Présidentielle-referendum-investiture: Les grands rendez-vous de 2012.


En effet, le 29 avril, les Maliens sont appelés à élire le nouveau président de la République, et à se prononcer par référendum sur la nouvelle constitution  proposée par le président Amadou Toumani Touré. Si les difficultés liées au scrutin présidentiel par rapport au choix du fichier électoral et des membres de la Ceni ont été aplanies, les contestations en cours sur le référendum devraient être, elles aussi,  maîtrisées. Afin que le 8 juin, l’autre date-clé, le président élu soit investi dans la paix et la quiétude. Et qu’il puisse organiser sereinement, le 1er juillet, les élections législatives.

Référendum:

Toilettage d’une si chère constitution

Tout en élisant un nouveau président de la République le 29 avril 2012, les Maliens se prononceront par référendum sur la nouvelle constitution  proposée par le président Amadou Toumani Touré. Mais cette proposition du Héros du 26 mars 1991 est loin faire l’unanimité au sein de la classe politique, visiblement attachée aux symboles révolutionnaires.

Pourtant, le ministre de la Réformede l’Etat, Daba Diawara, s’efforce d’aplanir les divergences autour de cette réforme. Au sujet de l’éventuel changement de République évoqué par certains hommes politiques pour rejeter la nouvelle constitution, il déclarait, en juillet dernier, qu’on ne change pas de République. « Il n’y aura pas une nouvelle République. C’est une continuité de la 3è République», a-t-il expliqué.

Et pour que la constitution soit changée, selon le ministre Diawara, il faut l’avènement d’un trouble mettant en cause l’ordre constitutionnel. Dans ce cas, il ne s’agira pas d’une révision  constitutionnelle, mais plutôt d’un changement complet dela Constitution.

Le projet de nouvelle constitution propose un réaménagement de l’Exécutif dans le cadre du régime semi-présidentiel actuel. Il s’agit d’une réforme fondamentale et salutaire qui exclut toute possibilité pour un aventurier de devenir président de la République : «Il faut être Malien d’origine, n’avoir aucune autre nationalité et être âgé de moins de 75 ans».

Et le président met fin aux fonctions du Premier ministre

Avec cette réforme, désormais le président dela Républiqueprêtera serment devantla Courconstitutionnelle (qui n’était pas créée en 1992), en gardant sa coiffure, conformément aux dispositions du guide du protocole règlementant les tenues pour les cérémonies officielles. Le président dela Républiqueconserve les pouvoirs que lui confèrela Constitutionen cours. En outre, il définit la politique de la nation, dont le gouvernement assure la conduite. La possibilité est donnée au président dela Républiquede mettre fin aux fonctions du Premier ministre, sans la présentation par celui-ci de la démission du Gouvernement.

Ainsi, la fin de la mission du Premier ministre entraîne la démission collective des autres membres du Gouvernement. Il est aussi prévu dans le projet de révision de laisser vacant le siège du député appelé au gouvernement. Dans ce cas, l’exercice de son mandat est suspendu, mais à la fin de sa mission gouvernementale, sauf s’il fait l’objet de poursuites judiciaires, il retrouvera son siège.

La Cour constitutionnelle déchargée …

Le projet de constitution prévoit également de renforcer le Parlement par la création d’une seconde chambre, appelée Sénat. En cas de vacance du pouvoir, c’est le président de l’Assemblée nationale qui assure ses fonctions. Cette révision de la constitution du 25 février 1992 permettra également de réaménager le pouvoir juridictionnel pour répondre aux exigences actuelles.

Les compétences de la Courconstitutionnelle en matière électorale sont réaménagées, afin de la décharger de la proclamation des résultats des élections. «Elle ne connaîtra que des réclamations consécutives à la proclamation des résultats», a déclaré Daba Diawara. Les neuf Sages dela Cour constitutionnelle sont nommés, à concurrence de trois par le président dela République, deux par le président de l’Assemblée nationale, deux par le président du Sénat et deux par le Conseil supérieur de la magistrature.

La Cour suprême, constituée de la section judiciaire et de la section administrative, est maintenue en tant qu’institution constitutionnelle. Elle connaît, cependant, une réforme

ELECTIONS GENERALES:

Ruée sur le fauteuil présidentiel

L’élection présidentielle d’avril 2012, pour laquelle plusieurs candidats se sont déclarés, marque la fin du second mandat du président Amadou Toumani Touré, élu le 12 mai 2002 et réélu le 29 avril 2007. Conformément à la Constitution qui limite le nombre de mandat à deux, le président sortant a confirmé qu’il ne se représenterait. Son successeur aura pour première grosse mission d’organiser, dans le mois qui suit son investiture, les élections législatives.

Le 6 mars 2011, Cheick Modibo Diarra, astrophysicien malien ayant travaillé àla Nasaet président de Microsoft Afrique, présente à Bamako la formation politique qu’il vient de créer en vue de l’élection présidentielle de 2012, le Rassemblement pour le développement du Mali (Rpdm).

Le 20 juin 2011, l’Alliance pour la démocratie au Mali-Parti africain pour la solidarité et la justice annonce que huit de ses membres ont présenté leur candidature à la Primaire organisée par le parti en vue de désigner son candidat à l’élection présidentielle. Parmi les candidats figure le président de l’Assemblée nationale, Dioncounda Traoré, et trois anciens ministres. Finalement, une commission arrache le consensus sur une candidature unique, celle de Dioncounda Traoré.

Le 30 juillet, les délégués des 53 sections de l’intérieur et ceux des 23 sections de l’extérieur de l’Adéma-Pasj approuvent à l’unanimité la candidature de Dioncounda Traoré.

Le 26 juin 2011, les délégués de la 2e session ordinaire du Comité central du parti Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance (Sadi) investissent à l’unanimité Oumar Mariko comme candidat à l’élection présidentielle. Le député, déjà plusieurs fois candidat à la magistrature suprême, souhaite dans son programme « bâtir un État démocratique fort, respectueux des valeurs républicaines, et de la répartition équitables des ressources du pays ».

Le 26 juillet 2011, Ibrahim Boubacar Keïta, ancien Premier ministre et président du Rassemblement pour le Mali (Rpm), est désigné candidat de ce parti pour l’élection présidentielle. Le 29 octobre 2011, neuf partis politiques ont rejoint le Rassemblement pour le Mali pour appeler à une candidature d’Ibrahim Boubacar Keïta.

Le 14 septembre 2011, Housséni Amion Guindo dit «Poulo», président dela Convergencepour le développement du Mali, est désigné par le groupement politique PUR (Partis unis pourla République) candidat à l’élection présidentielle.

Le 18 septembre 2011, Soumaïla Cissé, alors président de la commission de l’Uemoa, est rappelé au pays et investi comme candidat de l’Union pour la République et la Démocratie (Urd).

Le 18 décembre 2011, le Cnas Faso Hèrè porte la candidature de Soumana Sacko.

L’ancien Premier ministre Modibo Sidibé a entamé, depuis plus d’un mois, une vaste tournée de prise de contact avec les sages du pays à Bamako et l’intérieur du pays dans la perspective de sa candidature à la prochaine Présidentielle.

Moussa Mara défendra les couleurs du parti Yelema « Le changement ». Et depuis cinq semaines, il divulgue au peuple malien ses intentions et son ambition pour le Mali de demain.

Il en est de même pour Cheick Bougadary Traoré avec la Convergence africaine pour le renouveau (Care). Ou encore de Madani Tall avec Avenir et Développement du Mali (ADM).

Cette ruée au fauteuil présidentiel n’est pas un fait nouveau dans l’histoire politique du Mali où la magistrature suprême est très prisée. Et on attend sans doute un record de candidatures qui date de 2002 avec 24 candidats.

Toujours par rapport à l’élection présidentielle de 2012, plusieurs polémiques se sont déclenchées concernant l’organisation du scrutin, notamment le fichier électoral et la composition dela Commissionélectorale nationale indépendante. Pour constituer le fichier électoral, le gouvernement a décidé de se servir du fichier issu du Recensement administratif à caractère électoral (Race). La majorité des partis politiques était favorable à l’utilisation d’un fichier issu du Recensement administratif à vocation d’état civil (Ravec) qu’ils jugent plus fiable.

Mais le gouvernement considère que ce second fichier pose un certain nombre de difficultés dont le non recensement des Maliens vivant en Côte d’Ivoire et le nombre important de corrections à y apporter dans un délais très court, ainsi que le coût de l’utilisation de ce fichier estimé à 41 milliards de FCFA.

La Commissionélectorale nationale indépendante (Ceni) est l’institution chargée de contrôler l’organisation et le bon déroulement des élections. Des représentants des partis politiques y siègent. Dix sièges sont prévus à répartir équitablement entre l’opposition et la majorité. Une polémique a lieu entre les partis de la majorité et les partis se revendiquant de l’opposition.

Les partis de la majorité estiment qu’il faut tenir compte de la représentativité des partis politiques. Ils proposent neuf représentants pour la majorité, à laquelle appartiennent 143 députés sur 147 et un seul pour l’opposition, représenté à l’Assemblée nationale par un seul parti, Solidarité africaine pour la démocratie et l’indépendance (Sadi) et ses 4 députés.

Par ailleurs, plusieurs partis de l’opposition extraparlementaire (Unpr, Bara, Mplo, ADCAM, Rjp, CD, CNU – Faso-Jo-ton) réclamaient cinq sièges pour l’opposition et cinq pour la majorité. Le 7 septembre 2011, le gouvernement adopte, en conseil des ministres, sur proposition du ministre de l’Administration territoriale et des Collectivités locales, le général Kafougouna Koné, le décret portant nomination des membres de la Ceni.

Parmi les 10 représentants des partis politiques, un seul représente l’opposition, Moussa Konaté du Parti social démocrate, non représenté à l’Assemblée nationale. L’opposition, considérant que ce décret ne respecte par l’esprit de la loi électorale de 2006 qui prévoit un partage équitable entre la majorité et l’opposition a saisila Coursuprême. Le 11 octobre,la Coursuprême a débouté les plaignants.

Le 20 septembre 2011, Mamadou Diamoutani, docteur en mathématique et secrétaire général du Haut conseil islamique du Mali, est élu président dela Ceni.

8 juin:

Un jour historique

Le plus important jour de l’année 2012 est le 8 juin, date à laquelle le nouveau président prêtera serment. Cette date, devenue quasi institutionnelle depuis deux décennies, est d’autant plus importante qu’elle est le symbole de l’alternance politique au Mali.

C’est à cette date que le premier président démocratiquement élu, Alpha Oumar Konaré, a prêté serment en 1992, puis en 1997 après sa réélection. Tout comme le président Konaré, l’actuel chef de l’Etat Amadou Toumani Touré, qui a été investi le 8 juin 2002 et 2007, remettra les rênes du pouvoir à un autre citoyen.

Pour mémoire, la démocratie malienne a été instaurée en 1991. Tout est parti d’une transition dirigée par un certain lieutenant colonel Amadou Toumani Touré (mars 1991-juin 1992), qui a renversé le régime autoritaire de Moussa Traoré. Malgré des difficultés importantes, notamment lors des élections présidentielles et législatives de 1997, le Mali a maintenu la démocratie, faisant figure d’exemple pour l’Afrique.

Cependant, la faible participation électorale et la non-compréhension par une partie importante de la population des enjeux électoraux fragilisent cette démocratie.

La date du 8 juin commémore le passage à une nouvelle ère.  Conformément àla Constitution, le pouvoir exécutif appartiendra au nouveau président qui sera investi ce jour-là et à son gouvernement. Et ATT rejoindra le groupe des anciens présidents dela Républiquedu Mali.

Pourtant, le Mali revient de loin politiquement. Après l’invasion parla Franceen 1883, le Mali devient une colonie française sous le nom de Soudan français. Le 4 avril 1959, le Sénégal et le Soudan se regroupent pour formerla Fédérationdu Mali, qui accède à l’indépendance le 20 juin 1960.

Mais deux mois plus tard, le Sénégal se retire de la fédération et proclame son indépendance. Le 22 septembre 1960, le Soudan proclame à son tour son indépendance sous la conduite de Modibo Kéïta, tout en conservant le nom de Mali.

En 1968, Modibo Kéïta est renversé par un coup d’État conduit par un groupe d’officiers ayant à sa tête le lieutenant Moussa Traoré, qui instaure une dictature.

Dans la nuit du 25 au 26 mars 1991, celui-ci est renversé à son tour par le lieutenant colonel Amadou Toumani Touré. Après une période de transition, ce dernier restaure la démocratie avec l’élection d’Alpha Oumar Konaré en 1992. Il est réélu en 1997. En 2002, Amadou Toumani Touré, qui a quitté l’armée pour se présenter, est élu président dela Républiquedu Mali, et réélu en 2007.

Soumaïla T. Diarra

 

L’Aube.ml 10/01/2012