Flux Financiers Illicites (FFI) Des journalistes renforcent leur capacité sur l’analyse des industries extractives et les FFI

Du 17 au 20 juin 2019, des journalistes venant du Niger, du Burkina Faso et du Mali ont suivi avec intérêt à l’Ecole de Maintien de la Paix Alioune Blondin BEYE de Bamako une session de formation sur l’analyse des industries extractives et les Flux Financiers Illicites (FFI). Organisé par la Cellule Norbert ZONGO pour le journalisme d’investigation en Afrique de l’Ouest, ladite formation a permis aux participants d’acquérir des connaissances sur le thème de la formation, mais également sur les pièges à éviter et les bonnes et mauvaises pratiques journalistiques.
Le principal formateur de la session, le Burkinabé Elie KABORE a exposé les modules portant sur la compréhension des Industries Extractives (IE), les enjeux de la transparence et de la bonne gouvernance dans les IE. Tous ces modules enseignés ont été suivie par des exercices et des débats qui ont permis à chacun de rehausser son niveau de compréhension. A côté de ces modules d’autres exposés ont été présentés comme la compréhension du FFI. Selon le formateur, le terme FFI est le déplacement d’argent d’origine illicite au-delà des frontières, dans le cadre de la contrebande, de la corruption ou de l’évasion fiscale. Aux dires du formateur, les termes de FFI et de fuite de capitaux sont souvent utilisés l’un pour l’autre. Toutefois il est important de souligner que la fuite de capitaux comporte à la fois un élément légal et un élément illégal. Généralement les FFI sont des flux de capitaux non comptabilisés qui proviennent des activités illégales telles que le produit du vol, des pots-de vin, de la corruption des fonctionnaires, du trafic de drogues ainsi que du financement du terrorisme. Sur l’ampleur des FFI dans le monde, selon un rapport de la CEA ( Commission Economique pour l’Afrique), en 2014, le blanchiment d’argent, le trafic de drogue, le racket, la contrefaçon et la contre bande ainsi que le financement du terrorisme ont représenté environ 35% sur le plan mondial. Le blanchiment d’argent était estimé à environ 1 600 milliards de dollars, le trafic de drogue à 320 milliards et le marché de la contrefaçon à 250 milliards. Sur le continent africain, l’on voit clairement d’après les estimations de plusieurs études récentes qu’entre 1970 et 2008, du fait des FFI l’Afrique a perdu entre 854 et 1 800 milliards de dollars. Des explications du formateur, il ressort que d’après le rapport du Groupe de haut niveau sur les FFI en provenance d’Afrique, le montant perdu par an tourne autour de 50 et 148 milliards de dollars (CEA 2013). D’après le formateur, ce que l’Afrique a dépensé illicitement dépasse l’aide publique que le continent a reçu pendant la période du rapport. S’agissant de l’impact des FFI, Elie KABORE a fait savoir que la petite corruption de nos Etats est insignifiante. Il propose plutôt de mettre l’accent sur la fraude fiscale. En ce qui concerne les pratiques récurrentes des entreprises extractives, le débat entre le formateur et les participants ont fait ressortir des risques liés aux recettes à cause de l’amortissement accéléré, l’exonération fiscale, le non versement de dividende, l’omission de déclarer des produits secondaires etc. Au-delà de cela les participants ont été édifiés sur quelques principes de recherche sur le rapport ITIE (Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives) du Mali et du Burkina Faso. Outre ces rapports, les participants ont aussi abordé avec le formateur, le rapport du Groupe de haut niveau, qui, selon le formateur a marqué un grand tournant dans la lutte contre les FFI. Ce rapport a conclu que la corruption et l’abus d’autorité s’élève à 5%, l’activité criminelle à 30% et l’activité commerciale des entreprises à 65%. Les débats ont aussi permis aux participants d’apprendre quelques notions sur les FFI et la fiscalité. La formation a pris fin sur l’exposé des pièges à éviter et les bonnes et mauvaises pratiques journalistiques.
Les Secrets Bancaires