Financements publics des partis politiques: L’autre pomme de discorde 

Bokary Treta est un homme politique malien. Il est le président du parti politique Rassemblement Pour le Mali (RPM) d'Ibrahim Boubacar Kéïta (IBK). Il a été ministre de l'Élevage et de la Pêche dans le gouvernement de Cissé Mariam Kaïdama Sidibé. Né en 1954 à Diondiori dans la région de Mopti, Bokary Treta est titulaire d'un doctorat d'État en alimentation et nutrition animale de l'Académie vétérinaire de Moscou de l'Université de l'amitié des peuples Patrice Lumumba. Il a été directeur de recherche en zootechnie à l'Institut polytechnique rural de formation et de recherche appliquée de Katibougou. Crédit photo © Boub's SIDIBÉ

En visite de courtoisie, le lundi dernier au siège de l’Alliance politique Ensemble pour le Mali (EPM), le ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation, Lieutenant-colonel Abdoulaye Maïga a été fermement interpellé par le président de ce regroupement politique, Dr Bokary Tréta, sur le non-paiement du financement public dû aux partis politiques depuis trois ans.

En présence de plusieurs présidents de partis politiques, Dr Bocary Tréta, non moins président du RPM, le parti d’Ibrahim Boubacar Kéita, n’est pas allé par le dos de la cuiller pour parler de la « libération » de ces fonds.

« Nous voudrions insister, une fois de plus, sur la nécessité de libérer les subventions publiques des partis politiques au titre des exercices 2018-2019.

Le financement public des partis politiques est un droit au Mali.

L’attitude du Gouvernement s’assimile à une volonté tendant à étouffer les partis politiques. Nous demandons donc l’implication de la tutelle afin de régler cette question existentielle pour les partis politiques au Mali », a fermement souligné Dr Bokary Tréta.

Comme pour dire que le gouvernement fait preuve d’une mauvaise foi pour payer cet argent.

A quelle fin ?

Le président de l’alliance EPM n’hésite pas à tendre vers la menace pour mettre la pression sur le gouvernement Choguel Kokalla Maïga qu’il accuse de les exclure.

« D’ores et déjà, la classe politique est en train de se consulter afin d’adopter une position majoritairement partagée sur cette question »

En clair, la classe politique  tient à réclamer ces fonds qui pourraient aider les aider à affronter les prochaines échéances électorales.

Ce qui n’a pas empêché le représentant du gouvernement, le ministre Maïga d’être prudent, de presque botter en touche, en affichant sa disponibilité à échanger en profondeur avec les acteurs politiques.

Non seulement sur la question de ces subventions, mais sur toutes les autres préoccupations.

« Nous en tant que ministère de l’administration territoriale et de la décentralisation, comptons dans les jours à venir échanger en profondeur avec les partis politiques pour trouver des solutions consensuelles, des solutions pérennes aux préoccupations soulevées », a déclaré le Lieutenant-colonel Abdoulaye Maïga.

Mais auparavant, l’ancien bras droit politique d’IBK a exprimé sa déception par rapport à la gouvernance qui, à ses yeux, ne les associe point.

 « Notre regroupement compte au moins 26 partis politiques.

Malgré tout, l’Alliance EPM n’est représentée dans aucun organe de la transition, en dépit des larges promesses d’une gestion participative et inclusive de la transition politique et civile au Mali : Conseil National de Transition, Gouvernement de transition », a-t-il martelé.

Avant d’exiger, comme pour montrer son mécontentement et son impatience à finir cette transition, le respect du calendrier électoral déjà défini.

« Dans tous les cas, les élections générales (présidentielle, législatives) doivent être organisées dans le délai de la transition et le nouveau Président investi avant la fin de la Transition ».

Signalons par ailleurs que comme pour les partis politiques qui n’ont perçu aucun rond de leurs financements publics depuis 2018, les faitières des médias aussi exigent, depuis plusieurs mois, l’aide à la presse pour les exercices 2019, 2020.

Toutes ces questions constituent, avec la problématique de la cherté de la vie, de grosses pommes de discorde entre le peuple et les autorités de la Transition.

A elles de réagir le plus rapidement possible pour aider à plus de cohésion dans le but de relever les immenses défis en face.

Bruno D SEGBEDJI