Le passeport malien n’a plus aucune crédibilité en Algérie»

Concernant tout d’abord les réfugiés accueillis par les services du Consulat, le Vice – Consul nous a révélé qu’il y a deux semaines ce sont environ 2 200 familles maliennes qui sont passées de la frontière libyenne à l’Algérie, avant d’être  acheminées vers le territoire malien.  Et, selon les informations du HCR, 4 vols ont transporté 700 personnes vers Bamako et 3 autres se sont dirigés vers Gao.

Au début la crise libyenne, nous a expliqué Abdrahame Ag Galla, le Consulat a dépêché un représentant à Tin Arkom (frontière algéro-libyenne). Ce représentant reste un mois sur place et a ensuite été remplacé par un autre.

Auparavant, une mission conduite par le Vice – Consul s’était rendue à Tin Arkom pour mettre prendre les mesures adéquates et discuter avec les autorités  des deux pays respectifs. C’est ainsi qu’au bout des négociations, les Algériens ont accepté de délivre un laisser-passer d’environ un mois aux ressortissants maliens, afin qu’ils gagnent leur frontière. Notre interlocuteur nous a assuré que pendant les deux étapes frontalières – Tin Arkom (Libye) et Djanet (Algérie), les réfugiés reçoivent de la nourriture et des soins médicaux.

Arrivés à Djanet, ils ne sont pas pour autant au bout de leurs peines, car il leur restera encore 800 bornes à parcourir avant de rejoindre Tamanrasset.  C’est alors que le Consulat prend le relais. A bord de camions ou de véhicules 4X4, les réfugiés rejoignent leur pays natal. Mais sans argent, ni autre bien. «Depuis le début de cette opération, nous avons tant dépensé qu’en l’espace de trois mois, notre budget a fondu comme beurre au soleil», nous a confié le Vice – Consul. C’est fort de cela qu’il a demandé un renforcement de ses moyens financiers et de ses ressources humaines: «la guerre n’est pas finie. Même pendant le mois de carême, je sais que les bombardements vont continuer. Les réfugiés vont continuer à venir, surtout si l’OTAN veut, coûte que coûte, faire partir Kadhafi. Il faut renforcer le Consulat, à travers les finances et le personnel. Il nous faut des moyens supplémentaires».

Cette demande n’est pas fortuite, si l’on sait que ce consulat gère environ 2 000 kilomètres de frontière avec, à ses portes, Al-Qaïda au Maghreb Islamique et les trafiquants de tout acabit. Justement, nous avons abordé la lutte transfrontalière contre AQMI et les trafiquants de drogue et d’autres produits par les deux pays. Très diplomatiquement, Abdrahamane Ag Galla a reconnu «la coopération, actuellement, n’est la meilleure qu’on puisse souhaiter». Plus, il n’en dira pas.

Abordant la question de l’immigration, il n’y est pas allé par quatre chemins pour marteler que le «passeport du Mali n’a plus de crédibilité, en ce sens qu’on le retrouve sur tous les Africains. En Algérie, quand on présente notre passeport, c’est d’abord le doute, puis il faut passer par des coups de fil pour débloquer la situation. Nous avons beaucoup de problèmes au niveau du Consulat. Ce n’est souvent pas très facile de les gérer».

Paul Mben

Le 22 Septembre 18/07/2011