Pour rendre hommage au regretté Souleymane Cissé arraché à notre affection le 19 février 2025 (à 84 ans), «La Cinémathèque suisse» a organisé une séance de projection de «Yeelen» (La Lumière/Prix du jury au Festival de Cannes en 1987) le jeudi 1ᵉʳ mai 2025 au Capitole de Lausanne. Une séance présentée par le «Festival cinémas d’Afrique».
Prix du jury au Festival de Cannes (France) en 1987, «Yeelen» est salué par la critique comme «une ode à la beauté des paysages et des corps». La «Cinémathèque suisse» ne pouvait donc trouver mieux pour rendre hommage à feu Souleymane Cissé, cette légende du cinéma qui s’est éteinte le 19 février 2025 des suites d’un malaise cardiaque. Elle a organisé une projection-hommage au «Grand Souleymane Cissé» au Capitole de Lausanne.
«Yeelen» est une pièce-maîtresse du fabuleux héritage de Souleymane Cissé. Ce film qui se passe à l’époque du royaume mandingue (avant la colonisation), n’en conte pas moins une histoire intemporelle. On suit la quête initiatique du jeune Nianankoro sur le chemin du savoir et de la maîtrise des forces ésotériques non perceptibles sans la lumière de la connaissance. Son père, un magicien très puissant, fera tout pour que son fils échoue afin de l’empêcher de l’égaler dans ses connaissances et ses pouvoirs…
«Certains critiques affirmaient que Souleymane Cissé était, aux côtés de Sembene Ousmane et Djibril Diop Mambéty, l’un des plus grands cinéastes de l’Afrique noire. Mais sur la carte du cinéma mondial, c’était peut-être simplement l’un des plus grands cinéastes qui soit», ont souligné les initiateurs de l’événement dans une note de présentation. Auteur d’une œuvre pionnière du cinéma africain, mais aussi politique, humaniste et sociale, Souleymane Cissé a réalisé de nombreux films qui ont marqué le 7ᵉ art. Double lauréat de l’Étalon de Yennenga au Fespaco, ce talentueux réalisateur fut également le premier Africain récompensé à Cannes, en 1987, avec le Prix du Jury pour son film Yeelen.
Avec la disparition de Souleymane Cissé, ont témoigné les organisateurs, «le cinéma africain perd l’un de ses plus grands visionnaires». Et cela d’autant plus que «son œuvre, marquée par un profond attachement aux traditions et à la spiritualité, continue d’inspirer de nombreuses générations de cinéastes». Et de souligner que, par «sa capacité à conjuguer le mythe et le cinéma dans une narration universelle», le prodige de Niamina laisse «un héritage inestimable, rappelant l’importance de préserver et de transmettre les récits fondateurs des cultures africaines».
Fondée en 1948, la Cinémathèque suisse est reconnue par la Fédération internationale des archives du film (FIAF) comme l’une des dix plus importantes archives cinématographiques du monde de par l’étendue, la diversité et la qualité de ses collections.
Moussa Bolly