Gouvernance en Afrique subsaharienne : gaspillages et détournements des fonds publics, corruptions et impunité

Tiécoro DIAKITE Docteur en Economie du Développement (Paris I) Ancien Expert principal du BIT

ll faut entendre par Afrique subsaharienne les Etats africains francophones, les Etats africains anglophones et quelques Etats Lusophones et hispanophones. Il s’agit des quinze (15) Etats de l’Afrique de l’Ouest, huit (08) Etats de l’Afrique centrale, dix (10) Etats de l’Afrique australe, sept (07) Etats de l’Afrique de l’Est, soit au total quarante (40) Etats africains au sud du Sahara. C’est la diversité de l’Afrique appartenant à deux (02) grandes entités francophone et anglophone, s’inscrivant dans la mouvance occidentale capitaliste et impérialiste dont l’origine remonte à l’esclavage et à la colonisation.

Après quatre (04) siècles d’esclavage et plus d’un (01) siècle de colonisation, l’Afrique subsaharienne a perdu toutes ses valeurs et n’a fait qu’adopter des mœurs occidentales basées sur l’intérêt personnel et l’appropriation matérielle. Tous les moyens sont bons pour s’enrichir à savoir le détournement des biens communs, la corruption, l’impunité des puissants et des riches. Ces situations sont fréquentes en France et dans ses ex-colonies africaines.

On ne constate aucune séparation des pouvoirs en Afrique subsaharienne particulièrement dans la partie francophone. A l’instar de la France, les Présidents africains et français sont davantage des monarques que des représentants du peuple qui les ont élus. Protéger par leur main mise sur la justice, ils gèrent les biens du peuple à leur convenance sans égard pour les constitutions et les lois en vigueur. C’est ainsi qu’un Président d’un pays pauvre d’Afrique se donne le droit de vendre un bien de l’Etat et distribue le montant aux amis. Le même Président arrête la réalisation d’un éléphant blanc après avoir dépensé des centaines de millions de F CFA. Aucune sanction politique ou pénale n’a été prononcée contre le prédateur. On peut citer un autre Président dans la sphère australe qui fait dépenser sans autorisation des représentants du peuple des centaines de millions de franc du pays à construire des poulaillers et des piscines dans son domaine personnel.

Ici comme ailleurs, aucune sanction politique ou pénale n’a été prononcée contre le prédateur des fonds des contribuables. Les constructions d’éléphants blancs sont légion en Afrique. Il s’agit des musées vides, des palais excessifs, la constitution de gouvernements pléthoriques au regard de la situation économique et sociale du pays dans le but de caser des parents et des complices.

On observe des cas qui compromettent l’avenir, à savoir : l’absence de ressources humaines de qualité. La mégalomanie aidant, on crée des Universités et on les peuple de professeurs médiocres sans aucune compétence et qui se limitent à distribuer des plagiats aux étudiants. Les diplômes délivrés par ses universités sont sans consistance. Les cadres recrutés sur ces bases passent le temps à plagier les textes étrangers particulièrement français déconnectés des réalités du pays et incapables de résoudre le moindre problème d’intérêt général.

Pour pallier ses lacunes, les Gouvernants font appel à la diaspora africaine dans les pays occidentaux. Ce qui constitue le pire des solutions aux problèmes africains. Cette diaspora n’a d’aucun intérêt pour l’Afrique car elle est apatride et transpose dans le pays des maux du pays où ils ont vécu. Ils ne viennent en Afrique qu’en cas d’échec en Occident ou pour s’occuper de la gouvernance du pays afin de s’enrichir sur le dos du peuple.

Ces pratiques sont encouragées par les Institutions occidentales particulièrement le Fonds monétaire international (FMI) qui débauche souvent des cadres africains après les renvoient dans leurs pays d’origine. Ces cadres deviennent du thuriféraires de la gouvernance à l’ ” Occidentale ” en œuvrant pour les intérêts occidentaux au détriment de l’intérêt général du pays.

L’action du FMI en Afrique subsaharienne ne fait pas de doute. Les programmes d’ajustement structurel qu’il a mis en place de 1980 à 1990 ont été désastreux pour le développement économique et social des pays sud africains francophones. Ces programmes ont détruit les structures industrielles des pays et répandu le chômage dans toutes les catégories sociales.

Les pays qui ont rejeté l’intervention du FMI s’en sont mieux sortis économiquement et socialement. Les maux (gaspillage et détournement des fonds publics, corruption)n n’ont fait que s’amplifier après les interventions du FMI. Cette institution a toujours fermé les yeux sur les soi-disant dépenses de souveraineté (fonds secrets, dépenses militaires et de sécurité, train de vie des gouvernants). Ce qui a été un encouragement à la classe politico-administrative a usé et abusé des fonds publics à des fins personnelles.

Vu l’impunité dont les Présidents africains bénéficient de la part de leur justice à leurs ordres et des Occidentaux, leurs maîtres. Ces Présidents africains ont persisté dans la gouvernance monarchique. Comme aucune force ne s’oppose concrètement à eux, l’opposition politique étant faible et corrompue, ils font et défont les constitutions à leur convenance.

Ainsi, ils deviennent indéboulonnables du pouvoir exit la démocratie qui devient un slogan pour amadouer les peuples africains qui assistent impuissants au pillage de leurs efforts. ” Toute chose à une fin “. Cette fin viendra le jour où les peuples africains s’éveilleront contre les gaspillages et les vols des biens publics et la corruption dont sont coupables les gouvernants africains.

Tiécoro DIAKITE
Docteur en Economie du Développement (Paris I)
Ancien Expert principal du BIT
LE Malien 14/03/2016