Importation d’engrais frelatés Le Ministre Tréta interpellé par les députés ce jeudi

Tréta

L’histoire est rocambolesque et n’a pas échappé à l’attention des honorables députés de l’Assemblée nationale qui ont décidé de prendre le taureau par les cornes en interpellant le ministre du développement rural, Dr Bocary Tréta pour venir s’expliquer devant la représentation nationale sur les tenants et aboutissants de l’affaire.

Au cours de cette interpellation, prévue ce jeudi 18 juin 2015 à l’hémicycle, des questions orales lui seront adressées et « le ministre va publiquement éclairer les lanternes sur cette affaires d’engrais frelatés », précise un responsable du département du développement rurale qui a requis l’anonymat.

Voyant un péril planer sur la campagne agricole de cette année, dû à l’importation d’engrais frelatés, les députés veulent situer les responsabilités et sauver ce qui peut l’être, s’il n’est pas trop tard, l’hivernage s’étant déjà installé. Dans le cadre de leurs missions de contrôle de l’action gouvernementale, une correspondance a été adressée au ministre du développement rurale, Dr Bocary Tréta.

Il devra s’expliquer sur ce dossier qui, s’il n’est pas bien géré risque de compromettre dangereusement la campagne agricole, avec des effets induits négatifs sur l’économie nationale et les conditions de vie des populations. L’affaire défraie la chronique et devient une question de gouvernance, et la représentation nationale doit en faire son affaire. A cet effet le ministre est convoqué par les élus du peuple à venir s’expliquer, ce jeudi 18 juin 2015 à l’Assemblée nationale.

Mais auparavant, l’honorable Bafotigui Diallo, député élu en commune VI du district de Bamako, sous les couleurs du Rassemblement pour le Mali (Rpm) s’est engagé dans la lutte contre la prolifération des engrais frelatés sur le marché malien. Il a adressé des questions écrites au ministre Tréta pour explication et que des sanctions soient pises contre les coupables.

Le député en question a été même dissuadé par certains caciques du parti présidentiel, qui veulent qu’il laisse tranquille son camarade ministre du même parti, et qu’il abandonne ce dossier. Nous tiendrons alors à l’œil ce député, pour voir s’il va céder à la pression de son parti. Il a décidé de mettre l’intérêt général au dessus des intérêts partisans et personnels.
Elan de solidarité

Pour le soutenir le député dans cette lutte noble, un élan de solidarité s’est créé au sein de la jeunesse de sa commune. La Coordination des associations et mouvements des jeunes de la commune VI du district de Bamako a organisé un meeting de soutien à l’honorable Bafotigui Diallo le dimanche 14 juin 2015 au Centre national olympique et sportif du Mali (Olympafrica) de Banankabougou. Les participants à ce meeting ont exigés l’identification des fautifs, et des sanctions à leur encontre, ainsi que le retrait de ces engrais frelatés sur le marché malien.

Les Associations des consommateurs, de leur côté, sont également sur le pied de guerre, car ce qui touche à l’agriculture au Mali est vital. Elles soulignent les conséquences de l’utilisation de ces engrais frelatés qui peuvent contaminer des produits agricoles, les eaux souterraines, les sols et des vies aquatiques.

Du côté du département du développement rural, on se montre serein. « Le ministre est interpellé par un député le jeudi 18 juin 2015. Le ministre va éclairer la lanterne des gens sur cette question. Il y’a beaucoup de choses qui ont été dites sur cette affaire d’engrais frelatés. D’ailleurs le département s’apprête à mettre en place une cellule de communication uniquement sur la question », précise un responsable du ministère du développement rural, contacté hier.

Le PM en dit long

En tous cas, lors des débats autour de la déclaration de politique générale (Dpg) le jeudi 11 juin 2015, le premier ministre Modibo Keïta a reconnu qu’il y a une importante quantité d’engrais frelatés importée, et en a dit long en peu de mots, faisant savoir qu’il n’y aura pas d’impunité dans le dossier. Espérons que cela ne soit pas un effet d’annonce.

Cette affaire d’engrais frelatés est une question d’intérêt national qui mérite une attention particulière des élus de la nation au moment où notre pays mise sur l’agriculture pour son développement, en lui accordant 15% du budget national. C’est également une question hautement importante qui met en jeu des dizaines de milliards de FCFA et qui devient une question de gouvernance.

En 2014, le Mali d’IBK a été fortement secoué par de rocambolesques affaires de marché douteux (Avion présidentiel, Achat de matériels militaires et d’armements, etc.), débouchant sur une crise avec nos partenaires stratégiques. A peine est-on sorti de cette crise de confiance avec le Fonds Monétaire international (Fmi), revoilà la magouille à ciel ouvert qui pointe le nez avec cette histoire d’importation d’engrais frelatés à hauteur de 40 000 tonnes, au même moment que des révélations sont faites sur des cartes électorales fictives .

Comment rester indifférent quand on sait que 80% de la population malienne vit de l’Agriculture, qui constitue un pilier majeur de l’économie. De ce fait, tout ce qui touche à l’agriculture touche de très près le citoyen lambda. Vivement alors des sanctions ! Affaire à suivre.

Aguibou Sogodogo

Source: Le Républicain-Mali 15/06/2015