Amadou Djikoroni Il faut sortir de la Constitution actuelle

La conférence sur le projet de loi constitutionnelle a attiré plusieurs grands noms de notre scène politique et aussi d’éminents professeurs, intellectuels et étudiants. Dans la salle, on remarquait l’ex Premier ministre Soumana Sacko, l’ex ministre Cheick Oumar Cissoko et le Pr Dialla Konaté.

Amadou Djikoroni Traoré a donné le ton en déclarant: «il y a trois ans, Repères a fait plusieurs propositions. Depuis quelques temps, nous assistons à des débats pour la démocratie, au Sénégal, au Cameroun, au Burkina Faso et en Côte d’Ivoire. En 1960, les nationalistes ont fait de grandes réformes, (éducation, armée, monnaie nationale et industrialisation). Aujourd’hui, nous sommes encore là à recopier ce que la France fait. Il faut que cela cesse», a-t-il martelé.

Amadou Djikoroni s’est aussi demandé si une autre Constitution était nécessaire pour le Mali. Avant de déclarer qu’aujourd’hui, au Mali et en Afrique francophone en général, la question qui se posait était bien de savoir si, pour la paix sociale, pour des raisons d’économie, par rapport aux coûts des élections, pour des raisons de lutte contre la corruption et pour la qualité du système démocratique, il n’était pas plutôt nécessaire de revenir à une forme d’élections qui a fait ses preuves ici et ailleurs.

En ce moment, a-t-il continué, notre pays se préoccupe, et se passionne même, pour l’élection présidentielle de 2012, plutôt que de voir les dangers que recèle cette compétition sous la forme actuelle, que la Constitution de 1992 nous impose. Et Amadou Djikoroni de préconiser l’abandon de ce texte, qui, selon lui, n’est qu’un «copier-coller» de la Constitution française, laquelle provoque partout en Afrique des conflits sanglants, des divisions ethniques, des destructions, des dégâts de toutes sortes. «Il faut abandonner cette Constitution étrangère à notre culture, cette constitution délinquannogène, inutilement coûteuse, antidémocratique, qui menace la paix sociale par les dérives qu’elle engendre», a-t-il martelé.

Parlant du référendum, il dira que celui-ci, tel qu’il se profile, risque de mettre le feu aux poudres, plus qu’il ne règlera quoi que ce soit. D’ailleurs, sans liste électorale fiable, quel référendum sera possible? Amadou Djikoroni a soutenu que la Constitution adoptée en 1960 par les Pères fondateurs du Mali indiquait que c’était l’Assemblée nationale qui élisait le Président. C’est de cette manière que le Président Modibo Kéita avait été porté à la magistrature suprême. Et, à son humble avis, les principes de 1960 restent valables

Il est ensuite revenu sur les conclusions de la conférence débat initiée par Repères en 2008, sur le thème: «le Mali, une démocratie à refonder». A savoir, la suppression du poste de Premier ministre, la réduction du nombre des Institutions, la suppression du Bureau du Vérificateur Général, le renforcement de l’indépendance et des prérogatives du Contrôle Général des Services Publics, l’adoption du mode de scrutin proportionnel pour les élections communales et législatives, la suppression de la multitude de structures intervenant dans le processus électoral (DGE, CENI, Cour Constitutionnelle, Administration Territoriale) et la réduction des coûts exorbitants des consultations électorales, en confiant l’ensemble des opérations à l’Administration, pour ne citer que celles-ci.

Il y a eu beaucoup de réactions. Soumana Sacko pense que c’est ce genre de débats qu’il faut mener, au lieu de dépendre de soi-disant experts qui veulent tripatouiller la Constitution. Il a déclaré que, dans les grandes démocraties, le pouvoir c’est le Parlement. Avant de soutenir, que dans la constitution proposée par les putshistes de 1968, le Président avait plus de pouvoirs que le Roi du Maroc.

Pierre Fo’o Medjo

Le 22 Septembre 18/07/2011