Le dangereux travail des enfants dans les mines artisanales d’or au Mali.


Ce rapport de l’organisation des droits de l’homme révèle que des enfants n’ont parfois pas plus de six ans. Les enfants qui travaillent dans ces mines le font dans des conditions extrêmement dures. Certains de ces enfants creusent des puits et travaillent sous terre, ce qui est très dangereux parce que beaucoup de ces puits ne sont pas stables et s’effondrent régulièrement.

Beaucoup d’autres enfants remontent des charges de minerai pesantes qui pèsent plus lourd qu’eux. Sur les 33 enfants travailleurs interrogés par Human Rights Watch, 21 ont déclaré qu’ils souffraient de douleurs régulières dans le dos, à la tête, dans la nuque, aux bras ou aux articulations.

Le mercure, l’une des substances les plus toxiques sur la Terre

D’autres enfants font le lavage du minerai, concassent des pierres et utilisent le mercure. Celui-ci est utilisé dans l’orpaillage pour séparer l’or du minerai. Le mercure – une substance toxique qui attaque le système nerveux central – s’avère particulièrement nocif pour les enfants. Human Rights Watch souligne, dans son rapport, que les enfants « touchent et inhalent du mercure, l’une des substances les plus toxiques sur la Terre ».Tous ces enfants souffrent également de toux et de maladies respiratoires.

L’organisation précise également que l’intoxication au mercure occasionne une série de troubles neurologiques, notamment des tremblements, des problèmes de coordination, des troubles de la vue, des maux de tête, des pertes de mémoire et des problèmes de concentration. Human Rights Watch ajoute que la plupart des orpailleurs ignorent que l’utilisation du mercure a des conséquences très néfastes pour la santé.

Dans ces sites d’orpaillage, la plupart des enfants travaillent aux côtés de leurs parents mais certains sont originaires d’autres régions du Mali ou encore de pays limitrophes comme la Guinée et le Burkina Faso. Ces enfants qui travaillent sans leurs parents sont encore plus vulnérables que les autres et finissent par être exploités et maltraités par des proches ou des étrangers qui s’approprient leur paie. Certaines filles sont victimes d’abus sexuels ou se livrent au commerce du sexe afin de pouvoir survivre.

Faire appliquer les lois maliennes existantes

Human Rights Watch reconnaît l’existence de lois assez fortes au Mali contre le travail des enfants et en faveur de l’éducation – gratuite et obligatoire – mais regrette qu’elles ne soient pas appliquées sur le terrain.

C’est le cas notamment du travail dans les mines et avec du mercure, classé comme travail dangereux, et qui, selon la loi, est interdit pour toute personne âgée de moins de 18 ans.

Le Mali a également adopté, récemment, un Plan d’action national pour l’élimination du travail des enfants mais sur le terrain, les mesures ne sont pas prises. RFI a contacté Juliane Kippenberg, chercheuse à HRW qui est en ce moment à Bamako pour présenter ce rapport intitulé « Mélange toxique : travail des enfants, mercure et orpaillage au Mali ».  Elle dit attendre avec impatience la mise en ouvre des différentes lois et du plan d’action.

Responsabiliser les entrepreneurs, les négociants en or et les intermédiaires

Selon les chiffres obtenus par HRW auprès du ministère malien des Mines, la quantité d’or artisanal exporté chaque année s’élève à environ quatre tonnes. La plus grande parie de cet or est exporté vers la Suisse et les Emirats arabes unis, en particulier Dubaï.

Human Rights Watch a contacté trois entreprises internationales qui ont acheté de l’or provenant des mines artisanales du Mali. L’une d’entre elles basée à Dubaï – Kaloti – a cessé d’acheter de l’or artisanal malien après avoir pris connaissance des résultats de cette recherche d’Human Rights Watch.

De son côté, la société suisse Decafin a fait valoir qu’elle n’intervenait qu’au bout d’une chaîne d’approvisionnement composée d’au moins quatre intermédiaires et qu’elle n’avait aucun contact ni avec les entreprises productrices ni avec le gouvernement malien. Elle a toutefois précisé qu’elle interpellerait la Chambre des Mines du Mali afin d’obtenir de plus amples informations.

Joint par RFI, Abdoulaye Pouna, président de la Chambre des Mines du Mali, affirme qu’en 25 ans d’orpillage, il n’a pas vu un seul enfant sur les sites…

Néanmoins, HRW a des preuves et appelle le gouvernement à respecter sa promesse. En 2005, le Mali s’était engagé à éliminer le travail des enfants dans les mines d’ici à 2015.

 

Par Ursula Soares 07/12/2011