LES CONFIDENCES DE KOUDY   «Je suis résolument déterminée à tourner la page de la prostitution»

Aucun secteur n’est épargné par les mesures préventives prises ici et là contre la propagation du nouveau coronavirus, y compris la prostitution ! Oui, la prostitution  bien sûr ! C’est un métier comme les autres non ? C’est de cela que notre apprenti écrivain essaye de nous convaincre. Avec les confessions de Koudy, il nous plonge dans l’univers du plus vieux métier du monde avec des «professionnelles» qui doivent rivaliser aujourd’hui avec des femmes mariées et des filles de «bonne famille». Nous vous proposons ici la suite et la fin de la première partie des confidences de la ravissante Koudy. Bonne lecture !

 

Après un mois d’essai, j’ai été finalement recrutée à l’Espace Amazonie, un espace de loisirs  avec bar-restaurant. Il était bondé de monde les week-ends car les artistes côtés s’y produisaient en live du jeudi au samedi. Moins, d’un an, Abdou fut recruté par une ONG internationale qui l’envoya au Ghana comme coordinateur-pays.

Quand il partait, j’étais devenue la serveuse vedette de l’Espace Amazonie à sa grande satisfaction. Le Boss était très satisfait de moi. Ma beauté et surtout ma courtoisie ainsi que ma jovialité m’attiraient la sympathie de nombreux clients et la méfiance de leurs copines ou épouses.  Et c’est là aussi que j’ai basculé dans la prostitution de luxe. Le salaire n’était pas énorme même si certains clients me laissaient de juteux pourboires.

Je me suis liée d’amitié avec une jeune dame qui venait fréquemment seule. Elle y venait surtout pour savourer les spécialités maison comme le poulet au soumbala et nos délicieux jus de gingembre, de dablenin (oseille)…. Elle me taquinait et insistait pour que ce soit moi qui la serve. J’ai eu peur au début parce que je me disais qu’elle devait être sans doute l’une de ses grandes dames lesbiennes qui squattent les espaces de loisirs, les agences de mannequinat, les établissements scolaires et universitaires en quête de chair fraiche. C’était souvent les sujets de discussion entre mes copines de l’Espace Amazonie.

Mais, un soir elle est restée tard parce qu’elle voulait me parler à la fin de mon service. Et elle est allée droit au but en me parlant de ce qu’elle faisait. Veuve d’un diplomate européen, femme d’affaires, elle gérait aussi une sorte d’agence d’Escorte-girls très sollicitée par l’élite bourgeoise, des expatriés travaillant dans le pays sans leurs conjointes, des diplomates de passage…

C’est un travail qui ne m’obligeait pas à abandonner mon poste de serveuse car pouvant travailler aux heures qui me conviennent. Elle précisa que rien ne m’obligeait à accepter. Je savais que beaucoup de mes collègues serveuses se prostituaient pour arrondir leur fin de moi. Elles avaient souvent rendez-vous avec leurs clients après leur service. J’ai même souvent surpris certaines dans des positions indélicates avec des clients dans les toilettes réservées aux femmes. Embarrassées, elles me suppliaient de ne rien dire au Patron qui ne tolérait pas ce genre de comportement sur le lieu de travail.

Après avoir longtemps hésité, j’ai finalement accepté son offre. Et voilà pourquoi je suis là aujourd’hui à parler de mon métier de prostituée. Une prostituée qui n’a jamais fait les trottoirs et qui n’a jamais harcelé des clients dans les bars-hôtels. Je rejoins mes clients dans des appartements ou chambres d’hôtels luxueux. Les célibataires me font par exemple venir chez eux. Papou est l’un des rares clients que j’ai connus à l’Espace Amazonie. Je devais peut-être conjuguer à l’imparfait car la crise sanitaire et les mesures préventives que sa gestion exige ont mis fin à tout cela pour le moment.

Et ton mari et ta famille dans tout ça ? Je sais que vous mourez d’envie de me poser la question ! Curieusement, je n’ai entendu parler de mon mari que quand j’ai renoué contact avec ma famille il y a moins d’un an. Il est décédé un an après son exil au Burkina Faso. Tout comme mon père qui est décédé il y a deux ans aussi. Le reste de ma famille vit dans une petite localité du sud. C’est pourquoi, je fonde beaucoup d’espoir sur la promesse de Papou qui est visiblement déterminé à m’aider à tourner la page.

Depuis longtemps, je souhaitais ouvrir un salon de coiffure, un atelier de couture ou aller acheter des marchandises à Dubaï. Oui, j’ai beaucoup de projets en tête. Lesquels ? Je ne vous en dirai pas plus. Ce n’est pas prudent de révéler ses projets dans ce pays si l’on ne veut pas avoir des surprises désagréables.

La seule chose que vous devez retenir, c’est que je suis déterminée à tourner la page. Et le plus rapidement possible. Je vous le promets ! En attendant, priez pour que le coronavirus n’anéantisse pas tous mes projets de réinsertion socioéconomique afin d’aider les miens à sortir de la pauvreté !

Fin de la Première partie

Bolmouss