L’ŒIL DE LE MATIN : Apprendre aux enfants à discerner la fiction de la vie réelle pour maîtriser la violence

L’ŒIL DE LE MATIN : Apprendre aux enfants à discerner la fiction de la vie réelle pour maîtriser la violence

«La violence est à bannir du hip-hop», défendait le quotidien national du Sénégal, «Le Soleil», à la UNE de l’un de ses récentes parutions. Je dirais que ce n’est pas seulement au niveau du hip-hop, mais elle est à bannir complètement car elle est partout. La violence a envahi nos écrans télé, nos tablettes, nos jeux vidéo et même nos publicités qui jouent sur la surenchère pour imposer leurs produits, leurs marques avec des scènes fictives d’explosions, de bagarres, de coups divers… Les dessins animés pour enfants sont également emprunts de ces images malsaines avec un vocabulaire bruyant à la limite du raisonnable.

Et même si elle est passive, n’empêche que son impact influence notre perception. Dans le cinéma, il faut toujours provoquer, aller plus loin afin de satisfaire une clientèle toujours plus accroc à l’horreur. Elle s’est installée dans notre quotidien, omniprésente au travers de nos médias mais également dans sa forme verbale (injures, discriminations…) et sous une autre forme que l’on connait malheureusement tous car allant du petit délit jusqu’à la criminalité en passant par la délinquance et la maltraitance.

La violence est plurielle et nous en sommes tous pétris, façonnés si bien que nos valeurs comme le respect, l’amour, l’entraide…. sont dépourvues de sens pour au final tomber dans l’indifférence. Non seulement cette brutalité fait partie de notre vie, mais de plus elle s’enivre de nos peurs, de nos angoisses en y installant le stress, l’agressivité, la haine. Et cela d’autant plus qu’elle interagit avec nos émotions. La confiance n’existe plus et l’on se méfie de tout le monde. Si je subis une injustice je vais chercher à demander réparation sauf que dans cette violence, il n’y a jamais de réparation car l’on subit sans pouvoir se défendre et que les auteurs ne sont pour ainsi dire que rarement arrêtés, embêtés sauf cas extrêmes. Conclusion, c’est la faute à pas de chance.

La moindre critique, même justifiée, sera perçue comme une injure. Le moindre avertissement (à l’école, sur notre lieu de travail…) déclenchera une angoisse qui se transformera en colère. Cette violence exhibée nous incite à adopter des comportements de plus en plus violents.

Pour nos ados, cette violence devient un mode de communication, une façon d’intimider l’autre : harcèlement scolaire, rejet de l’autorité, fugue et parfois une mise en danger afin d’impressionner les autres. Comment canaliser cette violence alors qu’elle est présente partout ?

Notre seule manière d’y répondre sera cette même violence d’autant plus que l’on apprend très tôt à intimider l’autre, notre camarade de classe, ou notre collègue de travail et tous ceux que l’on côtoie dans la vie de tous les jours comme si notre vie en dépendait. Marche ou crève est ainsi en train de devenir une norme pour lutter contre l’insécurité et elle est reprise dans tous les médias.

Rien n’est fait pourtant fait pour changer la donne par rapport à ce véritable problème de la société. On a tellement mis en avant l’autonomie que l’on a oublié le collectif, le partage ; apprendre à vivre ensemble avec les règles de la bienséance. Alors, plus rien ne m’étonne dans ce monde où les valeurs essentielles ont été vidées de leur essence.

Le changement ne pourra venir que par nous-mêmes. Mais, encore faudrait-il le vouloir. Arrêtons de confondre le bien et le mal. Incitons les bonnes actions en montrant le bon exemple. Et surtout apprenons à nos enfants que la liberté se mérite par le travail, par des efforts car rien n’est gratuit. Apprenons-leur à discerner la fiction de la vie réelle. Et surtout n’oublions pas qu’il faut 9 mois pour donner la vie et qu’il suffit d’une seconde pour l’ôter. Soyons vigilants, la bienveillance ne doit pas devenir une utopie !

Sonia