Encadré: Les quatre catalyseurs du développement numérique

1- Les Services financiers numériques. Les banques ont été parmi les premières à adopter les technologies numériques, mais nombre des innovations principales sont venues d’institutions non bancaires, notamment les entreprises de télécommunications et les sociétés internet. Certaines de ces innovations ont d’abord pris racine dans les pays en développement, ou elles ont permis de combler les lacunes des systèmes financiers traditionnels. Leurs avantages sont largement repartis. Les paiements en ligne sécurises stimulent le commerce électronique. Les transferts électroniques réduisent les couts de l’envoi de fonds par les travailleurs installes à l’étranger. Les prêts de pair à pair peuvent accroitre considérablement l’accès au financement pour les entreprises naissantes. Les autorités publiques peuvent effectuer des paiements et des transferts sociaux à moindre coût et avec un risque moins élevé de fraude et de fuites. Cependant, si la réglementation financière ne s’adapte pas à l’évolution rapide de la technologie, toutes ces innovations risquent de déstabiliser le système global.

2- Les Médias sociaux. Les réseaux sociaux constituent un élément fondamental des sociétés humaines, et les technologies numériques en ont accéléré le développement. On estime que plus d’un cinquième de la population mondiale a aujourd’hui accès à une ou plusieurs plateformes de medias sociaux. Ces plateformes auraient contribué à faciliter les interactions économiquement bénéfiques, à canaliser le comportement des utilisateurs dans un sens favorable au développement, à accélérer la production et la diffusion des informations en situation de catastrophes naturelles ou d’urgences, et à encourager la mobilisation politique et le changement social.

Certains analystes estiment que les medias sociaux ont joué un rôle capital dans certains événements récents comme le Printemps arabe ou le mouvement « Occupons Wall Street », et qu’ils ont donc contribue à la diffusion des idées démocratiques, bien que plusieurs restent toujours sceptiques quant à leur impact réel. Il reste encore beaucoup à apprendre sur le rôle que les medias sociaux peuvent jouer dans le développement. Bien qu’ils constituent une source d’idées innovantes, ils servent en même temps au colportage de ragots, de calomnies et de fausses informations, ainsi qu’au harcèlement, à l’intimidation et au crime.

3- L’Identification numérique. Même si, à première vue, elle peut paraitre élémentaire, la capacité de prouver son identité peut être cruciale pour une personne tenue à l’écart des emplois et des services. Les systèmes électroniques d’identification simples, qui s’appuient souvent sur des caractères biométriques, sont devenus des plateformes efficaces pour assurer la sécurité des transactions bancaires, des scrutins, de l’accès aux services sociaux, du paiement des factures des services d’utilité publique, et plus encore.

Beaucoup de pays, de Moldova au Nigeria et à Oman, ont mis en place des systèmes d’identification numérique. L’Inde est sur le point d’enregistrer sa population entière à l’aide de son système d’identification numérique Aadhaar. En Estonie et dans d’autres pays, des milliers de types de transactions publiques et privées sont contrôles à l’aide d’un système unique d’identification électronique, y compris les contrats ayant force exécutoire et les scrutins nationaux.

4- La Révolution des données. Dans le domaine de l’exploitation des données aux fins du développement, deux innovations complémentaires retiennent l’attention : celle des «big data», prolifération des données, et celle des «open data», libre accès aux données. Des volumes considérables de données sont aujourd’hui transmis à grande vitesse par une variété de sources, des satellites aux capteurs et du «nuage» aux vastes collectivités d’utilisateurs.

L’analyse des «big data» sert à améliorer la gestion de la circulation routière, à estimer les agrégats macroéconomiques (opération aussi connue sous le nom de « prévision immédiate » ou «nowcasting»), a suivre la propagation des épidémies ou à améliorer les services de notation du crédit et le jumelage emploi-travailleur. Les open data sont des données librement et facilement accessibles, lisibles par une machine, et dont l’utilisation est explicitement exempte de restrictions.

Les Etats sont ou pourraient devenir la source la plus importante d’open data. Les estimations optimistes de la valeur économique actuelle et potentielle des « big data » et des open data varient de centaines de milliards a des milliers de milliards de dollars par an.

Pourtant, les exemples d’utilisations probantes et a grande échelle des « big data » et des open data dans les pays en développement sont toujours relativement rares. La plupart des « big data » appartiennent à des intérêts prives, grandes entreprises de télécommunications et sociétés internet, qui répugnent à les partager de crainte de mettre en péril la vie privée de leurs clients ou leur position concurrentielle.

Les organismes publics répugnent eux aussi à partager leurs données, même lorsque ces dernières pourraient bénéficier largement au public. Par exemple, sur l’ensemble des pays examines dans le cadre du projet Open Data Barometer, le tiers des pays à revenu élevé et 85 % des pays en développement faisaient état de progrès insignifiants ou nuls en matière d’accessibilité des données cartographiques. Les raisons invoquées pour expliquer ce retard incluaient la pénurie de compétences techniques, le manque de ressources et la réticence à exposer les données à l’examen de tiers.

Source: Info@Sept 16/05/2016