Alors que les inquiétudes se multiplient autour de la suspension des partis politiques au Mali, les autorités de transition tentent de rassurer sur leurs intentions. Selon le gouvernement, cette mesure n’est que temporaire et ne remet nullement en question les fondements du pluralisme démocratique.
Au Mali, la suspension des activités des partis politiques et des associations à caractère politique continue de susciter un vif débat. Annoncée en avril 2024, cette décision a été justifiée par les autorités de transition comme une réponse à la nécessité de préserver la cohésion nationale en période de transition, dans un contexte sécuritaire tendu. Face aux critiques, le ministre de la Communication, de l’Économie numérique et de la Modernisation de l’Administration, Alhamdou Ag Ilyène, s’est exprimé ce mardi pour en expliquer les contours.
Lors d’une rencontre avec les représentants de la presse malienne, le ministre a tenu à préciser que cette suspension, bien qu’exceptionnelle, « n’est ni une interdiction définitive, ni une remise en cause du pluralisme ». Il a affirmé que cette décision s’appuyait sur l’article 39 de la Constitution, qui encadre strictement le rôle des partis politiques dans le respect des principes de souveraineté nationale, d’intégrité territoriale, d’unité et de laïcité.
Un nouveau cadre juridique en préparation
La suspension intervient dans un contexte plus large de refonte de l’environnement politique malien. Le gouvernement a récemment abrogé la Loi n°05-047 du 18 août 2005, qui régissait jusque-là les partis politiques. Cette abrogation, validée en conseil des ministres le 30 avril, répond selon les autorités aux recommandations issues des Assises nationales de la refondation (ANR) organisées fin avril à Bamako. Ces assises ont réclamé une réforme en profondeur de l’organisation politique afin de moraliser la vie publique.
Alhamdou Ag Ilyène a annoncé qu’un nouveau cadre légal et institutionnel est en cours d’élaboration. Les discussions sont déjà entamées au niveau du Conseil national de Transition (CNT) pour faire émerger une loi plus adaptée aux réalités nationales et aux objectifs de la refondation. L’objectif affiché est clair : renforcer le rôle des partis tout en garantissant la stabilité et la sécurité du pays.
Une mesure critiquée à l’international
Malgré ces assurances, la décision malienne continue d’inquiéter à l’étranger. Des ONG de défense des droits humains ainsi que plusieurs partenaires internationaux ont exprimé leur préoccupation, craignant un durcissement du régime militaire en place depuis le coup d’État d’août 2021. La suspension des partis politiques intervient en effet dans un contexte où les échéances électorales ont été à plusieurs reprises repoussées, alimentant les doutes sur la volonté réelle des autorités de revenir à un ordre constitutionnel.
Appel à la responsabilité des médias
Le ministre a enfin invité les médias à jouer un rôle « lucide et responsable » dans cette période sensible. Selon lui, « la réussite de la refondation du pays dépend aussi d’un climat de confiance, de paix et de discernement », des conditions nécessaires pour permettre une reprise encadrée de la vie politique.
Il a conclu en assurant que le multipartisme ne sera pas remis en cause. « La suspension sera levée dès que les conditions ayant motivé cette mesure ne seront plus d’actualité », a-t-il affirmé, sans toutefois préciser de calendrier.
La rédaction
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