Mali : il y a dix ans, le président Toumani Touré était renversé

Le 21 mars 2012, une mutinerie des militaires a abouti à un coup d’Etat, qui a mis un terme au régime d’Amadou Toumani Touré. Les maliens s’en souviennent.

Le mercredi 21 mars 2012, la principale revendication du groupe de mutins dirigé par le capitaine Amadou Aya Sanogo portait sur, je cite :  » l’incapacité du président Amadou Toumani Touré, dit ATT à faire face à la crise du nord.

Le pays était confronté deux mois plus tôt, à une insurrection djihadiste et d’autres groupes armés. Une décennie plus tard, les Maliens se rappellent de ce moment et tentent de l’analyser au gré des événements survenus jusque-là :

« Il y avait beaucoup de choses qui échappaient au contrôle de l’Etat et on n’aurait vraiment pas pu garantir forcément qu’il y aurait des élections en 2012. Le coup d’Etat est survenu. C’était malheureux. Mais, c’était une suite logique de la mauvaise gestion. D’ailleurs, je crois que les putschistes n’avaient pas pour premier objectif de faire un coup d’Etat. C’est parce qu’ils n’ont pas pu avoir les réponses auprès du pouvoir en place, qu’ils ont fini par faire un putsch », explique Mahamadou. « Revoir notre démocratie »
« Nous avons connu un degré de crise que le Mali n’a jamais connu en dix ans. Je pense qu’il faut revoir tous les aspects liés à la démocratie, de la constitution surtout sur le plan de la législation malienne nationale. La mentalité même de l’homme malien est à revoir. Parce que si à chaque problème, il faut faire un coup d’Etat, je crois qu’on ne va jamais avancer », ajoute pour sa part Dia. « Que cesse la corruption ! »
« Deux ou trois jours après la chute du régime d’Amadou Toumani Touré, le pays a été envahi par des groupes terroristes et des bandits de tout acabit. Les coopérations internationales se sont retirées pendant un certain moment. Je crois que la solution en Afrique en général et au Mali particulièrement ce ne sont pas les coups d’État. Il faut que la corruption cesse en Afrique, il faut que la mauvaise éducation cesse en Afrique, il faut que les Africains prennent conscience que ça commence à ne plus dans les pays Européens sur qui nous espérons, afin de prendre notre destin en main » , estime Mariam « Cela n’a servi à rien »
Selon Mahamadou, « le coup d’Etat de 2012 ne nous a pas réellement servi. Parce qu’en principe, après un coup d’Etat, on devrait tout

mettre en œuvre pour pouvoir mettre en place un système pour que ça ne revienne plus. Donc, si on se retrouve dans une situation encore de putsch, c’est qu’on n’a pas fait ce qu’il fallait à l’époque, pour pouvoir protéger le pays de l’instabilité, de l’insécurité et d’autres maux. »

Après le coup d’Etat de 2012, le pays a connu deux autres putschs en 2020 et 2021. Ce qui vaut au Mali des sanctions de la Cédéao et de l’Union africaine.

Mahamadou Kane
Source: DW.com