Le gouverneur de la Bceao contraint à la démission, La succession de Soumaïla Cissé reportée en Mars

 

Comme attendu, Philippe-Henry Dacoury-Tabley, le gouverneur de la BCEAO, a quitté son poste. Il a été contraint à la démission samedi par la Conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’UEMOA lors de leur 15è conférence tenue au Centre international de conférences de Bamako. On lui reprochait surtout d’avoir décaissé frauduleusement au niveau de la Banque centrale ouest-africaine un montant de 80 milliards de francs CFA au profit de Laurent Gbagbo pour que celui-ci fasse face aux salaires des fonctionnaires ivoiriens. Il lui est donc  reproché de ne pas avoir appliqué une décision de l`Uémoa, prise le 23 décembre, de donner à Alassane Ouattara, président ivoirien reconnu par la communauté internationale, tous les pouvoirs de gérer au nom de son pays les affaires liées à cette institution et à la BCEAO.

En réalité, on n’avait pas laissé le choix aux dirigeants de l’Uémoa avec la décision de l’Union européenne de placer Philippe-Henry Dacoury-Tabley sur une liste noire qui lui interdit de voyager et qui gèle ses avoirs.

Après avoir signifié sa démission, le désormais ex- gouverneur de la BCEAO s’est adressé à la presse en soulignant ceci : « Face au fait que la politique a tendance à être introduite à la banque centrale, nous avons accepté de rendre la démission qui nous a été demandée. Je voudrais souligner que je suis profondément attristé pour l’institution que j’ai servie pendant 35 ans. Je pense qu’il y avait mieux à faire que ce qui a été fait. Je reste attaché à cette institution. Je crois à l’union monétaire et j’espère que les jours à venir ne seront pas sombres pour notre union et que nous pourrons continuer cet idéal d’intégration que nous avons commencé. Il est indispensable que notre zone, notre espace monétaire continue d’être ensemble. »

Son intérim est assuré depuis samedi par le vice-gouverneur, à Dakar en attendant que le président reconnu par la communauté internationale Alassane Ouattara désigne un candidat ivoirien pour lui succéder. Cet intérimaire n’est autre que l’ancien ministre burkinabè des Finances et vice-gouverneur de la Banque centrale, qui est aux commandes de la BCEAO. Jean-Baptiste Compaoré qui fera tourner la machine jusqu’à la rencontre des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Uemoa prévu probablement en mars à l’occasion d’une session extraordinaire à Lomé au Togo.

D’ici là, le président de la commission, notre compatriote Soumaïla Cissé, poursuit son mandat tout comme les autres membres de la commission de l’UEMOA.

Pour le cas d’Abdoulaye Bio Tchané candidature déclarée à l’élection présidentielle au Bénin, c’est le président de la Banque d’investissements et de développement de la Cédéao , Christian Adolendé,  qui a été choisi  comme intérimaire à la Banque ouest-africaine de développement ( BOAD) jusqu’à la validation de la candidature par la Cour constitutionnelle.

Aussi, la présidence de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Uemoa, notre président a passé le témoin à son homologue du Togo, Faure Gnadema

C’est donc très satisfaite que la délégation ivoirienne conduite par le Premier ministre, Guillaume Soro, a quitté Bamako car la stratégie d’asphyxie économique souhaitée par le camp du président élu Alassane Ouattara vient d’obtenir un premier résultat avec la fermeture du robinet de la BCEAO au camp de son adversaire Laurent Gbagbo. Quant à la stratégie diplomatique ou militaire, elle sera tranchée au prochain sommet de l’Union africaine à Addis-Abeba.

Abdoul Karim Maïga

L’ Indicateur Renouveau 24/01/2011