CONFLITS ENTRE LE GATIA ET LA CMA Quand la MINUSMA et les Forces Françaises Barkhane roulent pour la CMA

Les forces dites de stabilisation présentes au Mali sont entrain de participer activement à la partition du Mali. Leur présence suscite aujourd’hui beaucoup plus de commentaires, d’interrogations et souvent d’irritations que de réponses, tant la CMA, favorable à l’indépendance de l’Azawad par la partition du Mali est plus soutenue, presque choyée que le pauvre GATIA qui se bat pourtant pour l’unité et l’intégrité territoriale du Mali que leur mandat leur enjoint de garantir. Jusqu’à quand El hadj Gamou et ses troupes vont-ils se conformer à ce diktat de la communauté internationale les privant de vivre sur leur terre ? Et jusqu’à quand l’Armée malienne, elle aussi, acceptera-t-elle de toujours subir les faits sans réagir ? Avec ces affrontements, les ententes de Niamey sont-elles désormais caduques ? Les autorités vont-elles encore capituler face à la pression de la communauté internationale ? La société civile mondaine plus prompte à répondre à l’invitation à dîner à Koulouba qu’à défendre la Patrie, va-t-elle rester muette face au dessein machiavélique de partition du pays ?
Le règlement partial des différents affrontements armés entre le GATIA et la CMA, qui ont causé autant de morts de part et d’autre, est la preuve tangible du penchant des forces étrangères, au premier rang desquelles la France et sa force Barkhane pour la CMA. En demandant au GATIA de quitter la ville de Kidal comme elle l’avait fait pour Ménaka et Anéfis dont il reste pourtant l’ethnie majoritaire pour laisser à la seule CMA la gestion des villes du nord, signifie très clairement que la MINUSMA et Barkhane sont devenues des forces d’occupation et de déstabilisation que de paix. Elles ne sont pas à équidistance entre le GATIA et la CMA et sont même à la base du regain de tensions.
Les affrontements entre la CMA et le GATIA ont eu lieu quelques jours seulement après la signature à Niamey au Niger, des ententes communautaires pour le partage des rôles dans la gestion de Kidal entre les groupes rivaux. Ces ententes qui étaient censées éviter les conflits fratricides entre les deux groupes, ont volé en éclats après les derniers affrontements meurtriers de Kidal qui ont causé d’innombrables pertes en vies humaines et en matériels, de part et d’autre. Qu’est ce qui a pu provoquer cette recrudescence de la violence entre ces deux groupes ? Selon certains témoins joints sur place au téléphone, c’est la gestion des check-points qui serait à la base des affrontements. Les éléments du GATIA se plaignent de leur exclusion de la gestion de ces points de contrôle à l’entrée de la ville de Kidal et surtout la main basse de la CMA sur tous les fonds générés par ces contrôles et surtout les dons des organisations humanitaires. C’est pourquoi le GATIA a demandé que les deux check-points à l’entrée de Kidal en provenance d’Algérie leur soient affectés. C’est ce qui semble avoir ravivé la tension, la CMA se voyant amputé d’une partie de ses sources de revenus. Mais, la goutte d’eau qui aura fait déborder le vase est celle relative à la mort de deux combattants GATIA victimes de tirs de la part des combattants de la CMA. Les affrontements qui s’en sont suivis ont été d’une rare violence. La MINUSMA et Barkhane pour éteindre le feu ont demandé à tous les groupes armés de rejoindre leurs bases respectives, le GATIA s’est exécuté, mais la CMA, leur protégée, est restée dans la ville au vu et au su des mêmes forces. En réaction à cette partialité de la Communauté internationale, le Général Gamou, commandeur en chef du GATIA, a posé les conditions ci-après : le retour sans délai de ses combattants à Kidal aux côtés de ses frères de la CMA pour une cogestion de la ville. L’application sans délai des ententes communautaires de Niamey sur les partages de rôle dans la gestion de Kidal. Là également, le GATIA reproche aux autorités maliennes et aux forces étrangères d’avoir favorisé la CMA dans la nomination des gouverneurs et préfets des régions du nord. Pour le Général Gamou, seules les ententes communautaires de Niamey sont censées corriger cette injustice dont sont victimes les imghads, la tribu majoritaire touareg au nord jadis considérée comme vassale par la minorité ifoghas aujourd’hui maitre de la CMA.
En définitive, il est attendu des forces étrangères plus d’engagement pour le Mali, son unité et son intégrité, mais aussi et surtout plus de neutralité pour ne pas prêter les flancs aux critiques de l’opinion qui pense à tort ou à raison que la MINUSMA et Barkhane sont les bras de la France pour réaliser son vieux rêve de création d’un Etat sahélo-saharien (OCRS) dont le projet reste l’œuvre d’une loi française qui n’est pas abrogée.
Youssouf Sissoko
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