Lutte contre la migration illégale

Les données fournies par les médecins sont malheureusement accablantes. 72% des sans papiers souffrent de problèmes de santé, 70% d’entre eux sont confrontés à des obstacles pour se faire soigner et 41% des sans papiers ont dû renoncer au moins une fois à avoir recours aux soins. Les migrants africains d’origine subsaharienne occupent donc aujourd’hui une place dominante dans les discours politiques et portant sur l’émigration, étant considérés plutôt comme des coupables ou des délinquants dans les pays d’accueil que comme des victimes ou des sans espoir économique dans leurs pays d’origine.
Selon leurs initiateurs,  l’exposition «Exil, exit? Vivre sans papiers en Europe» et le catalogue sont conçus pour témoigner de la vie des «sans-papiers», une population parmi les plus vulnérables dans les pays développés. La seconde enquête de l’Observatoire Européen de l’Ac¬cès aux Soins de Médecins du Monde est un recueil de données et de témoignages inédits sur l’exil et les conditions d’accueil des migrants. Cette enquête montre que les conditions d’accès aux soins des personnes sans papiers sont de plus en plus assu¬jetties aux politiques de contrôle de l’immigration, au détriment du respect des droits fondamentaux de l’être humain, dont celui à la santé.
Au Mali, les difficultés économiques et sociales expliquent en partie le phénomène de la migration légale ou irrégulière, qui attire une grande partie de la jeunesse, sans espoir d’emploi ou de revenu le plus souvent. Par sa position géographique et sa stabilité sociopolitique, le Mali est en plus devenu un pays de transit pour de nombreux candidats africains au départ. Ces derniers s’y retrouvent souvent bloqués quand ils sont refoulés, ne voulant pas rentrer chez eux sans le sou, leur échec dans leur tentative de migration sonnant comme un déshonneur.
Au Mali, l’action de Médecins du monde (MdM) a débuté autour du psycho-traumatisme lié aux conséquences des phénomènes d’expulsion et de refoulement aux frontières, ainsi que de la situation d’errance de ces populations en transit. Depuis septembre 2009, un projet est mis en œuvre avec un partenaire local, l’Association malienne des expulsés (AME), pour l’aider à améliorer l’accueil, l’écoute et l’accompagnement psychologique des personnes en situation de retour forcé au Mali. Depuis mai 2010, l’Association des refoulés d’Afrique centrale au Mali (ARACEM), bénéficie du soutien de MdM. Selon Nathalie Lam, de Médecins du Monde, «ces associations et d’autres acteurs locaux nous sollicitent aujourd’hui pour une expertise plus large, intégrant à la thématique de la santé mentale d’autres domaines d’actions. Ce projet s’inscrit donc dans une perspective de continuité et d’élargissement».
Rappelons que l’AME s’est donnée pour mandat de venir en aide aux populations migrantes expulsées ou refoulées, leur fournissant accueil, hébergement temporaire, accompagnement psychologique et aide juridique et administrative. A Bamako comme à Kidal, ce sont deux types de populations qu’elle reçoit: des migrants expulsés d’Europe car pas ou plus en conformité avec les règles de séjour et des candidats à la migration refoulés par les pays de transit vers l’Europe.

Pierre Fo’o Medjo

Le 22 Septembre 24/11/2011