La situation sécuritaire au Nord en débat sur TV5 Chaudes empoignades entre Chato et Moussa Ag Assa

Ces deux débatteurs ont en commun d’être du même village, Taboye. Leurs pères étaient amis. Celui de Chato était le Chef de village et celui de Moussa Ag Assarid, un conseiller influent qui s’occupait également de la sécurité des pâturages. Comme on le dit en Afrique, ils sont donc quasiment frère et sœur. Ce qui pourrait expliquer la passion qui a caractérisé leur débat et démontrer aussi la complexité de la situation sécuritaire au Nord du Mali.

Car les combattants du MNLA et d’Ançardine, qu’on le veuille ou non, sont des Maliens, frères des autres communautés, avec lesquelles ils partagent la même aire géographique, les mêmes langues et les mêmes préoccupations, pour ne pas dire les mêmes problèmes.

Pour revenir au débat, il a montré à la face du monde la fracture sociale que cette crise a entraînée dans le Nord de notre pays. Les antagonismes sont devenus énormes. Il a fallu l’intervention des autres invités pour ramener un calme relatif plateau. Dès l’entame de l’émission, Chato a démonté une calomnie de Moussa Ag Assarid, qui tentait de faire croire que rien n’avait été fait pour prévenir cette escalade.

«L’Assemblée nationale a envoyé une délégation aux gens qui sont revenus de la Lybie, jusque dans les grottes de Zakat, pour leur dire de ne pas faire ça, parce que l’on sait quand une guerre commence, mais que l’on ne sait pas quand elle va finir. Aujourd’hui, nous sommes dans cette situation parce que le MNLA nous y a mis. Ils nous ont amené les islamistes qui sont en train de violer nos filles, nos sœurs, de tuer nos populations», a-t-elle martelé.

Moussa Ag Assarid bondira lui aussi de son siège: «à un certain moment, il faut qu’on se dire la vérité. Je sais comment Chato est devenue député. Elle est la plus proche d’ATT (je le revendique rétorquera Chato). Qu’avez-vous fait pendant 12 ans, sinon permettre à AQMI de s’installer sur le territoire de l’Azawad  et de prendre en otage l’ensemble des communautés, qui ne sont pas que des Touaregs, mais des Peulhs, des Songhays, des Arabes», a-t-il déclaré.

Comme pour le remettre dans de petits souliers, l’élue de Bourem a expliqué son implication dans le maintien de la cohésion sociale et dans la marche des institutions: «je ne suis pas à ce niveau de responsabilités, mais, au niveau de l’AN, c’est ce que j’ai fait comme contribution. Ce que j’ai fait, c’est d’y amener Assalat comme député. Parce qu’on s’est donné maintenant une règle, au Nord, c’est que jamais un sédentaire ne se présente aux élections sans un frère touareg. C’est ce que j’ai fait. Tu sais comment j’ai été élue, et tu sais comment j’ai fait élire Ibrahim Ag Assalat».

Et notre frère égaré du MNLA de piquer une autre colère. «C’est comme cela que vous êtes à l’Assemblée nationale. Vous prenez aussi en otage l’ensemble de l’administration malienne. Nous n’avons jamais été naïfs. L’alliance avec Ançardine n’a duré que 24 heures. Nous avons souhaité qu’ils puissent rompre avec AQMI. Nous leur avons proposé un projet politique et c’est ce dont les populations de l’Azawad ont besoin».

Comme on voit, les débats ont chauds entre les deux frères ennemis. Mais les autres débatteurs ont finalement pu calmer l’atmosphère du débat.

Chahana Takiou et Youssouf Diallo

Le 22 Septembre 17/12/2012