FRONTIERE ENTRE MALI ET NIGER : Les populations continuent de fuir

La frontière entre Mali et Niger est un autre nœud de tensions, entre pasteurs peuls et tamasheq (appelés aussi touaregs) notamment. Crime organisé, accès aux ressources naturelles et jihad s’y entremêlent. Ces violences provoquent de massifs mouvements d’exode vers le Burkina Faso et surtout vers le camp mauritanien de Mbera et une crise humanitaire profonde.

LAURENT BIGOT, ANCIEN DU QUAI D’ORSAY : « Alger n’est pas un négociateur, c’est un ‘spoiler’ »

Pour Laurent Bigot, ancien diplomate français au département Afrique de l’Ouest du Quai d’Orsay, aujourd’hui consultant indépendant spécialisé dans le conseil en stratégie sur l’Afrique, l’Algérie fait partie des problèmes au Mali et explique que l’accord de paix signé en 2015 sous l’égide de nos grands voisins ne se servira presque à rien.

« Cet accord n’a jamais été viable, il ne tient pas pour une bonne et simple raison, qui est fondamentale, c’est qu’Alger est à la manœuvre. Alger n’est pas un négociateur, c’est un ‘spoiler’, en mauvais français. Alger n’a aucun intérêt à ce que le Nord du Mali ne soit pacifié, et tous les groupes armés disent toujours la même chose : « Ne nous laissez pas en tête à tête avec Alger. Donc je pense qu’Alger doit-être autour de la table de négociation, mais ne peut pas piloter un processus de négociation. Et la France doit prendre ses responsabilités, c’est-à-dire qu’on a envoyé 6000 soldats pour faire la guerre avec l’opération Serval, et on n’a pas été capable de rallier les équipes de négociation pour faire la paix. Quand on s’engage comme ça dans une partie du monde, il faut aussi penser à la paix et ce ne sont pas les militaires qui imposent la paix, ce sont des diplomates, des civils, des négociateurs chevronnés, et nous en avons qui connaissent bien la zone, mais le choix politique a été de ne pas s’immiscer dans ce processus. C’est parce que cette question n’est pas réglée que ça a dérapé, donc on n’est pas du tout cohérent, une fois qu’on a gagné une bataille, on ne se donne pas les moyens de réussir, donc un an ou 18 mois après, ça dérape de nouveau », a-t-il confié à nos confrères du Journal du Mali.
Maliki