L’Espagne reprend le rapatriement des migrants irréguliers vers le Maroc

Des migrants dans un centre d'accueil à Las Palmas, dans les îles Canaries. Crédit : Reuters

Selon des informations relayées par la presse espagnole, une vingtaine de migrants marocains se trouvant en Espagne doivent être renvoyés ce mardi vers la ville de Laâyoune, au Sahara occidental. Ces rapatriements – les premiers menés par Madrid vers le Maroc en un an – surviennent après un changement de position radical de l’Espagne sur le dossier sensible du Sahara occidental.

Depuis mardi 22 mars, l’Espagne renvoie à nouveaux les migrants irréguliers présents sur son territoire vers le Maroc. Selon des informations rapportées par la radio espagnole Cadena Ser, et confirmées par le journal El Pais citant des sources policières, le premier vol transportant une vingtaine de migrants marocains devait décoller ce mardi des îles Canaries en direction de Laâyoune, principale ville du Sahara occidental.

Les vols de rapatriement des exilés marocains étaient jusque-là suspendus depuis avril 2021, pour raison sanitaire. Mais au-delà de la pandémie, les relations tendues entre l’Espagne et le Maroc ont également contribué à retarder la reprise des expulsions.

Au cœur de cette brouille diplomatique majeure : le Sahara occidental, ancienne colonie espagnole et seul territoire africain au statut post-colonial non défini. En avril 2021, l’accueil en Espagne, pour y être soigné, du chef des indépendantistes sahraouis du Front Polisario Brahim Ghali, ennemi juré du Maroc, avait ulcéré Rabat. Depuis, les pourparlers pour reprendre les expulsions de migrants illégaux étaient au point mort.

Peu après la brouille, plus de 10 000 migrants étaient entrés dans l’enclave espagnole de Ceuta, en grande majorité des jeunes et des adolescents, à la faveur d’un relâchement de la surveillance des frontières côté marocain.

Changement de position radical de Madrid
La reprise des rapatriements ce mardi est rendue possible grâce à un revirement majeur de la part de l’Espagne. Vendredi 19 mars, Madrid a en effet soutenu pour la première fois publiquement la position de Rabat sur le dossier du Sahara occidental.

« L’Espagne considère que l’initiative d’autonomie présentée en 2007 (par le Maroc) est la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution de ce différend » entre Rabat et les indépendantistes du Front Polisario, a déclaré devant la presse à Barcelone le chef de la diplomatie espagnole José Manuel Albares. Il confirmait ainsi mot pour mot le message du Premier ministre espagnol Pedro Sanchez dont avait fait état dans la journée le palais royal marocain dans un communiqué mais qui n’avait pas été confirmé par Madrid.

La nouvelle position de Madrid est un changement radical alors que le pays avait toujours prôné jusqu’ici la neutralité entre Rabat et le Polisario.

Rabat, qui contrôle près de 80% de ce territoire, propose un plan d’autonomie sous sa souveraineté tandis que le Polisario réclame un référendum d’autodétermination.

Un rythme de 80 renvois par semaine ?
Conséquences donc de ce dénouement diplomatique, les expulsions pourraient reprendre à un rythme similaire à celui déjà appliqué par le passé. Celui-ci prévoyait quatre vols hebdomadaires, assurés par la compagnie Royal Air Maroc, avec 20 exilés à bord. Soit 80 personnes rapatriées par semaine, au total. Les migrants marocains partaient des Canaries, mais avaient été arrêtés préalablement dans d’autres régions d’Espagne. En 2021, selon des données du le Système européen de surveillance des frontières (Eurosur), citées par El Pais, environ 31 % des près de 42 000 immigrés arrivés irrégulièrement en Espagne étaient marocains.

La rédaction
Source: INFOMIGRANTS