LES JEUNES FACE AU POUVOIR Amadou Thiam de l’ADP-Maliba résistera-t-il là où Amadou Koita du PS YELEN Kura a cédé

Contrairement au Burkina Faso, au Sénégal et à la Côte d’Ivoire où la relève générationnelle semble être assurée plus méthodiquement, au Mali la scène politique est assez pauvre en leaders jeunes, comparativement à la pyramide des âges conformément au dernier recensement de la population où 3 maliens sur 5 sont des jeunes. Ils sont certes nombreux les jeunes que le régime IBK a promu mieux que ses prédécesseurs à des postes de responsabilité. Mais, rares sont ceux qui se sont montrés à hauteur de mission. Ils sont très souvent attirés par le gain facile et ont toujours foulé aux pieds les règles de la morale politique. Le dernier cas d’école est celui d’Amadou Koita, qui après avoir peint en noir le tableau de la gestion du pouvoir d’IBK, a accepté, toute honte bue, la main tendue de ce dernier dans un retournement de veste peu orthodoxe. Amadou Thiam de l’ADP-Maliba résistera-t-il là où Amadou Koita du PS YELEN Kura a cédé ?

L’ADP-Maliba a été l’un des grands artisans de l’élection d’IBK en 2013. Mais, il n’aura fallu que trois petites années pour que ce parti se rende compte qu’il s’est trompé d’homme, de programme et de promesses en se retirant de la Majorité. Ce retrait, commenté diversement selon qu’on soit de la Majorité ou de l’Opposition, semble être le signe d’un malaise couvant au sein de la CMP. L’acte du Président de l’ADP-Maliba, l’honorable Amadou Thiam, par ailleurs, 2ème vice-président de l’Assemblée Nationale, mérite d’être analysé surtout qu’il a été posé au moment où d’autres jeunes claquaient la porte de l’Opposition pour aller à la soupe. Il est à analyser sous un double angle. D’abord, c’est celui du courage d’un jeune qui se dit prêt à se sacrifier pour le Mali.

Son acte courageux a quelque peu redoré l’image balafrée d’une jeunesse malienne qui semble aujourd’hui sans conviction, ni idéal. Ensuite, son acte administre la leçon qu’un jeune leader est capable de cracher sur un poste avec tous ses avantages au profit de la défense de l’intérêt général bien que des mauvaises langues murmurent que son départ n’est motivé que par le refus du pouvoir de céder des postes ministériels à son parti, l’ADP-Maliba.

Son acte est un bon cas d’école comparé à celui de certains jeunes capables de ramer à contre-courant pour des postes. Il porte aujourd’hui sur ses frêles épaules de « torodo », l’espoir de toute une génération de jeunes. De sa capacité de résilience face aux pressions et autres tentatives de le faire plier, dépendra son avenir politique et celui de tout son parti.

En définitive, le plus difficile est moins la capacité de prendre une décision difficile que de l’assumer et de résister à l’assaut répété des campagnes de séduction. Il reste à l’ADP-Maliba de marquer clairement son alignement politique et son portage, soit à l’Opposition, soit dans un mouvement de centre qui se voudrait à équidistance entre la Majorité et l’Opposition en proposant une alternative crédible à la gouvernance actuelle.
Youssouf Sissoko
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