EDITORIAL L’Afrique, le Pouvoir et l’Absolu

Les mondains ou habitants du monde ont compris assez de choses depuis. C’est pourquoi, après les périodes des grandes indépendances et des coups assassins, la place est aujourd’hui cédée aux démocraties pour désigner ceux-là qui sont censés être les plus aptes à prendre le pouvoir et à commander dans la légalité, même si par endroits, cette légalité n’est pas totale ou parfaite.

A en croire certains, il n’y pas de démocratie en Afrique. Que ceux qui le pensent se détrompent. Depuis la fin des années 1990, les Africains ont bien changé. Tout ce que l’on peut leur reprocher en ces périodes démocratiques, c’est que le partage est certainement mal fait chez certains.

Pourtant, en Afrique, il y a eu, il y a et il y aura des exemples de démocratie parmi lesquels on peut citer haut et fort celles du Mali, du Ghana ou du Bénin qui se trouvent largement au dessus du lot. Au Mali, on pourrait revendiquer une paternité : celle d’être la première nation au Sud du Sahara à organiser les premières élections pluralistes et démocratiques en 1992.

La palme de cette note positive de la démocratie dans un continent comme le nôtre est à attribuer à un homme : le Président de la république, Amadou Toumani Touré dit « ATT » dont l’exemple a été suivi dans certains pays, mais de la meilleure façon.

Avec les élections démocratiques organisées actuellement dans certains pays de la sous région, notamment en Côte d’Ivoire, en Guinée Conakry ou au Burkina Faso, peut-on ou doit-on s’attendre à ce que ces pays suivent l’exemple malien ? Rien n’est moins sûr. Que dire alors de ceux-là qui n’ont que le souci de s’éterniser au pouvoir ?

Pour organiser des élections démocratiques, libres, équitables et transparentes en Afrique, le chemin à parcourir est encore long. Parlant d’élections libres, équitables et transparentes en Afrique, c’est une chose difficile. C’est pourquoi les présidents sortants et candidats à leur propre succession utilisent toutes sortes de stratégies pour garder leur fauteuil et contrôler le pouvoir.

Pourtant, en jetant un coup d’œil sur le Mali, le Ghana ou le Bénin, on peut croire que les choses pourront positivement changer dans d’autres pays de la sous région. Et pourquoi pas en Côte d’Ivoire, dès ce mois de novembre 2010 ?

Et que dire de ce candidat de la majorité présidentielle en Côte d’Ivoire, Laurent Koudou Guiawily Gbagbo qui, en 2000, a usurpé le pouvoir  en faisant descendre les gens dans les rues d’Abidjan et d’autres grandes villes ivoiriennes, suite à des élections fantômes organisées par le défunt Général Robert Guéï ? Des élections au cours desquelles les véritables ténors, notamment le Président déchu, Henry Konan Bédié, et l’opposant historique et non moins ancien Premier ministre, Alassane Dramane Ouattara, avaient été écartés pour des raisons que tout le monde ignore aujourd’hui encore.

En plus, après avoir entraîné le pays dans une guerre civile, L.K.G. Gbagbo aurait profité de cette occasion pour faire deux mandats présidentiels à la tête de la Côte d’Ivoire ; des mandats qui ont été entachés d’assassinats et d’enlèvements de personnages nationaux et étrangers.

En dépit de ces deux mandats anormaux à la tête de la Côte d’Ivoire, le même Laurent Koudou Guiawily Gbagbo tient à briguer un nouveau mandat. Les Ivoiriens sont-ils assez dupes pour se laisser dans les mains d’un homme qui n’a de considération  pour personne d’autre que lui-même ? Si non, eh bien, il faut que les uns et les autres acceptent le changement. Si ce changement est réalisé dans le respect total du droit, il n’y a aucune conséquence qui puisse survenir ensuite. Mais s’il est acquis dans un tohu-bohu total, les dégâts qui pourront en découler pourraient  être très énormes.

Le 21 novembre 2010, les Ivoiriens se rendront à nouveau aux urnes pour choisir entre Alassane Dramane Ouattara, le candidat du RDR et de tous les partis politiques se réclamant du Président Nana Félix Houphouët Boigny (les Houphouëtistes), et le Président sortant, candidat du FPI et de la majorité présidentielle, Laurent Koudou Guiawily Gbagbo.

Suivant les suffrages reçus par chacun des candidats lors du premier tour, on peut prédire que le vent tournera sans doute en faveur de ADO, le candidat des Houphouëtistes. Pourquoi ? Parce que bien que le report des voies ne soit pas automatique en la matière, on peut tout de même estimer que 32,8% plus 25% donnent un chiffre bien supérieur à 57%.

Il appartient donc aux Ivoiriens de rester plus vigilants, mais pas agressifs, pour faire en sorte que ce deuxième tour de l’élection présidentielle se déroule dans de meilleures conditions. Et si Laurent K.G. Gbagbo venait à perdre au deuxième tour, et qu’à la surprise générale, il acceptait les résultats sortis des urnes, que diront ses adversaires ?

Par contre, si ADO ne parvenait pas à inverser la tendance, va-t-il accepter le verdict sorti des urnes ? Dans le cas ivoirien, les incertitudes  se situent sans aucun doute à tous les niveaux. Espérons que le Tout Puissant offre, à se pays et à ses électeurs, la sagesse des grands jours.

Par Zhao Ahmed A. Bamba

Le Coq le 08/11/2010