Mali : le ministre Abdoulaye Diop appelle à contrer les discours négatifs sur l’AES

Le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, était l’invité de l’émission Mali Kura Taasira 3 sur la télévision nationale. À cette occasion, il a dressé un large panorama de la diplomatie malienne, dans un contexte régional en profonde mutation.

Il a mis en avant le rôle moteur du Mali au sein de la sous-région, soulignant que le pays s’exprime désormais avec force sur la scène internationale, guidé par trois principes : la souveraineté nationale, le choix libre des partenaires stratégiques et la défense des intérêts du peuple.

L’AES, une réponse stratégique à des menaces communes

Revenant sur la création de l’Alliance des États du Sahel (AES), devenue Confédération, le ministre a rappelé qu’elle résulte d’une menace existentielle. Burkina Faso, Mali et Niger ont ainsi uni leurs forces pour coordonner leur sécurité, mener des opérations militaires conjointes et mutualiser leurs moyens. L’adoption de la Charte du Liptako-Gourma en 2023, puis l’instauration de la Confédération en 2024 à Niamey, marquent une nouvelle phase de coopération autour de trois axes : sécurité, diplomatie et développement.

Sous présidence malienne, la Confédération travaille à la mise en œuvre d’une feuille de route intégrant des projets concrets : création d’une compagnie aérienne, de réseaux ferroviaires, d’une banque d’investissement, d’un média public commun, et d’un prélèvement communautaire pour générer des ressources propres.

Relations avec la CEDEAO : une rupture assumée mais maîtrisée

Abdoulaye Diop a confirmé que la sortie de l’AES de la CEDEAO est définitive. Toutefois, des concertations pratiques sont en cours à Bamako pour organiser un désengagement coordonné, notamment sur la libre circulation des personnes et des biens. Il a insisté sur la nécessité d’éviter une rupture brutale, tout en soulignant que les discussions se feront de manière collective, et non individuelle, avec les pays de la Confédération.

Diplomatie régionale et tensions frontalières

Le ministre est également revenu sur les tensions avec l’Algérie, dénonçant l’attaque d’un drone malien et exigeant le respect de la souveraineté du Mali. Il a réaffirmé l’attachement historique du pays au bon voisinage, malgré des relations parfois fluctuantes.

Diversification des partenariats : vers un monde multipolaire

Abdoulaye Diop a insisté sur l’importance de diversifier les partenariats pour renforcer l’autonomie stratégique du Mali. Il a salué les relations croissantes avec la Russie, la Chine, le Qatar (qui a accordé une aide budgétaire de 50 millions USD), les Émirats arabes unis et d’autres pays africains. Pour lui, cette dynamique est essentielle pour sortir d’une dépendance héritée de la colonisation, notamment vis-à-vis de la France, qui aurait mal accepté ces choix.

Il a exprimé le souhait du Mali de s’inscrire dans une nouvelle géopolitique fondée sur un monde multipolaire, dans lequel les BRICS représentent un levier d’équilibre et d’influence.

Francophonie, ONU et posture diplomatique

Concernant le retrait du Mali de l’Organisation internationale de la Francophonie, le ministre a dénoncé un fonctionnement basé sur le « deux poids, deux mesures ». Il a précisé que le Mali reste pleinement engagé au sein des Nations unies et poursuit ses relations avec ses agences et programmes.

Enfin, Abdoulaye Diop a tenu à rappeler que la diplomatie malienne n’est ni émotive ni agressive, mais résolument tournée vers la défense de ses intérêts stratégiques, dans le respect des principes internationaux. La fermeture des consulats français dans l’AES relève, selon lui, d’une décision unilatérale de la France. Il appelle à comprendre la vision de refondation des autorités et à déconstruire les discours dénigrants souvent véhiculés à l’encontre des pays de l’AES.

rédaction

diasporaction.fr