Le problème de la France avec son immigration, vu par un Américain

Le magazine a répondu à la polémique créée par cet article en France par un nouvel article qui tient plus du trolling magistral que du journalisme: encore une fois, le fond –les problèmes économiques de notre pays– disparaît sous la forme.

La journaliste, Leah Mcgrath Goodman, explique qu’on pourrait peut-être faire revivre notre économie si on ne niait pas les soucis actuels du pays en réagissant négativement aux articles de Newsweek (et finit d’un «Comme le disent les Français, « pour être continué »»…).

Mais oublions Newsweek et concentrons-nous plutôt sur le New York Times, qui publie dans son blog philosophie (oui) une très intéressante tribune de Justin E. H. Smith, expatrié américain à Paris où il enseigne à l’université Paris 7. Bon point de départ pour lui, il n’évoque ni le Jardin du Luxembourg, ni le VIe arrondissement, et parle à la place des contrôles au faciès à Gare du Nord.

Plus largement, Justin E. H. Smith s’interroge sur le rapport de la France à son immigration. Il explique qu’il entend constamment des gens dire que le plus gros problème de notre pays sont ses minorités ethniques, que «la présence d’immigrés compromet l’identité même de la France», des affirmations généralement faites sans aucunement prendre en compte «la responsabilité historique du pays, en tant que pouvoir colonial, quant à la présence d’anciens sujets de ses colonies en métropole».

Il note –contrairement aux auteurs des mauvais articles sur la France– sa place de privilégié: dans le système de «caste» des étrangers en France, il n’est pas vu comme un immigré mais comme un expatrié. Cette division en deux catégories est inscrite jusque dans ses visites aux bureaux de l’immigration français:

«Les Maliens et les Congolais sont emmenés dans une salle, les Américains et les Suédois dans une autre. Pour les premiers, le processus ressemble à une mise en quarantaine, et l’attitude des fonctionnaires ressemble à celle de gardiens de prison; pour les seconds, la visite aux bureaux de l’immigration ressemble davantage à une cérémonie d’accueil, et toutes nos interactions avec les fonctionnaires sont sous-tendues par une présomption d’égalité.»

Justin E.H. Smith y décrie les positions d’Alain Finkielkraut sur l’immigration, et estime qu’il est faux de «supposer que les immigrés mettent en place un plan pour changer le caractère du pays où ils sont venus. Parler d' »occuper » et d' »envahir » est analogique, et décrit en fait bien plus justement ce qu’on fait les Etats européens dans leurs anciennes colonies, et qui, encore une fois, est une part cruciale des tendances de migrations vers l’Europe de nos jours».

 

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Par Cécile Dehesdin 2014-01-07 23:11:39