Il faut aussi se donner du temps. On ne reconstruit pas une armée en quinze jours. L’armée française, je l’ai dit dans mon discours du 14 juillet, a été défaite en 1940, il faut le reconnaitre. Elle ne s’est pas reconstruite comme en claquant dans les doigts. Donc, il faut savoir se donner un peu de temps, pas trop. Mais se donner un peu de temps pour reconstruire sa force. Il n’y aura pas, c’est l’avis de la France, de solutions aux problèmes du nord du Mali, si effectivement, toutes les communautés ne sont pas associées. C’est le sentiment de notre intime conviction. Aucune communauté ne doit être stigmatisée, mais aucune communauté ne doit imposer ses points de vue aux autres. C’est uniquement par le dialogue, on a, peut être dans le passé trop mise sur les divisions, joué les communautés les unes contre les autres. Et maintenant, il est l’heure  que tout le monde se mette autour de la table, avec le soutien de la communauté internationale. C’est cela la position de la France, qu’il n’y aura pas de solutions durables si toutes les communautés ne discutent ensemble entre elles, avec, bien sûr, le soutien du pouvoir à Bamako.

Et si d’autre part, tout le monde ne se met pas autour de la problématique, on ne peut pas jouer sur les deux tableaux, développer le nord et tolérer la présence des terroristes et des narcotrafiquants. On ne peut pas avoir un double langage en fonction de, ici à Bamako, et sur place là-bas.  Il faut que chacun prenne ses responsabilités. Alors,  maintenant, pour terminer quand même, parce que, c’est l’objet  de mon intervention, les accusations. Quand je suis arrivé ici, et qu’on a parlé des zones rouges et des zones orange on a dit que la France met des zones pour punir le Mali, parce que le Mali n’a pas ratifié l’Accord migratoire. J’ai essayé d’expliquer qu’entre l’Accord migratoire qui n’était quand même pas essentiel du point de vue de la France, et puis la problématique d’Aqmi, on ne mettait pas les mêmes choses sur les mêmes plans. Donc l’accusation de dire, on met des zones rouge parce qu’il y a l’Accord migratoire,

c’est totalement absurde. C’était parce que nous décelions un danger et malheureusement ce danger s’est avéré. Nous n’avions pas tort, il y a eu des enlèvements, au Mali. Aujourd’hui, on nous dit que la France a soutenu le MNLA, parce qu’on n’était pas d’Accord sur la politique en Lybie, c’est aussi absurde, c’est aussi infondé. Nous n’avons pas été d’accord de discuter avec les autorités du moment du problème Libyen, mais ça n’a pas empêché le problème libyen d’avancer. Est-ce que ça vaut le coup à deux ou trois mois d’élection de déstabiliser un pays ? Je redis ici, l’intérêt de la France, c’est la stabilité du Mali, l’intérêt de l’Europe, c’est la stabilité du Mali. Notre intérêt, c’est qu’il n’y ait plus de terrorisme au Mali, plus de narcotrafiquants au Mali. L’intérêt, c’est qu’il y ait un Mali fort qui se développe. Parce qu’on verse  des millions d’euro pour le développement du  Mali pour ensuite le miner, ce sera en toute perte. Donc de grâce l’Europe est là pour vous soutenir, la France est la pour vous soutenir. Nous n’avons pas soutenu le MNLA.

* Le colonel Coulibaly, Secrétaire général du ministère de la défense

Le secrétaire d’état américain aux affaires africaines  a été reçu par le ministre en ma présence. Ce qu’il a avancé, à  savoir l’organisation des élections partielles, a été catégoriquement refusé par le ministre. Nous avons deux crises au Mali, une crise institutionnelle qui a pour centre de gravité Bamako et une crise armée au Nord du pays. C’est le problème que le secrétaire américain a posé. Faut-il résoudre d’abord la crise institutionnelle et s’attaquer ensuite à la crise au Nord ? Est ce que votre feuille de route est accompagnée   d’un plan d’action et d’un chronogramme bien précis. La création de la Coalition est un espoir pour nous. La société civile malienne commence à assumer son rôle. L’effritement du pouvoir de l’état était dû à la société civile  qui n’avait pas suffisamment joué son rôle de sentinelle et avait laissé la place aux partis politiques. J’aimerai que cette coalition soit une sentinelle.

Propos recueillis par Abdoulaye Ouattara  Ouamane Baba Dramé Madiassa Diakité Boukary Daou

Le Republicain

(30 Juillet 2012)