MASSACRES DANS LA REGION DE MOPTI Les Nations unies appellent le gouvernement à ouvrir des enquêtes

Des hauts responsables de l’ONU, notamment les conseillers spéciaux des Nations unies pour la prévention du génocide, la responsabilité de protéger et de la Représentante spéciale du Secrétaire général pour les enfants et les conflits armés condamnant les massacres dans la région de Mopti expriment leurs inquiétudes. Selon eux, les auteurs des violences qui ont fait des dizaines de victimes civiles, dont des femmes et des enfants, doivent être punis. Ils ont invité le gouvernement à ouvrir des enquêtes.
C’est une déclaration commune des structures de haut niveau de l’ONU, publiée sur les attaques visant des civils dans le centre du Mali que les responsables ont exprimé leurs inquiétudes. Les trois hauts responsables des Nations unies ont d’abord fait leur consternation à l’ampleur de la violence dans la région de Mopti. « Ce sont des attaques inqualifiables contre le village de Sobanou-Kou et d’autres localités, dans la région de Mopti. Au cours des attaques des dizaines de civils ont été tués, dont une vaste majorité de femmes et d’enfants ». Ils déplorent le nombre élevé de victimes civiles dans la région de Mopti depuis le début de l’année, notamment dans l’attaque du 1er janvier contre le village de Koulougon, qui a coûté la vie à 39 civils, et l’attaque du 23 mars contre le village d’Ogossagou, dans laquelle au moins 157 personnes ont été tuées. « Il faut des actions immédiates pour réduire les tensions, particulièrement le cycle de violences intercommunautaires et ethniques, comprenant des attaques et représailles qui se déroulent dans le centre du Mali. Cela interpelle le gouvernement malien à ouvrir rapidement une enquête crédible sur les atrocités commises au Mali et à traduire les responsables en justice ».
« Il est urgent d’empêcher de nouvelles violences et brutalités et de protéger la population civile contre les violations graves, en particulier les femmes et les enfants qui comptent parmi les plus vulnérables en période de conflit », ont-ils déclaré. « La responsabilité est essentielle dans la recherche de la paix et de la stabilité et les autorités maliennes, avec le soutien de la communauté internationale, doivent intensifier leurs efforts pour remédier à l’insécurité croissante au centre du Mali. »
Les détails de l’attaque n’ont pas encore été clarifiés, mais les civils pris dans la spirale de violence paient un lourd tribut depuis 2018 avec le meurtre de centaines de personnes depuis le début de l’année, de plus en plus cadré par des clivages ethniques.
« Comme nous l’avons récemment indiqué dans notre déclaration du 27 mars à la suite de l’attaque du village d’Ogossagou Peulh, nous sommes extrêmement alarmés par les attaques à caractère ethnique dirigées contre des civils dans le centre du Mali, comme en témoigne l’attaque récente contre la communauté dogon », ont déclaré des responsables de l’ONU. « Nous ne pouvons rester silencieux face à la violence ethnique, aux violations des droits de l’homme et aux abus. Nous appelons les autorités et toutes les parties impliquées, y compris la communauté internationale, à s’acquitter de leur responsabilité de prévenir les crimes atroces et de protéger les civils» ont-ils rappelé.
Plus de 800 écoles sont en outre toujours fermées dans le nord et le centre du Mali. L’assistance humanitaire et la protection à des milliers de personnes dans le besoin ont été entravées, rendant les communautés encore plus vulnérables à l’instabilité et exposées à de graves violations.
Les responsables de l’ONU appellent le gouvernement malien, avec l’appui de la communauté internationale, à s’acquitter de sa responsabilité première consistant à protéger et à s’attaquer aux causes profondes de la violence tout en veillant à ce que les populations vulnérables, y compris les garçons et les filles, bénéficient de la protection et de l’assistance requises. Ils rappellent également que la poursuite en justice pour les violations graves des droits de l’homme, la réconciliation communautaire et la mise en œuvre intégrale de l’accord de paix de 2015 demeurent les seuls moyens d’assurer la paix durable et la protection de la population civile.
Zan Diarra

Soleil Hebdo