GROS MANQUES A GAGNER

Bref, vous aurez une tonne de réponses, à ne savoir qu’en faire. Sacrée communication gouvernementale ! Le comble est que, durant toute la conférence de presse organisée pour expliquer combien le gouvernement de Modibo Sidibé avait gros sur le cœur contre Sidi Sosso Diarra, la porte-parole du gouvernement s’est contentée d’introduire le débat et puis plus rien.

Mauvais calculs et effet boomerang

Au vu de tout ce qui s’est dit lors de cette conférence de presse et de ce qui se dit encore à propos, il est patent que le gouvernement de Sidibé a raté sa sortie contre Sidi Sosso. Au lieu d’explications sur une situation claire et limpide, il est établi que le gouvernement s’est employé à vouloir embrouiller tout le monde, en voulant mettre à contribution les hommes de presse. Certains de ceux-ci ont joué le jeu, mais ils sont rares.

Le Vérificateur Général Sidi Sosso Diarra a dans ses rapports détaillé combien nos dirigeants et leurs suppôts et acolytes gèrent mal ce pays en faisant main basse sur les fonds publics. Eux, se sentant offusqués par ses révélations, n’ont trouvé mieux à faire que de vouloir le démolir. L’objectif visé, à n’en pas douter, par les ministres du Budget, de la Justice et leurs avocats Contrôleur Général et Juge anti-corruption, était de faire comprendre aux Maliens que Sidi Sosso n’est qu’un nullard en matière de comptabilité et d’audit et qu’il n’a fait que raconter des salades dans ses rapports pendant les sept années passées à la tête du BVG. Et qu’eux ministres et avocats de circonstance étaient tellement versés dans la chose comptable qu’ils se devaient de faire retourner M. Diarra et son staff sur les bancs de l’école, de même que nous tous Maliens.

De grâce, nos éminents experts de circonstance, au lieu de nous ouvrir leur gros dictionnaire, auraient mieux fait de nous dire qu’ils se mettent à la disposition de la justice pour mauvaise gestion et détournement des fonds publics. Ou bien, ils auraient gagné à dire à nous autres Maliens qu’à partir de cet instant nos sous ne se volatiliseront plus.

Vouloir cacher l’évidence de la corruption endémique et dans les hautes sphères de l’Etat est un crime inqualifiable – mais on peut le qualifier de haute trahison hein ! – contre le peuple malien tout entier. Comme le dit un adage en bambara, on ne peut pas cacher le soleil avec la main ; et c’est pourtant à cet exercice auquel le gouvernement de Modibo Sidibé s’est livré. Si ceux qui auraient du être les porte-étendards de la lutte contre la corruption se muent en animateurs de la grande kermesse de la délinquance financière, on ne peut dire que nous sommes foutus. Au lieu de se faire harakiri pour ne serait-ce que les 7 milliards, qu’ils reconnaissent eux-mêmes comme ayant été détournés, ils font croire que cela n’est pas grave, que ce n’est que des petits milliards, en oubliant que le détournement du moindre franc est condamnable.

C’est le gouvernement Modibo Sidibé qui se trouve là être un sordide « manque à gagner » pour le peuple malien. Et pour ces ministres de mauvais aloi, le tocsin a définitivement sonné. Pourvu que le son ne soit tombé dans l’oreille d’un sourd.

Manquements calamiteux

La communication gouvernementale est un terrible « manque à gagner ». Franchement, à quoi sert cette ministre porte-parole du gouvernement et chargé des relations avec les institutions ? Si son rôle est d’introduire les conférences de presse provocantes du gouvernement et d’être présents à l’Assemblé Nationale quand le gouvernement est interpellé : on n’en a que faire. Ou à quoi servent les cellules de communication et les chargés de communication ? Loin de moi l’idée de vouloir défendre une corporation, mais il est clair que le travail de la ministre Guindo ne peut résister à l’épreuve d’une évaluation sérieuse. Car au lieu de communiquer sur des questions d’intérêt national comme la crise actuelle, les réformes en cours, etc., elle passe le clair de son temps à représenter la Première Dame par-ci par-là comme si elle faisait partie du staff de la Fondation pour l’Enfance.

Bon sang ! Pourquoi ce n’est que maintenant que le gouvernement attente à la notoriété du Vérificateur Général ? Ce dernier a tout subi dans l’exercice de sa noble mission de décèlement des manquements à la gestion de la chose publique. Tout a été essayé pour le bloquer dans l’exercice de sa mission, jusqu’à la prison. Il travailla contre vents et marées pour sortir des rapports assez détaillés et accablants contre la gestion gouvernementale. Après s’être cassé les dents en utilisant des intermédiaires malhabiles, voilà que le gouvernement lui-même dévoile son jeu au grand jour. Détruire tout bonnement le Vérificateur Général, avant qu’il ne s’en aille et soit porté au panthéon de la lutte contre la corruption. Il s’agit ni plus ni moins  de faire comprendre que Sidi Sosso Diarra ne comprend pas français et que sa connaissance de l’audit est approximative.

Parce qu’il n’a pas accepté comprendre ce qu’eux attendaient de lui : une marionnette pour amuser le peuple. Peine perdue ! Nous aimons notre Diarrakè comme ça. Sidi Sosso, i Diarra, digne fils des guerriers de Gnouala, comme aimait à le dire le griot de N’Golo Diarra pour lui faire des éloges. Je ne suis pas griot, mais la vérité doit être dite et aux vaillants on doit leur crier leur vaillance. Quand au lieu de tisser des lauriers à quelqu’un on lui fait porter une couronne d’épines, il y a de quoi être remonté. Et je le suis sincèrement contre nos dirigeants pour malveillance caractérisée.

Le temps est juge de nos faits et gestes, et l’histoire donnera raison à qui de droit. Mais nier les évidences en tentant de sauver les apparences est franchement un « manque à gagner » pour l’honneur et la dignité de l’homme malien, et pour notre désir de sortir de l’ornière.

Daouda COULIBALY

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