Kidal / émeutes contre Ansardine et Aqmi

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Quelques instants plus tard, ils entament leur marche en direction de l’aéroport, avant de se diriger vers le quartier Ariyou où ils ont manifesté devant le chef traditionnel de l’Adrar, le vieux Intallah, père du député Alghabass devenu depuis le début de la rébellion un membre  influent d’Ansardine. Les jeunes très remontés contre les lois restrictives des islamistes qui contrôlent la ville depuis fin mars arborent des banderoles hostiles à Aqmi et Ansardine et affichent, à travers les haut-parleurs leur préférence pour le Mnla. Cette manifestation a duré quatre heures.

Des jeunes ont  fumé le long de la marche comme pour braver la police islamique qui a interdit la cigarette. Il n’y a pas de heurts signalés avec les jihadistes lors de cette marche contrairement à celle des femmes -environ 300- qui ont commencé leur manifestation peu après celle des jeunes, empruntant le même axe. Vers le centre ville, la police islamiste tente de les empêcher de progresser.

Oui au Mnla, non à Ansardine

Les femmes déclenchent aussitôt une intifada. Les jets de pierres par les marcheuses déclenchent les coups de cravache par Ansardine. Quatre femmes sont blessées légèrement mais la cruauté de la police islamique décuple la détermination des femmes qui intensifient la lapidation. Les éléments d’Ansardine prennent la fuite avec deux  voitures endommagées. Le calme régnait dans l’après-midi des événements. Et signe de leur victoire, les femmes ont tombé le voile et les jeunes fumaient dans la rue, violant la loi instituée par les jihadistes depuis deux mois. Ansardine et Aqmi vaincus par les femmes et les jeunes de l’Adrar ? Rien n’est moins sûr. Nos sources précisent que les islamistes pourront montrer plus de fermeté désormais contre les manifestations.

Mais  « nous remettrons cela demain et les autres jours », menace une des femmes qui a participé à la marche. Une marche qui a démystifié et rendu Ansardine plus impopulaire, semble-t-on dire à Kidal. Les relations entre ce mouvement jihadiste touareg et les populations de l’Adrar n’ont jamais été au beau fixe et les difficultés pour la fusion Ansardine-Aqmi en sont la meilleure illustration. Les violences d’hier contre des femmes vont davantage éloigner les Touareg  et Ansardine, anticipe un ressortissant de Kidal. Surtout au moment où il se dit que le vieux Intallah est hostile à tout ce qui est Aqmi et que son fils Alghabass est à couteaux tirés avec Iyad Ag Ali, le patron d’Ansardine.

Adam Thiam