POUR AVOIR DEVOILE LE COMPLOT INTERNATIONAL CONTRE LE MALI: La Minusma prête à sacrifier Christophe Sivillon pour calmer le jeu

Lors du congrès du Mouvement nationale pour la libération de l’Azawad (MNLA, 30 novembre-3 décembre 2019), mouvement indépendantiste et membre de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), le chef du bureau local de la Minusma avait pris la parole pour tenir des propos très controversés. En citant ainsi les invités, le diplomate onusien avait notamment parlé « de délégation venue du Mali et de l’étranger». Une déclaration qui a avait naturellement suscité une levée de boucliers et une batterie de condamnations. Et cela d’autant plus que le diplomate avouait explicitement que Kidal n’était pas une ville malienne. Finalement, Christophe Sivillon est devenu persona non grata à qui le gouvernement à donner 24 pour quitte le pays.

Au Mali, la mission du chef de bureau de la Minusma à Kidal, Christophe Sivillon, est donc en train de s’achever. «Je peux même vous dire qu’il est sur le départ. Il ne sera plus là dans quelques jours, s’il n’est pas déjà parti », aurait confié à RFI une source proche du dossier. Et hier, mardi 10 décembre 2019, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale a animé un point de presse pour informer l’opinion que l’intéressé est désormais persona non grata au Mali et qui avait 24h pour quitter le pays.

Tout a commencé avec son allocution officielle au congrès du MNLA le 1er décembre 2019, quand Christophe Sivillon avait parlé «de délégation venue du Mali et de l’étranger». Il avait ensuite affirmé que «l’idéologie du mouvement (MNLA) unit une grande partie de la société civile à Kidal». La classe politique, le gouvernement et plusieurs institutions du pays avaient fermement condamné ces propos. La Cour constitutionnelle avait même invité l’État a tiré toutes les conséquences de droit de cette sortie.

«C’est avec une profonde indignation que nous avons écouté et entendu le discours du représentant de la Minusma lors du 4e Congrès ordinaire du Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA)… Ce discours, au ton arrogant et dont la teneur est inqualifiable, est un affront au mieux et au pire une immixtion dans la gestion des affaires intérieures du Mali, pays indépendant et souverain dont Kidal fait partie intégrante», a dénoncé la Plateforme, «Défendons le Mali» dans un communiqué daté du 4 décembre 2019. Indignation ! C’est le sentiment le plus partagé au Mali après sa sortie révoltante  du chef du bureau régional de la Minusma à Kidal, Christophe Sivillon, au 4e congrès du MNLA.

Cette organisation reproche à l’intéressé d’avoir négligé le gouverneur, représentant légal de l’Etat. Pour s’adresser «aux autorités de la chimérique République de l’Azawad».  Surtout que, «emporté dans son élan séparatiste», il a déclaré : «au moment où le pays est frappé de plein fouet par un terrorisme aveugle, par des violences intercommunautaires et la contestation des acteurs internationaux, la stabilité chèrement acquise de la région est un bien précieux. Cette stabilité est le gage de la crédibilité du MNLA à incarner un partenaire fiable qui tient son rang dans les discussions politiques. C’est aussi la garantie pour la Minusma d’une relation de confiance à vos côtés et au plus près des populations» !

Devant la gravité de la situation, «Défendons le Mali» a condamné avec «la dernière énergie les propos méprisants et partisans du représentant de la Minusma qui portent les germes de la partition programmée et planifiée de notre pays». La plateforme, dans son communiqué, a exhorté le gouvernement à «le déclarer persona non grata et lui donner 48 heures pour quitter le territoire national». Elle a aussi demandé au gouvernement «d’interpeller les hautes autorités de la Minusma»

Dans une déclaration, l’Assemblée nationale du Mali a également indiqué que «ces propos ne sauraient être tolérés» car ils sont contraires à l’objectif de la mission de paix et de stabilisation  comme annoncé dans la résolution qui définit le mandat de la mission onusienne au Mali.

Les élus de la nation  ont dénoncé  l’attitude et la position affichée par le chef du bureau régional qui est en «totale contradiction avec la mission qui est la sienne».  Tout en réaffirmant leur soutien aux Forces armées maliennes et en exhortant le gouvernement à «veiller au respect de l’intégrité territoriale auprès de tous les partenaires du Mali», les députés lui ont demandé de «mettre en garde la Minusma pour le comportement irresponsable de son agent».

Le Front pour la sauvegarde de la démocratie (FSD) a aussi rappelé que le représentant de la Minusma à Kidal a «outrepassé largement sa mission de facilitateur dans la crise malienne». Il a interpellé la mission à prendre toutes les mesures requises pour s’acquitter de son mandat.

«Le 1er décembre 2019, lors de la cérémonie d’ouverture du congrès du MNLA, le Chef du bureau de la Minusma à Kidal a fait une intervention qui a été diversement interprétée. Certains de ses propos ont même été considérés comme une atteinte à la souveraineté du Mali. Je regrette ces interprétations mais comprends les réactions qui s’en sont suivies dans un contexte de doutes et d’incertitudes», a communiqué la mission à son tour. Et elle a tenu à apporter certaines «clarifications» sur le sujet.

«Aucun doute ne doit subsister sur l’engagement ferme de la Minusma à respecter et à préserver l’unité du Mali et son intégrité territoriale», a-t-elle assuré. Et d’ajouter, «l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali, issu du processus d’Alger dont la Minusma appuie la mise en œuvre, consacre ces principes fondamentaux en son chapitre 1, et les actions de la Minusma sont conduites dans le strict respect de ces impératifs et dans le cadre de son mandat tel que défini par le Conseil de sécurité des Nations unies».

Et la condamnation desdits propos a été aussi unanime sur les réseaux sociaux. «Il faut dire à la Minusma qu’on parle d’interprétation quand il y a manque de clarté. Christophe a été suffisamment explicite pour ne laisser aucune ombre de doute sur la signification de son propos. Quand on reçoit un Kayésien à Mopti, on ne lui dit pas bienvenue au Mali. Quand on reçoit un Tombouctien à Koulikoro, on ne lui dit pas bienvenue au Mali. Mais, quand on reçoit un Nigérien de Tillabéry à Kidal, on lui dit bienvenue au Mali», a répliqué un confrère au communiqué de la mission onusienne.

Un communiqué publié vendredi dernier (06 décembre 2019) par le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale a précisé que Tiébilé Dramé s’est entretenu avec Mahamat Saleh Annadif sur la question le 2 décembre 2019. Et que le secrétaire général du département a également tour à tour reçu le chef de la Minusma et Mme Baranga Gassarabwe, représentante spéciale adjointe du Secrétaire général de l’ONU. «A l’issue des rencontres, les deux parties ont reconnu le caractère inacceptable des propos tenus par le chef de bureau de la Minusma à Kidal. Aussi la Minusma s’est-elle engagée à prendre des mesures immédiates proportionnelles à la gravité des faits et veiller à éviter la répétition d’une telle situation à l’avenir», a indiqué le communiqué.

Ce que les Maliens souhaitent (dans les communiqués et sur les réseaux sociaux) c’est l’expulsion pure et simple de Christophe Sivillon du Mali pour servir de leçon et permettre aux autres de comprendre que «le Mali n’est pas un gâteau d’anniversaire». Et pour donc calmer le jeu, la Minusma aurait donc décidé de nommer un autre représentant à Kidal en se séparant de Christophe Sivillon devenu encombrant. D’ailleurs la réaction au Mali ne laissait aucun autre choix à la mission onusienne que de vite se débarrasser de son indélicat chef de bureau devenu persona non grata et prié de quitter le pays les 24 heures.

Kader Toé