Lettre ouverte Monsieur le président

2012, c’est tous les risques de 2002 sans le rassembleur que vous incarniez et que même ses adversaires  ont rejoint au second tour. Nous croisons les doigts mais j’aimerais, d’ici là, m’associer  à votre débat avec la nation, votre « Baro du 8 juin.  

L’école : Le forum sur l’éducation  a permis de toucher du doigt toutes les faiblesses de notre système éducatif avant de proposer une feuille de route.  Mais, nous avons vu de nouveau les grèves d’enseignants et des débrayages d’étudiants. Pire, des étudiants plus reconnus dans la fréquentation des bars et des boites de nuit que dans celle des bibliothèques viennent de s’affronter. Parmi eux, des blessés mais aucune réaction publique du gouvernement. Les auteurs d’une telle violence qui discréditent et l’école et la société malienne resteront-ils impunis ? Monsieur le Président, le gouvernement se décidera t-il à porter à la connaissance de la nation, les réalisations pour l’école ?  Le « Sahel » : Nous sommes heureux de reproduire, (page 6 et 7) la communication  du ministre des Affaires Etrangères au Parlement français.  Sa remise en cause des critères d’évaluation qui ont mis dernièrement la quasi-totalité du pays en alerte rouge et orange est très courageuse. Il reste à nos partenaires de nous expliquer qu’il n’y a derrière ce « principe de précaution »  aucune intention  de nous nuire.  Il reste aussi à éviter  que ces mesures  perdurent pour des régions auxquelles le travail des humanitaires et le tourisme occidental sont essentiels. Le Programme Spécial pour la Paix, la Sécurité et le Développement au Nord-Mali constitue une réponse exhaustive. La menace ne peut être enrayée, et vous avez raison là-dessus, par la seule option militariste. Mais sans fournisseurs et  sans zones de ravitaillement, Aqmi n’existera pas.  Ces aspects, de même que le débat sur la nécessaire criminalisation de la « filière des facilitateurs », sont occultés. Pourtant, ils déterminent la sécurité collective. L’inquiétude liée aux événements en Libye a été soulevée en France par le chef de notre diplomatie qui a conclu ainsi sa démonstration : « Nous  souhaitons donc  être  en harmonie avec la France sur l’issue de cette crise ». La position de la France est claire depuis le début. Et le Mali suit  l’Union africaine qui n’est pas du tout pour les tapis de bombes lâchées sur Tripoli.  Nous trompons-nous ?  Pour ce qui est de la fameuse théorie de l’effet domino, c’est valable pour la Libye mais ce l’est aussi pour  les passoires tchadienne et darfourienne sans lesquelles le business de la cocaïne n’aurait pas été viable. N’est-ce pas une raison de plus pour élargir le dialogue sécuritaire à chacun des segments du Sahel-Sahara qui est un continuum, voire une juxtaposition de vases communicants ?

Air Cocaine : Sombé Théra confirme, deux ans après la découverte de l’épave du boeing de Tarkint, que celui-ci contenait de la drogue  dont il n’a pas précisé la nature, s’il le sait. Car les enjeux sont différents entre le cannabis et la cocaïne. En tout cas, c’est que c’est la première fois qu’on nous livre cette information, de source judiciaire. Cela met fin aux supputations et démontre que nous sommes sous la pression des événements. Mais pour nos compatriotes et la communauté internationale, il faut une chaîne plus forte que les actuels détenus pour nourrir  toute une industrie. C’est donc urgent d’aller plus loin et plus vite.  

Tels étaient les points que je voulais, respectueusement évoquer. Des problèmes certes. Mais je suis  conscient des forces et des acquis. Le seul réflexe de bitumer les six kilomètres séparant Bafoulabé de Mahina, après cinquante d’ans d’indépendance, parle pour vous. Mais un pays ne bouge pas avec le recensement des réalisations. Il bouge parce qu’on a réglé les problèmes pendants.  Mes respects, Monsieur le Président, et à bientôt.

Adam Thiam

Le républicain 08/06/2011